En début de semaine, le FMI a mis en garde contre l’exubérance des marchés et les valorisations élevées. Cependant, tous les marchés ne sont pas chers. Le bénéfice attendu sur les cours mondiaux hors États-Unis est loin des prix de bulle. En effet, le NASDAQ note à un CAPE de 58x, ce qui est bien sûr au-dessus de sa moyenne à long terme de 38x, mais nettement en dessous du niveau de 113x en 2000.
Autrement dit, une valorisation beaucoup plus élevée à l’époque, avec aussi des taux d’intérêt obligataires de 5-6% et non pas de 0-1% comme aujourd’hui. À l’époque, il y avait donc une valorisation très élevée et une très belle alternative. C’est ce qu’affirme Jan Vergote, responsable de la stratégie d’investissement chez Belfius Bank. « De plus, les banques centrales et les gouvernements continuent aujourd’hui à soutenir les marchés par le biais de leurs politiques monétaires et fiscales respectives. »
Positifs sur les actions
Vergote : « Nous restons à long terme positifs sur les actions. Les taux d’intérêt obligataires sont beaucoup plus faibles que le rendement des actions attendu pour le moment. De plus, la croissance des bénéfices des entreprises devrait se redresser lorsque nous sortirons de l’emprise du COVID-19 en 2021.
Grâce au soutien des banques centrales, les taux d’intérêt réels sont très bas. Par taux d’intérêt réels, j’entends le taux d’intérêt moins l’inflation attendue. En termes de politique gouvernementale également, nous attendons encore certainement des programmes de soutien supplémentaires. Aux États-Unis, un programme de 900 milliards de dollars a été proposé le mois dernier. Et le président Biden travaille déjà sur un nouveau mécanisme qui permettrait notamment de donner de l’argent directement aux familles américaines. Un plan de relance de pas moins de 1900 milliards de dollars au total. Il reste à voir quel montant sera accepté par le Congrès. »
Europe
Malgré la faiblesse de la consommation, l’industrie est en croissance. « L’Europe bénéficie de la reprise industrielle chinoise. Les pays européens sont encore loin de vacciner tous au même rythme mais, d’une manière générale, les vaccinations favoriseront une reprise de l’économie dans les mois à venir. De plus, pour la première fois en 17 ans, le bénéfice par action devrait augmenter plus fortement dans l’UE qu’aux États-Unis : 34 % contre 23 %. Les actions européennes sont moins chères que les actions américaines et sont plus cycliques. Les investisseurs étant actuellement moins enclins à rechercher des placements sûrs, ils préfèrent l’UE aux États-Unis, qui sont plus chers. »
Secteurs ?
Vergote : « Nous voyons 3 secteurs offrant des perspectives positives pour les actions. Tout d’abord, le secteur financier. La valorisation des banques est historiquement basse. Il y a en effet eu des risques de prêts non remboursés en raison d’éventuelles faillites, mais les banques ont constitué leurs réserves de capital depuis la crise financière de 2008 et sont maintenant en mesure de faire face à un coup dur. Les banques ont constitué des d’importantes provisions depuis la crise du COVID-19, mais nous nous attendons à ce qu’elles puissent être récupérées partiellement. Les actions des banques ont déjà bénéficié de la reprise économique attendue, mais les cours des actions ont davantage de potentiel haussier.
Le secteur technologique reste une autre conviction. Le secteur avait déjà connu un taux de croissance élevé en 2020 grâce au télétravail et aux réunions en ligne. Nous pensons qu’il ne pourra que continuer à se développer en 2021. Avec l’essor de la 5G, mais aussi la poursuite du déploiement de tout ce qui est effectué en ligne, de la sécurité aux services cloud. Nous sommes conscients du fait que le secteur ne paraît pas bon marché. La forte croissance attendue des bénéfices explique en partie cette situation, ainsi que les taux d’intérêt très bas. Nous continuons à croire en la technologie, mais recommandons aux clients ayant des positions très importantes de les réduire quelque peu.
Une troisième conviction importante est celle des soins de santé. Dans ce secteur, nous attendons des investissements, pas des économies. Ces entreprises se concentrent également sur l’innovation, et elles profitent de la reprise économique et du vieillissement de la population mondiale. Les actions pharmaceutiques ne doivent donc certainement pas manquer dans le portefeuille. »
Obligations
« Les obligations des marchés émergents peuvent compter sur notre intérêt. Le coronavirus provoque des confinements moins sévères dans les pays émergents que dans les pays développés. Et ces derniers profitent du dollar moins cher. Une étude récente a montré qu’une hausse de 1 % du dollar face à plusieurs autres devises a réduit la croissance économique de 21 pays émergents de 0,3 %. Aujourd’hui, nous constatons le mouvement inverse. De plus, les prix des matières premières augmentent. Le prix du pétrole est par exemple de 56 dollars le baril, et le Brent est à son plus haut niveau depuis le creux du mois de mars. Cela soutient également la reprise dans les pays émergents, qui sont souvent exportateurs de matières premières. Nous gardons une préférence pour les obligations des marchés émergents en monnaie locale », conclut Vergote.