Le contexte est favorable aux actifs risqués, dans un contexte où les politiques monétaires resteront largement accommodantes en 2020. Les actions japonaises et émergentes doivent être préférées au niveau boursier, tandis que la recherche de rendement au niveau obligataire jouera en faveur de la dette émergente et du haut rendement.
Chez BlackRock, Jean Boivin (Head of BlackRock Investment Institute) souligne que les risques récessifs vont refluer en 2020. « L’impact des politiques monétaires accommodantes ne devrait toutefois plus soutenir autant les marchés ». Il estime en effet que la Réserve Fédérale ne devrait plus descendre son taux directeur dans l’immédiat, tandis que la politique monétaire européenne semble être arrivée au bout de ses cartouches. « Le soutien devrait venir d’une politique budgétaire plus ambitieuse en Europe, mais nous ne pensons pas qu’il soit réaliste de l’espérer pour 2020 ».
Reprise économique
Aux Etats-Unis, il s’attend à ce que les pressions inflationnistes restent modérées, mais suffisantes pour permettre le maintien de l’activité économique à un niveau attractif. « En Chine, la croissance devrait se stabiliser, et nous ne pensons pas que les autorités vont se relancer dans un plan massif de soutien budgétaire ». Il s’attend donc à une reprise progressive de la croissance économique durant la première partie de 2020, notamment dans le domaine manufacturier (voitures, biens d’équipements, semi-conducteurs, etc) et sur les secteurs sensibles aux taux bas, comme la construction.
« Le principal risque sur notre scénario viendra d’un changement dans le contexte global, et d’une reprise des tensions commerciales qui viendrait remettre en cause notre scénario d’une reprise des investissements et de la croissance du secteur manufacturier ». En l’absence d’un tel risque, une surpondération sur les marchés boursiers continuera de se justifier, de même que sur les obligations d’entreprise.
Ajustements
« Dans le cadre de cette analyse globale, nous avons toutefois procédé à plusieurs adaptations tactiques, avec notamment un possible redressement des valeurs cycliques dans un contexte de reprise économique », souligne Jean Boivin. Au niveau géographique, l’allocation sur le marché américain est revenue en position neutre, en raison notamment des incertitudes quant à la prochaine campagne pour les élections présidentielles.
Il n’est pas plus enthousiaste sur les actions européennes (qui sont désormais « sous-pondérées »), après la belle performance réalisée en 2019 et en l’absence de mesures de soutien à l’économie. « Les opportunités cycliques y sont moins attractives par rapport aux autres régions ». L’allocation privilégie actuellement les actions japonaises (qui devraient bénéficier de la pause dans les tensions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis) et les marchés émergents (en raison de politiques monétaires qui devraient se détendre dans plusieurs pays) ».
Enfin au niveau obligataire, les obligations d’entreprise à haut rendement et la dette asiatique devraient continuer à soutenir la performance des portefeuilles. « Dans un contexte où les politiques monétaires resteront largement accommodantes dans les grandes économies, les classes obligataires qui dégagent encore un rendement attractif resteront recherchées par les investisseurs », conclut Jean Boivin. « Dans ce cadre, nous préférons également les obligations gouvernementales américaines par rapport aux autres dettes souveraines des pays développés, plus particulièrement les émissions qui permettent de se protéger contre un retour de l’inflation ».