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L’année dernière, le pouvoir d’achat réel du Belge a fortement augmenté: de 2,5%, en plus de l’inflation. C’est le meilleur résultat atteint depuis 2007, précise la Banque Nationale de Belgique dans son dernier rapport annuel sur la situation économique et financière en Belgique et dans le monde.

Une des raisons majeures de cette augmentation du pouvoir d’achat est la forte croissance de l’emploi. 74.000 nouveaux postes ont été créés dans notre pays. Ajoutez à cela l’augmentation substantielle des salaires, la réduction d’impôt dans le cadre du tax shift et la diminution relative des prix de l’énergie, et vous avez la combinaison parfaite pour générer une hausse du pouvoir d’achat de l’ensemble des Belges.

Ce revenu supplémentaire, nous ne l’avons pas tous dépensé sur-le-champ. Beaucoup étaient préoccupés par l’imminence de la guerre commerciale et par le Brexit, et ont investi cet argent dans des logements, ou l’ont placé sur leur compte d’épargne. La moitié de cette hausse de revenu a toutefois été consacrée à la consommation, soutenant ainsi clairement notre économie. La croissance du PIB belge a atteint 1,4%, ce qui constitue une belle performance dans les circonstances actuelles.

Bonnes nouvelles aussi pour ceux qui veulent continuer à travailler plus longtemps, pour les demandeurs d’emploi, et pour les jeunes diplômés. Le marché du travail reste dynamique et tendu, avec un taux de vacance d’emploi qui s’est quelque peu stabilisé l’an dernier, mais reste quand même très élevé. En raison du vieillissement de la population, le nombre de personnes en âge de travailler va diminuer. Comme ce vieillissement progresse plus rapidement en Flandre, ce phénomène y sera observable dès 2021, mais en Wallonie aussi, dès 2022, on constatera que le nombre de personnes qui partent à la retraite est supérieur à celui des jeunes qui sortent de l’école. Dans les prochaines années, nous aurons grand besoin de tout un chacun sur le marché de l’emploi, ce qui renforcera la position des travailleurs. Ceux qui quittent les bancs de l’école auront donc plus de chances de trouver immédiatement un emploi intéressant qui leur convienne.

2019 a également été favorable à ceux qui sont propriétaires de leur logement. Sur l’ensemble des trois premiers trimestres de 2019, les prix de l’immobilier résidentiel ont progressé de 3,6%, en plus des augmentations de prix constatées ces dernières années. D’autre part, l’offre de logements a aussi fortement augmenté au cours de la dernière décennie, ce qui a permis de tempérer les hausses de prix. Si le secteur de la construction continue à se développer à ce rythme dans les années à venir, cela pourrait freiner une nouvelle hausse des prix de l’immobilier à venir.

L’an dernier, le Brexit était déjà une importante source d’anxiété pour l’économie belge. C’est malheureusement encore le cas aujourd’hui. En effet, le Premier ministre britannique, Boris Johnson, souhaite qu’un accord de libre-échange exhaustif puisse être conclu d’ici la fin de l’année avec l’Union européenne, ce que la Banque nationale qualifie de « peu probable ». Pas moins de 50.875 entreprises belges sont directement impliquées dans les échanges commerciaux avec le Royaume-Uni. Plus d’un tiers des entreprises exportatrices n’ont aucune expérience des procédures d’exportation hors UE. Même si un accord de libre-échange était conclu, toutes sortes de réglementations concernant, par exemple, le processus de production et la sécurité pourraient encore entraver sérieusement le commerce. Selon le modèle de la BNB, la dépréciation progressive (attendue) de la livre sterling pourrait compenser une hausse des prix à l’importation pour les importateurs belges.

Une fois encore, la Banque Nationale est très préoccupée par le budget belge, qui ne pourra pas vraiment compter sur la sympathie de l’Union européenne. Les grands assainissements mis en œuvre précédemment en Belgique (1982, 1993, 2011) l’ont été sous la pression des marchés financiers, en période de récession, souligne la Banque nationale. C’est la pire période possible pour faire des économies, car cela aggrave encore la récession. Reste à espérer que le prochain gouvernement ne commettra pas la même erreur et s’attellera dès que possible à assainir les finances publiques.

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