Après avoir corrigé en 2022, les titres à revenu fixe des marchés émergents ont débuté l’année 2023 sous de meilleurs auspices.
Les obligations des marchés émergents ont fait l’objet d’une décollecte importante ces dernières années. Le cru 2022 n’a pas fait exception : la hausse des taux aux États-Unis ainsi que la vigueur du dollar ont en effet réduit l’attrait relatif de la dette émergente. L’indice JPM GBI-EM Global Diversified a abandonné 5,9 % en euros l’an dernier, tandis que son équivalent pour les titres à revenu fixe des marchés émergents libellés en devise forte, le JPM EMBI Global Diversified, cédait même 12,4 %.
(Flux nets en millions EUR) (Actif net en millions EUR)
Un fragile optimisme
Une embellie s’est toutefois esquissée début 2023 et l’indice JPM GBI-EM Global Diversified a terminé le premier trimestre de l’année sur une avancée de 3,3 % en euros. Cet optimisme prudent puise notamment sa source dans la conviction que l’inflation a probablement déjà culminé, tant dans les pays émergents qu’aux États-Unis, et que le resserrement monétaire va donc petit à petit être abandonné. En outre, la réouverture de la Chine peut donner un coup de fouet à la croissance économique dans les marchés émergents. L’optimisme était sensible en janvier, avec une collecte de 1,5 milliard d’euros pour les fonds obligataires en devise locale.
Mais comme c’est souvent le cas, des risques pèsent. Une hausse inattendue de l’inflation aux États-Unis, qui entraînerait un nouveau relèvement des taux directeurs et donc une appréciation du dollar américain, ou encore une récession importante qui pousserait les investisseurs à privilégier les valeurs refuges, pourrait faire bondir les primes de risque des marchés émergents. C’est peut-être pour anticiper ces scénarios que les investisseurs européens ont retiré près de 1 milliard d’euros de la catégorie en février.
Devises
L’évolution du dollar américain détermine toujours celle de nombreuses catégories d’actifs, et notamment de la dette émergente, mais cette hégémonie commence à s’effriter. Ainsi, Vladimir Poutine, qui souhaite s’attirer les faveurs de la Chine, a indiqué qu’il utiliserait le renminbi pour les paiements entre la Russie et les pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine. L’Arabie saoudite a elle aussi annoncé qu’elle facturerait une partie de ses exportations pétrolières vers la Chine en renminbi. Quant au français Total Energy, il a également accepté de vendre du gaz naturel liquéfié en RMB.
Si ces évolutions récentes minent quelque peu le billet vert, il serait exagéré de voir dans la monnaie chinoise une réelle menace pour le dollar américain. Ce dernier domine en effet toujours les marchés obligataires, même s’il doit faire face à une concurrence toujours plus intense.
Le top 5
Le top 5 de cette semaine passe en revue les fonds investissant dans des obligations des marchés émergents en devise locale, sur la base de leurs performances sur le premier trimestre de 2023.
La première place revient au fonds BlueBay Emerging Market Local Currency Bond, géré depuis novembre 2018 par Brent David et Gautam Kalani. Tous deux ont repris le flambeau à David Dowsett qui, après 18 ans chez BlueBay, a rejoint GAM en tant que directeur international des investissements en avril 2022. Avant cela, le fonds avait été géré par Nick Shearn et Steven Murphy, qui ont quitté BlueBay en 2018. Les gérants actuels ont toute latitude pour composer le portefeuille et peuvent se positionner sur des émissions non reprises dans l’indice. Un tiers au maximum de l’actif peut être investi dans des obligations des marchés émergents en devise forte et en emprunts d’État hors sphère émergente. Le fonds peut aussi investir 20 % de sa fortune dans des obligations chinoises (en février 2023, ces dernières représentaient environ 9 % de l’actif). Par rapport à l’indice de référence, le JPM GBI-EM Global Diversified, USD unhedged, la stratégie surpondère actuellement l’Amérique latine et les liquidités (12,5 %). Sur les trois dernières années, le fonds a terminé dans le 42e percentile de sa catégorie.
BE