Philippe Gijsels en Koen De Leus
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Nous sommes entrés dans un nouveau monde d’investissement, où il s’agira de réagir rapidement et où la gestion active pourra plus que jamais démontrer sa valeur.  C’est ce que déclarent Philippe Gijsels et Koen De Leus de BNP Paribas Fortis.

« Personne n’a vu venir la guerre en Ukraine. L’invasion a également été une surprise pour les marchés financiers, ce qui explique la réaction violente des marchés. Et à cause de cette guerre, les marchés financiers se trouvent maintenant dans une situation très binaire », a d’emblée déclaré Philippe Gijsels, Chief Strategy Officer chez BNP Paribas Fortis, à l’occasion de la présentation des perspectives macroéconomiques de la banque. En effet, quelle que soit l’évolution de la situation en Ukraine, elle sera toujours néfaste pour une partie du marché.

« Tôt ou tard, il faudra arriver à une solution négociée. Lorsque cela se produira, les cours des actions rebondiront directement. Et inversement, les prix de beaucoup de matières premières (qui ont atteint des sommets en raison de l’incertitude) vont sensiblement baisser. »

La guerre en Ukraine ne constitue d’ailleurs pas le plus grand défi. « L’inflation est aujourd’hui le plus gros problème, parce qu’elle n’est pas un phénomène passager et qu’elle augmente plus rapidement qu’on ne le supposait ces derniers mois », déclare l’économiste en chef Koen De Leus.
Non seulement la guerre en Ukraine alimente l’inflation, mais les confinements successifs en Chine causent également des problèmes majeurs dans la chaîne d’approvisionnement mondiale. Par conséquent, ce n’est pas seulement la hausse des prix du pétrole et de l’énergie qui fait grimper l’inflation. « Aux États-Unis, le pic est déjà passé, mais dans la zone euro, nous ne l’attendons pas avant octobre. » Pour notre pays, BNP Paribas Fortis table sur une inflation de 8,1 % cette année. En 2023, l’inflation devrait baisser à 3 %.

Réévaluation

Le contexte que prévoit BNP Paribas Fortis est celui d’une ère nouvelle. « Nous traversons une phase où tant les actions que tous les autres actifs sont réévalués. C’est une période de repricing », explique Gijsels. Selon le stratège du marché, nous vivions dans un monde sans force gravitationnelle, en raison des taux d’intérêt extrêmement bas et de l’assouplissement quantitatif. Pour chaque crise, de la bulle Internet à la pandémie en passant par la crise financière, la recette était toujours la même : réduire les taux d’intérêt et injecter de l’argent dans le système financier. 

« Cela a toujours fait grimper le prix des actifs. Mais avec des taux d’inflation autour de 8 %, les taux d’intérêt doivent être relevés et l’assouplissement quantitatif n’est pas une option non plus. Et si vous n’injectez pas de liquidités dans le système, le prix de n’importe quel actif va inévitablement chuter. C’est une chose à laquelle les marchés financiers doivent s’habituer, car nous sommes de retour dans le monde normal, dans lequel il y a de la force gravitationnelle. Les actifs ne peuvent plus voler. Cela rend l’investissement plus difficile, mais aussi plus intéressant : faire des analyses et acheter les bons actifs redevient intéressant. »

Un monde multipolaire

« En termes d’investissement, nous sommes de retour dans un monde inflationniste avec des prix des matières premières en hausse, comme ceux que nous avons connus dans les années 60 et 70. Sur le plan géopolitique, nous sommes de retour dans un monde comme celui d’avant la guerre froide et même d’avant la Seconde Guerre mondiale, dans lequel l’Amérique n’est plus le gendarme du monde et dans lequel nous évoluons d’un monde unilatéral vers un monde bipolaire, voire multipolaire », déclare Gijsels. Cela comporte des risques géopolitiques, mais aussi des opportunités. Car dans un tel monde, les gagnants et les perdants sont différents, avec une logique différente de celle que nous avons connue ces dernières décennies.

Qu’est-ce que cela signifie pour…

Actions :

La stratégie actions de BNP Paribas Fortis n’a pas changé. Gijsels : « À plus long terme, nous continuons à miser sur les actifs réels. À court terme, nous nous attendons à plus de volatilité étant donné que la période de transition, pendant laquelle les marchés doivent s’habituer au fait que les robinets se sont légèrement refermés, n’est pas encore terminée. L’image technique reste pour l’instant encore très négative. Les investisseurs attendent donc toujours que cette tendance s’inverse. »

À un moment donné, cependant, un nouveau marché haussier fera son apparition. Les secteurs qui seront les premiers à se redresser seront pour la plupart les leaders de ce nouveau marché haussier. Les plus prometteurs sont les secteurs des énergies alternatives, de la biotechnologie, du métavers, de la robotique et de la cybersécurité.

Obligations :

Le taux réel augmente légèrement. Par exemple, il est aujourd’hui possible d’obtenir de meilleurs taux avec les obligations d’État et d’entreprises américaines. « Nous nous attendons à ce que le dollar américain reste robuste. Les acronymes TINA (There Is No Alternative) et TRINA (There Really Is No Alternative) pourraient être remplacés par TINAC : There Is No Alternative Country, ce dernier faisant référence aux États-Unis. »

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