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Alors que la stagflation devrait s’installer en Europe en 2023, les spécialistes de Belfius Banque pointent vers différentes classes d’actifs pour soutenir la performance des portefeuilles durant les prochains mois. 

Véronique Goossens (Economiste en chef chez Belfius Banque) souligne que l’inflation aux Etats-Unis devrait diminuer rapidement durant les prochains mois, pour retomber de 8% vers 4% d’ici la fin de l’année prochaine. « Ceci devrait permettre à la Federal Reserve de stabiliser son taux directeur vers 5% durant les prochains mois ». La croissance américaine est attendue en territoire positif (autour de 0,6%) pour 2023. 

Stagflation

En Europe, elle estime que les investisseurs sont aujourd’hui nettement moins convaincus de la capacité de la Banque Centrale Européenne à maîtriser la hausse des prix, avec des marges de manœuvre qui sont nettement moins grandes au vu du climat économique en nette dégradation. En conséquence, un environnement de stagflation est aujourd’hui son scénario de base pour l’Europe, avec une inflation qui va rester élevée (autour de 5,5% en Europe), une croissance économique négative (-0,5%) et un taux directeur de la BCE qui ne sera pas relevé au-delà de 3%. 

Véronique Goossens souligne que la situation énergétique va rester délicate à négocier durant les prochains mois, avec la substitution du gaz naturel russe qui pourrait entraîner une forte hausse des prix de l’énergie. « La baisse de la consommation des ménages et l’augmentation des prix de l’énergie devrait faire entrer la zone euro dans une récession technique en 2023 ». 

La Belgique va également subir un contexte de stagflation, avec une croissance qui sera toutefois meilleure que la zone euro grâce aux mécanismes d’indexation salariale. « A moyen terme, cette augmentation des coûts salariaux n’est pas spécialement une bonne chose pour la compétitivité d’une économie ouverte, et entraînera des effets de second tour plus importants que dans la zone euro au niveau de l’inflation ». 
Enfin, la Chine devrait rebondir durant l’année prochaine, avec une croissance économique qui ressortira entre 4 et 4,5%, notamment grâce aux mesures de soutien pour le secteur immobilier et les investissements dans les infrastructures. 

Six idées

Du côté de la stratégie d’investissements, Maud Reinalter (CIO chez Belfius Investment Partners) et Nicolas Deltour (Responsable de la stratégie d’investissement chez Belfius Banque) ont tenu a mettre en évidence six grandes pistes pour guider les allocations d’actifs durant les prochains mois, à l’issue d’un exercice 2022 qui a été particulièrement difficile pour l’ensemble des grandes classes d’actifs. « La bonne nouvelle, c’est que les marchés ont l’habitude d’anticiper les mauvaises nouvelles, et qu’ils ont déjà largement intégré un scénario économique difficile pour 2023 ». 

Maud Reinalter souligne premièrement que les valorisations des marchés boursiers sont désormais retombées en ligne avec leurs moyennes historiques. « Même si les attentes du consensus vont probablement encore être adaptées à la baisse, nous pensons que ces ajustements resteront limités, et qu’il faudra profiter des opportunités qui vont se présenter sur les marchés pour renforcer les positions en actions ». 

Deuxièmement, elle estime que le contexte devrait favoriser les actions américaines par rapport aux actions européennes. « Les valorisations sont plus élevées aux Etats-Unis, mais les marges devraient également d’avérer plus résilientes dans les périodes économiques plus difficiles. En outre, l’économie américaine est moins exposées au commerce international et aux incertitudes énergétiques ». Elle apprécie également les perspectives offertes par les marchés émergents, et plus particulièrement par la Chine où les valorisations sont à leur niveau le plus bas depuis quinze ans. 

Retour obligataire

Troisièmement, Maud Reinalter pointe que les obligations vont retrouver leur place dans les portefeuilles diversifiés, avec des rendements sur la dette souveraine qui sont désormais redevenus attractifs. « Avec un taux directeur européen qui va atteindre 3% dans le courant de l’année prochaine, nous devrions être en mesure de renforcer progressivement la partie obligataire des portefeuilles, qui pourra reprendre le rôle défensif qu’elle avait abandonné ces dernières années ». 

Dans ce domaine et quatrièmement, Nicolas Deltour estime que la dette d’entreprise de bonne qualité constitue une direction logique à emprunter pour les investisseurs à la recherche de rendement avec une prise de risque faible, avec des fondamentaux qui restent solide et un volume à refinancer qui sera relativement faible dans le courant de l’année prochaine. « La dette émergente en dollar constitue également une opportunité dans le contexte actuel ».

Thématiques et secteurs

Cinquièmement, il pointe également la thématique des soins de santé comme une zone du marché à détenir durant les prochains mois. « Ce secteur reste un de nos préférés, en raison de la très forte stabilité du chiffre d’affaires, et d’une très faible corrélation avec le cycle économique. « Le segment reste également favorisé par le vieillissement des populations, et les sociétés actives sur ce secteur disposent généralement d’une grande capacité à pouvoir relever leurs prix ». 

Enfin, le sixième axe de la stratégie d’investissement pointe l’ensemble des activités liées à la révolution verte, et donc les sociétés exposées sur la transition énergétique et le développement des énergies renouvelables. « Il s’agit d’une des nos plus fortes convictions pour l’année 2023 », indique encore Nicolas Deltour, « d’autant que les sociétés sur ces secteurs (notamment les valeurs technologiques et industrielles) devraient directement profiter de la stabilisation des taux ». 

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