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Eric Plantier, du fonds BNP Paribas Funds Euro Bond, déplore qu’en raison des rendements négatifs sur une partie de plus en plus importante du marché obligataire européen, il est désormais difficile de gérer un fonds obligataire européen. « Pendant la crise de l’euro, les obligations à rendement négatif remplissaient encore une fonction d’assurance, mais ce n’est plus le cas aujourd’hui. » 

Actuellement, le rendement moyen des obligations du portefeuille de Plantier est d’environ zéro. « Nous n’avons jamais eu autant d’obligations à rendement négatif dans notre portefeuille. » Le rendement moyen de l’indice de référence de Plantier, le Barclays Euro Aggregate, est même légèrement négatif.

Jusqu’à présent, les rendements négatifs ont cependant profité aux investisseurs obligataires : le fonds BNP Paribas Funds Euro Bond a progressé de 6,76 % cette année, après déduction des frais de gestion. L’indice Barclays Euro Aggregate a même enregistré un bénéfice de 9,2%.

Comme les rendements obligataires moyens sont désormais inférieurs à zéro, les rendements ne sont maintenant possibles que si le taux d’intérêt baisse encore davantage. Plantier : « Les investisseurs qui achètent maintenant des obligations à rendement négatif comptent en effet pourvoir encore obtenir un rendement de cette manière. »

Certains investisseurs achètent même des obligations ayant déjà un rendement de coupon négatif à l’émission, dans l’espoir que les taux d’intérêt baissent encore davantage dans le futur et qu’ils puissent alors revendre les obligations en réalisant un bénéfice de cours. Mais Plantier ne suit pas ce raisonnement. « Si vous achetez maintenant une obligation à l’émission et que vous la conservez pendant toute sa durée de vie, vous savez que vous êtes assuré de perdre de l’argent. Cela n’a pas de sens », estime le Français.

En outre, la question de savoir si les taux d’intérêt peuvent effectivement encore être abaissés dépend dans une large mesure de la politique future de la BCE. Les marchés comptent sur une nouvelle série de mesures de relance et tous les regards sont tournés vers la prochaine réunion du Conseil des gouverneurs de la BCE à la mi-septembre.

Mais les investisseurs qui tablent sur une nouvelle impulsion de la BCE pourraient être déçus, estime Plantier. « Je m’attends bien à une baisse des taux d’intérêt, mais au-delà, la BCE pourrait décevoir le marché. Mais honnêtement, je préfère ne pas siéger à la BCE et attendre de voir ce qui se passe. »

Horizon plus court

Dans l’intervalle, il est cependant loin de se croiser les bras. Au contraire, il est plus actif que jamais. « Nous investissons maintenant principalement de manière tactique et essayons d’obtenir un rendement en profitant des inefficacités temporaires du marché. »
Ce qu’il fait surtout par nécessité. En effet, il ne reste pratiquement plus d’obligations à un prix attractif. « Même la plupart des obligations à rendement positif, comme les obligations d’État italiennes, sont chères. On n’est pas suffisamment récompensé pour le risque pris. »
Aujourd’hui, la plupart des obligations d’État de la périphérie de la zone euro produisent même un rendement pratiquement nul, voire négatif. Plantier : « Jusqu’à une échéance de 7 ans, le taux d’intérêt des obligations d’État espagnoles est désormais négatif, ce qui est sans précédent. » En réaction, le gestionnaire du fonds a surpondéré les obligations d’État italiennes. Les obligations d’État allemandes et, notamment, françaises, viennent d’être vendues.

Duration plus longue

Plantier augmente également la duration de son portefeuille afin de limiter autant que possible les investissements en obligations à rendement négatif. « La duration moyenne des obligations du portefeuille est maintenant de 7,25 ans. Au début de cette année, elle était encore de 6 ans. »
Pour l’instant, il semble peu probable que les taux d’intérêt augmentent de nouveau à court terme, mais Plantier est bien conscient du fait que son portefeuille deviendra plus vulnérable en raison de la duration plus longue. « Nous essayons de limiter ce risque en achetant des options de vente sur futures. »
 

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