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Agent de change, Bernard Busschaert, possède plus de 40 ans d’expérience sur les marchés. Il a fondé plusieurs fonds pour Placeuro Groupe, qui fait partie de Dôm Finance Groupe Burrus France, et agit aujourd’hui en tant que consultant et mentor pour certains de leurs fonds. Entretien exclusif avec un vétéran des marchés boursiers qui, depuis Knokke, observe la folie qui règne sur les marchés financiers.

Busschaert : « Mon grand avantage, c’est que je ne suis dépendant de personne. J’observe tout simplement avec ouverture d’esprit ce que m’indiquent les marchés. Les bourses sont en hausse depuis dix ans, principalement grâce à la politique des banques centrales. Mais tout ce qu’on voit n’est pas la réalité. Étrangement, les économistes ont complètement changé d’avis depuis juillet, ce qui est en grande partie lié à ce qui s’est passé sur le marché du repo à la mi-septembre. De fortes rumeurs affirmant que le marché a été perturbé par une grande banque en difficulté circulent, ce qui m’amène à supposer que la situation actuelle sur les marchés est un faux semblant. »

Chine

Busschaert met également en garde contre la situation en Chine. « Ce qu’on lit à propos de la Chine n’est pas une guerre commerciale, mais une guerre de pouvoir entre les blocs occidental et asiatique. Quiconque pense que ce conflit peut être résolu rapidement ne connaît malheureusement rien à la mentalité américaine et chinoise. Le marché s’attend à une solution rapide à la guerre commerciale, mais pas moi. Et si une solution intervient, elle sera insignifiante. L’année prochaine, le vent va donc certainement souffler sur les marchés boursiers, mais personne ne sait comment. Ce sera une année électorale aux États-Unis, et comment Trump réagira-t-il ? De même, nous ne connaissons pas davantage l’impact du Brexit, tout cela est politique. Cependant, il est incontestable qu’il y aura un impact sur l’Europe. »

Trois bulles

Busschaert souligne le rôle majeur joué par les banques centrales : « La faute revient aux banques centrales, qui utilisent des instruments et n’ont pas réfléchi à l’impact. Le commerce avec l’Asie a triplé, ce qui est bien sûr déflationniste. Cependant, les banques centrales ont tenté de provoquer l’inflation afin de résorber la dette, mais cela n’a pas réussi parce que le commerce avec la Chine est tout simplement fortement déflationniste. Pas besoin d’être un génie pour le savoir.

En conséquence de cette politique, je distingue maintenant trois grosses bulles : l’immobilier, les actions et les obligations (belges). En Belgique, pour 72 milliards d’euros de crédits hypothécaires ont été contractés en octobre. Tout le monde est dans l’immobilier. Mais tous ces jeunes couples empruntent beaucoup trop lourdement et ne gardent que très peu de moyens pour la consommation. Ici aussi, à Knokke, on le sent. Je discute beaucoup avec les commerçants, et tous me disent que les affaires vont mal. Il suffit de se promener dans les rues commerçantes d’Anvers, Bruxelles ou Knokke. Il y a beaucoup d’inoccupation. On attribue cela à l’e-commerce, mais le fait est tout simplement qu’il reste moins d’argent pour consommer. La tranche d’âge des 25 à 50 ans est celle qui connaît le plus de difficultés actuellement. Cela va entraîner un ralentissement de la croissance et affecter les bénéfices des entreprises. Si le chômage vient encore s’ajouter, il s’agit d’un jeu dangereux. »

Marchés actions

« Les gens ont été obligés d’aller en bourse pour obtenir encore un peu de rendement. Mais regardez l’Eurostoxx. Tout compte fait, il n’y a plus de hausse. Nous nous trouvons dans une bande passante étroite. Après dix ans de croissance, le marché boursier est fatigué. À la fin de l’année dernière, tout le monde était extrêmement pessimiste, mais le sentiment s’est maintenant complètement inversé. Une chute du marché boursier de l’ordre de 10 à 30 % n’est certainement pas à exclure pour l’année prochaine. »

Positionnement

Comment Busschaert se positionne-t-il aujourd’hui sur les marchés ? « Sur les marchés actions, nous travaillons désormais exclusivement avec le momentum. Nous passons des ordres stop loss partout. Je vois beaucoup de potentiel dans l’or et les titres aurifères. Le prix de l’or en USD est toujours inférieur de 20 % au cours le plus élevé de 2011. Les actions des mines d’or sont également bon marché. Elles peuvent augmenter de 50 à 100 % lorsque le prix de l’or augmente de 10 %. Regardez, les fonderies me disent qu’au cours des dernières années, 30 000 tonnes d’or ont été fondues et sont parties de l’Occident vers l’Orient. Et pas un gramme n’est encore revenu. Les Chinois ont donc des masses d’or. Travaillent-ils avec d’autres pays à une monnaie de réserve basée sur l’or ? Tout est possible. Cependant, les mines d’or contiennent beaucoup d’éléments négatifs : 80 % sont déficitaires. Nous optons pour les 20 % de sociétés rentables et, de préférence, pas de sociétés d’exploration. »

Nouveau monde

Busschaert conclut en déclarant que nous vivons dans un monde nouveau. « Je n’avais encore jamais vu un tel état des marchés. Mais ils sont manipulés. Les investisseurs sont assis dans un grand stade de football avec une très petite sortie. Il convient donc d’être prudent. Je vois aussi du potentiel dans les entreprises européennes à haut rendement. En 2008, ce segment a chuté de 50 %. Notre fonds Placeuro High Yield a actuellement un coupon de 8 %. Il faut avertir les clients qui y investissent. Le segment peut chuter fortement mais, après une chute brutale, il faut oser acheter et, de préférence, ne pas trop regarder les cours. » 
 

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