La valorisation des actions européennes a atteint des niveaux extrêmement déprimés, et il serait aujourd’hui dangereux de parier sur un nouvel exercice de performances négatives, estiment les spécialistes de BNP Paribas Fortis. La volatilité restera toutefois importante à court terme, en raison d’un agenda politique qui restera extrêmement chargé.
L’année 2019 devrait débuter dans la même ligne que 2018, avec des signaux macroéconomiques qui pointent vers un ralentissement de l’activité dans la plupart des grandes régions, l’Europe et la Chine étant affectées par les incertitudes sur le commerce international. Même aux Etats-Unis, les effets du plan fiscal de Donald Trump vont commencer à s’atténuer dans le courant de l’année prochaine, ce qui devrait entraîner un ralentissement la croissance vers 2,1%.
Koen De Leus (Chief Economist chez BNP Paribas Fortis) souligne que la croissance belge devrait rester en retrait de la croissance européenne (autour de 1,3% de croissance) en raison des inefficiences sur le marché du travail, où une beaucoup d’emplois restent disponibles en raison des manquements dans la formation des jeunes, en particulier dans le domaine des formations technologiques. Et il souligne que si la Belgique parvenait à appliquer des réformes structurelles, « la Belgique pourrait dégager 18% de croissance en plus durant les prochaines années ».
Actions à préférer
Philippe Gijsels (Chief Strategy Officer chez BNP Paribas Fortis) constate que sur le long terme, les actions restent la meilleure classe d’actifs pour assurer la croissance du patrimoine. Et il souligne qu’un scénario tel que celui qui s’est produit en 2018 (croissance des résultats des entreprises et baisse des cours) ne devrait logiquement pas se reproduire en 2019. « Il est toutefois toujours dangereux de dire que le marché n’a pas raison ».
« Il n’y a actuellement pas de signes d’une récession imminente », continue Philippe Gijsels, « et les grandes périodes de turbulences boursières ont souvent coïncidé avec des périodes économiques difficiles ». Dès lors, il estime qu’il faudra rester sur les actions afin de ne pas louper le moment où les marchés vont commencer à se redresser. « Il est aujourd’hui possible de trouver des opportunités d’investissement à des valorisations que nous n’avions plus vu depuis plusieurs années ».
Enfin, le contexte devrait être moins favorable au dollar américain durant les prochains trimestres, qui devrait s’éroder face à l’euro vers un niveau de 1,25 dollar, ce qui sera une bonne nouvelles pour les marchés émergents. « Dans ce contexte, avec un peu d’or dans le portefeuille en guise de protection peut constituer une bonne alternative ».
Risques
La nervosité devrait toutefois rester au menu des investisseurs, et Koen De Leus met en avant plusieurs facteurs de risques pour les marchés financiers: le Brexit et ses conséquences pour l’économie européenne (et belge), l’intensification de la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine, et les divers déséquilibres économiques susceptibles d’affecter la croissance chinoise à court terme. Dans ce contexte, il estime que la politique monétaire « va poursuivre sa normalisation, avec une distorsion sur les cours des actifs qui va aller en s’amoindrissant, et des taux à 10 ans qui vont se redresser vers 3,5% aux Etats-Unis et 1,25% en Belgique ».
Philippe Gijsels souligne également que nous sommes en train d’assister à un changement de leadership au niveau du secteur technologique. « D’un point de vue historique, on peut constater que les leaders ont tendance à changer régulièrement, et que les plus grandes capitalisations en 2000 ont pratiquement toutes été supplantées ». Il estime dès lors que les valorisations élevées atteintes par les géants américains durant l’année 2018 ne devraient plus être atteintes dans le futur. « Le taux de croissance de ces sociétés va se normaliser. Dans le futur, les leaders devront être recherchés sur des segments comme l’intelligence artificielle ou la réalité virtuelle ».
« La correction sur le secteur technologique est aussi liée à l’attente d’un contexte règlementaire qui va devenir moins favorable dans le futur », indique pour sa part Koen De Leus, « Ces groupes vont faire face à un environnement plus stricte, et leur taille les empêchera également de pouvoir faire des acquisitions sans faire l’objet d’un examen approfondi de la part des autorités de la concurrence ».