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Alors que pour les philosophes Kant et Popper, l’optimisme est un «devoir moral», pour l’investisseur, le sens des réalités reste une vertu. C’est pourquoi, en dépit de l’euphorie qui règne sur la Bourse, de nombreux arguments plaident encore en faveur d’une nécessaire prudence, selon le stratège de Belfius, Jan Vergote (photo).

Si la propagation du Covid-19 semble peu à peu maîtrisée en beaucoup d’endroits, on ne peut pas exclure une recrudescence de l’épidémie lors du retour du froid, dans quelques mois, avec éventuellement de nouveaux  lockdowns. Surtout qu’un vaccin disponible pour tous pourrait encore se faire attendre pendant plusieurs années et que les dommages économiques de ces derniers mois ne se résoudront pas d’un coup de baguette magique. D’autant moins si les entreprises ne sont pas autorisées ou capables de travailler à  plein régime pendant une période encore plus longue. L’exemple de la Chine montre que la reprise de la demande est plus lente qu’espérée. Une fois le lockdown levé, les gens n’ont pas renoué immédiatement avec leurs anciens modes de consommation: ils ont peur, ont adopté de nouvelles habitudes ou ont vu leur situation financière changer. Et, bien que les bourses continuent de progresser,  40  millions d’Américains ont déjà demandé des allocations de chômage et le constructeur automobile Renault a annoncé le licenciement de près de 15.000 travailleurs.

Vergote: «La facture de la crise du Covid-19 sera inévitablement très lourde. Pouvoirs publics, entreprises, familles: tous vont voir leurs dettes augmenter. Et les hausses d’impôts et de taxes des sociétés, visant à combler les déficits publics, pèseront sur les futurs bénéfices des entreprises. Les valorisations d’actions ne semblent pas encore vraiment tenir compte de ces aspects. D’ailleurs, ces hausses d’impôt ne seront pas supportées par des entreprises à forte croissance, comme Netflix ou Amazon, qui font à peine des bénéfices, mais par les valeurs établies – grandes et petites – qui commencent aujourd’hui à profiter de la reprise en Bourse.

Une situation complexe à laquelle il faut ajouter les troubles  sociaux  aux   États-Unis et  à Hong Kong. Sans oublier la recrudescence du conflit entre les USA et la Chine. Les présidents Trump et Xi Jinping ont tout intérêt à éviter que leurs économies respectives se détériorent encore davantage, mais les rapports de forces changent, et cela provoquera encore énormément de frictions géopolitiques. Autant d’éléments qui pousseront à marquer un temps d’arrêt et à réfléchir avant de se laisser griser par l’ambiance euphorique qui règne sur les marchés.

Est-ce que nous nous attendons déjà à une nouvelle vague de ventes en Bourse? Pas dans l’immédiat. Les USA vont encore étendre leurs mesures de relance fiscales et monétaires, et poursuivre leur déconfinement. À l’approche des élections, Donald Trump mettra tout en œuvre pour soutenir l’économie: les augmentations des impôts ne seront plus pour cette année. Tandis qu’en Europe, le nouveau fonds de relance laisse présager une possible coopération économique plus étroite à l’avenir. Dans un premier temps, après plusieurs mois de lockdown, la reprise économique sera significative: après un tel ma- rasme, toute amélioration des chiffres macroéco- nomiques sera précieuse. Mais une reprise économique robuste et soutenue sera encore longue  à venir. Une réalité que les investisseurs  préfèrent ne pas affronter maintenant.

Convictions d’investissement

Vergote: «Notre stratégie d’investissement reste donc prudente. Nous ne restons pas sur la touche, mais nous échelonnons nos achats dans le temps, via un plan d’investissement régulier. Nous privilégions une répartition équivalente dans des investissements plus risqués et moins risqués, à savoir respectivement des actions et des obligations.

Pour les actions, nous optons résolument  pour  des entreprises de qualité et des thèmes orientés vers l’avenir:

  • à la robotique et d’autres technologies inno- vantes
  • à le secteur des soins de santé
  • à les réponses face au réchauffement clima- tique
  • à les défis démographiques
  • à la Chine comme marché de croissance
  • à les investissements durables

En ce qui concerne les obligations, nous privilégions aussi les thèmes d’avenir, via des investissements structurés avec protection de tout ou partie (par exemple, 90 ou 95%) du capital. Nous misons également sur les obligations des pays émergents en devises locales. Elles continuent d’offrir une bonification d’intérêt intéressante, et ces derniers mois, les devises de pays émergents sont devenues beaucoup moins chères.

 

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Bron: Belfius, Global allocation 70 - 30

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