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La crise Covid-19 incite les Belges à augmenter sensiblement leur épargne et leurs investissements. Les chiffres de la Banque nationale montrent que les ménages belges ont investi un montant record de 40 milliards d’euros dans divers instruments de placement en 2020.

C’est ce qu’écrit Véronique Goossens (photo), chef économiste de Belfius, dans un article récent. 

Malgré le taux d’intérêt très bas, le compte d’épargne traditionnel reste le plus populaire, avec 13,8 milliards d’euros supplémentaires. Les comptes courants ont reçu 12,4 milliards d’euros. Une évolution frappante est la résurgence des investissements en actions cotées (+6.2 milliards EUR).

Les fonds d’investissement ont également enregistré de bien meilleures performances qu’en 2019. Cela suggère que les investisseurs ont confiance dans les chances de reprise économique à moyen terme, une fois la pandémie terminée.

Normal

Goossens : «Il est normal de consommer moins et d’épargner plus pendant une crise économique. Les consommateurs font de l’épargne de précaution et mettent de l’argent de côté parce qu’ils sont incertains de leur situation financière.

C’était également le cas pendant la récession de 2009, mais l’envie d’épargner pendant la crise de Covid-19 est encore plus forte. En effet, les lockdowns créent un nouveau phénomène : l’épargne involontaire ou forcée. Les familles aimeraient dépenser cet argent, mais les restrictions les empêchent de le faire».

Il s’agit principalement de dépenses en services, comme la réservation de vacances et les dépenses dans le secteur de l’hôtellerie. Les chiffres officiels de la Banque nationale n’indiquent pas la part de l’épargne forcée en 2020. Mais la BCE a calculé que lors du premier verrouillage du deuxième trimestre en 2020, plus de 90 % de l’épargne dans l’UE était involontaire.

Il est trop court pour appliquer automatiquement ce chiffre aux chiffres de l’épargne belge, car la moyenne de l’UE peut être faussée par les pays du sud de l’Europe. Sur le plan économique, ils ont été encore plus durement touchés par la pandémie et les fermetures plus strictes. Cela donne néanmoins une idée de l’importance de l’épargne forcée.

26 milliards

L’année dernière, les Belges ont placé plus de 26 milliards d’euros sur des comptes d’épargne et des comptes courants. Si nous estimons prudemment la part de l’épargne forcée dans notre pays à 50% du total, nous arrivons à 13 milliards d’euros, soit un peu plus de 3% du PIB. En théorie, cet argent pourrait facilement être utilisé à d’autres fins lorsque la crise se résorbera et permettra de rattraper la consommation.

Goossens : «Cependant, nous ne pensons pas que toutes les économies de 2020 seront dépensées en une seule fois.

Même si les mesures de blocage sont assouplies dans les mois à venir, de nombreux ménages resteront prudents. Après tout, la réouverture de l’économie s’accompagne d’une réduction progressive des mesures de soutien gouvernementales. Une hausse des faillites et du chômage semble inévitable, ce qui soutiendra encore davantage l’épargne de précaution en 2021.

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