philippe_gijsels_bnp.jpeg

Philippe Gijsels, stratège de BNP Paribas, affirme que la guerre commerciale est en train de se transformer en une guerre des devises. Selon lui, le dollar ne devrait toutefois pas continuer à se renforcer de manière significative, déclare-t-il à l’Investment Officer.

Nous observons en ce moment que le dollar américain est relativement fort. Surtout face à un panier de devises, contenant également le yuan chinois. Le rapport euro/dollar, en revanche, se situe depuis longtemps aux environs de 1,11.

Philippe Gijsels : « Tout le monde partait du principe que la Réserve fédérale américaine allait diminuer le taux d’intérêt, et dans une plus large mesure que ce que Jerome Powell a finalement fait. Il n’a donc pas réellement répondu aux attentes du marché. À l’issue de son discours, il a finalement indiqué que le marché ne devait pas s’attendre à un long cycle d’assouplissement. Entre-temps, nous constatons que Trump réclame avec force une baisse du taux et une baisse du dollar. À cet égard, il sera intéressant de découvrir l’annonce de Power ce vendredi lors de la réunion à Jackson Hole. Chaque année, cette réunion est à l’origine d’une large série de mesures. »

Bazookas

Gijsels : « D’autre part, quelques bazookas sont actuellement chargés au sein de la BCE. Nous pensons alors à une nouvelle baisse du taux d’intérêt et à un assouplissement quantitatif additionnel, même si je ne vois pas bien ce à quoi ils souhaitent parvenir avec l’achat d’encore plus de bons d’État allemands. Le marché s’attend à quelque chose de spectaculaire. Certains affirment déjà que des actions seront achetées sur le marché.

À l’autre extrémité du spectre, on peut observer une diminution des incitants aux États-Unis. Alors que l’Europe se met à inciter davantage, on connait la raison de la hausse du dollar. N’oublions pas non plus le Brexit : le dollar américain s’est encore renforcé face à la livre sterling. »

Pays émergents

Gijsels ne s’attend cependant pas à une appréciation beaucoup plus forte du dollar américain. « Trump veut un dollar plus faible, et il s’agit en soi d’un obstacle à une poursuite du renforcement de l’USD. Le dollar est devenu rare, car les Treasuries américains attirent énormément d’argent. Un emprunt d’État américain sur 30 ans d’un peu moins de 2 % est bien plus attrayant que les taux d’intérêt négatifs des Bunds allemands. L’Amérique est encore l’un des rares pays où l’on perçoit un intérêt. 

Pour les pays émergents, il est bien connu qu’un dollar aussi fort n’est pas réellement positif. Ils ont en effet souvent contracté des dettes considérables en dollars.

Gijsels : « La guerre commerciale se transforme de plus en plus en une gigantesque guerre des devises. Tout le monde veut pousser sa monnaie à la baisse. Reste à voir comment tout cela va se terminer. »

Author(s)
Categories
Target Audiences
Access
Limited
Article type
Article
FD Article
No