Depuis début avril, les stratèges de Belfius Investment Strategy sont devenus plus prudents sur les actifs risqués. À long terme, les actions demeurent cependant l’option privilégiée. Entretien avec Isabelle Bohets (Senior Investment Advisor).
Il est intéressant de voir comment Belfius, une des plus grandes banques belges, répartit ses actifs.
Isabelle Bohets : « Depuis le début du mois d’avril, nous sommes en effet devenus plus prudents sur les actifs risqués à long terme et tentons de trouver dans notre stratégie un équilibre entre actifs plus sûrs et actifs plus risqués. C’est pourquoi nous préférons les portefeuilles ‘moyens’ durables et gérés de manière mixte. »
Selon Bohets, l’appel tactique à une position prudente sur les actions est motivé par l’instabilité du climat géopolitique. Elle évoque alors la guerre commerciale, qui bat son plein. Selon elle, il reste à voir ce qu’apportera le sommet du G20. »
Actions préférables à long terme
À plus long terme, l’équipe investment strategy de Belfius reste clairement convaincue de l’intérêt des actions. « À long terme, il est encore plus intéressant d’envisager les actions plutôt que les obligations, surtout si les taux d’intérêt demeurent aussi bas. Miser fortement sur les obligations à long terme n’a pas beaucoup de sens. »
Au niveau mondial, la croissance du bénéfice par action reste positive. La croissance du bénéfice est inférieure à celle de 2018, mais nous estimons que la plupart des ajustements à la baisse de la croissance des bénéfices sont derrière nous. Les banques centrales (BCE, Fed) reportent les hausses de taux d’intérêt et appliquent même une politique plus souple. Les efforts de la Chine pour stimuler son économie devraient porter leurs fruits au second semestre 2019. Un horizon à long terme est indispensable pour les actions, et il est recommandé d’étaler les achats dans le temps », explique Bohets.
Bohets et son équipe préfèrent les actions mondiales, avec une légère préférence pour les États-Unis et la zone euro. Ils sont très positifs pour les actions des pays émergents à long terme. Les thèmes durables et fortement tournés vers l’avenir, tels que l’évolution démographique, les smart cities, etc., auront une place à cet égard.
Obligations
Selon l’équipe de Bohets, les obligations d’État des pays clés ne rapportent pas suffisamment. Ils évitent notamment la duration longue. Il en va de même pour les obligations Investment Grade, où les spreads sont trop bas. De même, les obligations High Yield ne les intéressent pas parce qu’elles sont trop risquées, et l’allocation est actuellement plutôt neutre.
Ce qui est par contre intéressant selon l’équipe, ce sont les obligations des pays émergents.
« À court terme, nous allons commencer à investir plus tôt dans les monnaies fortes, car les monnaies locales sont plus sensibles aux difficultés commerciales, mais à long terme, un mélange entre monnaies locales et monnaies fortes est certainement recommandé », ajoute Bohets.