BlackRock et Pictet sont les plus appréciées des sélectionneurs de fonds et gatekeepers belges et luxembourgeois, tandis que les acteurs passifs suscitent un intérêt croissant. En revanche, les sociétés de fonds présentant un profil de durabilité ont été jugées moins attrayantes.
C’est ce qui ressort d’une enquête réalisée par Broadridge Financial Solutions, l’un des groupes de communication financière les plus importants au monde, auprès de plus de 1200 sélectionneurs de fonds et gatekeepers.
Un classement annuel des gestionnaires d’actifs les plus appréciés par les sélectionneurs de fonds a été établi sur la base de critères tels que connaissances locales, expertise et stratégie d’investissement. Dans la région BeLux (Belgique/Luxembourg), BlackRock et Pictet figurent en tête de liste cette année. Le top 5 est complété par JPMorgan, Robeco et Amundi.
Aucune chute majeure n’a été observée sur la liste BeLux. La situation était différente aux Pays-Bas, où Kempen et Goldman Sachs ont été jugés beaucoup moins intéressants. En Belgique et au Luxembourg, iShares et Rothschild ont au contraire fortement progressé dans le classement.
Les gestionnaires d’actifs sous la loupe
Broadridge note qu’en 2023, les investisseurs européens sont devenus plus prudents et ont adopté une position plus critique envers le secteur de la gestion d’actifs, privilégiant davantage les comptes d’épargne ou les fonds de marché monétaire. « Les gestionnaires d’actifs sont scrutés à la loupe comme jamais auparavant. »
« En cette année marquée par une montée en puissance des gestionnaires passifs, Vanguard fait son entrée dans le top 10 européen grâce à son image d’acteur international solide », déclare Barbara Wall de chez Broadridge. « iShares s’est hissé à la sixième place du classement européen, reléguant Robeco à un rang inférieur, même si le gestionnaire actif néerlandais est très apprécié en raison de son profil ESG. » Les cinq premières marques en Europe sont occupées par BlackRock, JPMorgan, Fidelity, Pictet et Amundi.
L’ESG dans la tourmente
Il ressort de l’enquête de Broadridge que 2023 a été une année difficile pour l’ESG en Europe. Le manque de transparence, les mauvaises performances et la pression réglementaire ont joué un rôle dans cette situation. « Des fonds d’investissement reconnus ont été confrontés à des décollectes, à des accusations d’écoblanchiment ainsi qu’à la reclassification des fonds article 9, amenant certains experts à affirmer que l’ESG avait déjà atteint son apogée. »
Dans les échanges avec les gatekeepers et les sélectionneurs de fonds, ces préoccupations sont parfois considérées comme exagérées, déclare Broadridge. « L’ESG reste un critère important dans la sélection des fonds, mais on assiste à une montée du scepticisme concernant le profil de durabilité des gestionnaires d’actifs. À cet égard, les sélectionneurs de fonds souhaiteraient une standardisation du vocabulaire de l’ESG et une amélioration de la communication sur l’engagement et les choix de portefeuille. »
Les gestionnaires d’actifs fortement associés aux problématiques ESG, dont Robeco, Nordea et Pictet, ont vu l’intérêt des sélectionneurs de fonds et des gatekeepers diminuer fortement en Europe en 2023, leurs caractéristiques durables commençant à jouer un rôle moins central dans la sélection. Cependant, la moitié des dix premiers gestionnaires d’actifs du classement de Broadridge se distinguent par leur excellence en matière d’ESG. Amundi, en particulier, est appréciée pour son vaste choix d’investissements durables, dont plusieurs ETF neutres en carbone.
Se différencier à tout prix
De même, l’offre d’investissement sur les marchés privés émerge de plus en plus comme un facteur distinctif pour les gestionnaires d’actifs. Schroders, notamment, a vu sa réputation sur le marché privé s’améliorer, note Broadridge, ce qui a permis de reléguer au second plan les critiques concernant les frais élevés.
L’amélioration des conditions sur le marché des titres à revenu fixe a conduit les sélectionneurs de fonds à privilégier les sociétés spécialisées dans ce secteur, dont Pimco.
Broadridge conclut que face au ralentissement de la croissance économique mondiale, les sociétés de fonds doivent miser davantage sur leur propre robustesse et flexibilité afin de rester compétitives sur un marché fortement saturé. « Il est essentiel de proposer des options d’investissement alternatives aux clients inquiets, qui ont déjà retiré beaucoup d’argent des fonds d’investissement. »