Depuis la Suisse, le Belge Bruno Verstraete gère six fonds, dont des fonds d’allocation d’actifs et des fonds actions. Il travaille top-down et utilise activement des instruments passifs. Investment Officer a bénéficié d’un entretien exclusif avec lui.
Verstraete : « Quand je regarde le marché, je vois un marché axé sur les actions. Nous tablons plutôt sur un atterrissage en douceur, c’est pourquoi je ne pense pas que nous soyons déjà arrivés à la fin du marché haussier pour les actions. »
Pas amoureux
Verstraete souligne d’emblée qu’il applique une gestion top-down pour ses fonds. « Nous ne tombons pas amoureux d’actions. Même les bonnes entreprises se portent mal en période de ralentissement économique. Ce qui compte pour nous, c’est l’évolution des variables macro-économiques. » Une bonne économie, un bon marché boursier, avec la remarque que le marché boursier a environ 7 mois d’avance. »
Verstraete constate une reprise de la croissance sur les marchés émergents. « L’Asie et l’Amérique latine se redressent. Est-ce la raison pour laquelle nous nous misons pleinement sur les marchés émergents ? Absolument pas. Le risque politique est toujours présent et souvent sous-estimé dans les pays émergents, mais il est en train d’augmenter, par exemple au Chili, en Argentine, en Turquie et à Hong Kong. » En outre, les monnaies sont souvent un facteur difficile à estimer étant donné la tendance à une plus grande sensibilité de ces économies à l’inflation.
Maillon faible
Verstraete constate que les États-Unis connaissent actuellement une croissance plus importante que les autres régions. « Même avec l’impact de la guerre commerciale, nous n’en sommes pas encore aux peak earnings. Malheureusement, le consommateur américain est actuellement le seul moteur à tourner à plein régime. Les entreprises n’ont pas assez d’appétit pour faire des investissements en capital, notamment à cause de la guerre commerciale et du Brexit. Il en résulte un plus grand manque de visibilité et, notamment en raison d’une efficacité accrue, par exemple grâce à la meilleure gestion des stocks, il est possible de réagir plus rapidement que par le passé et de différer les investissements structurels.
Nous gardons un œil sur les consommateurs américains. En effet, nous constatons qu’ils continuent à dépenser, mais plus en biens de consommation qu’en biens durables. Une partie du budget est utilisée pour épargner et rembourser les dettes. Tant que l’emploi sera maintenu, la confiance des consommateurs se maintiendra. Le marché du travail américain est beaucoup plus flexible que le marché du travail européen, qui n’est pas très flexible. Les entreprises américaines sont plus enclines à embaucher et licencier. Le marché du travail est donc un indicateur économique parallèle aux États-Unis, et plutôt un indicateur retardé en Europe. »
Législation en matière de pensions
Verstraete mentionnait au passage qu’il ne considère pas que les décisions d’investissement des fonds de pension soient tout à fait rationnelles à l’heure actuelle. « La législation a été rédigée de telle sorte qu’on préfère encourager les fonds de pension à investir dans le capital-investissement et l’immobilier plutôt que dans des actions. C’est absurde, car ces fonds savent exactement combien de temps ils restent investis et quand ils prennent leur pension. Ils peuvent bénéficier d’un terme dont aucun autre investisseur ne dispose. »
Décisions d’investissement
Verstraete et son équipe appliquent une approche quantitative dans le processus d’investissement de ses fonds. « Nous essayons d’éliminer le plus possible les émotions. Cependant, suivre le modèle exige une discipline stricte. En avril 2011, par exemple, il indiquait que nous devions passer à 0 % d’actions. Quelques mois plus tard seulement, lorsque la crise de la dette grecque a éclaté, il nous a donné raison. C’est pourquoi nous nous y tenons strictement et ce, depuis 2002. Chaque mois, le modèle est rééquilibré sur la base des indicateurs pertinents.
Un facteur distinctif est que nous pouvons passer de 0 à 100% d’allocation dans chaque classe d’actifs. Beaucoup d’autres fonds flexibles prétendent être flexibles, mais le sont dans une nettement moindre mesure.
Dans un premier temps, nous examinons la croissance économique, qui est un prédicteur de rendement. Ensuite, nous préparons un cocktail avec les composantes d’investissement les plus intéressantes en fonction du rapport risque/rendement. Actuellement, nous sommes à 55 % en actions et 7,5 % en liquidités. Le reste est investi dans des titres à revenu fixe (mix d’obligations d’État à long terme Investment grade corporate et global high yield). Nous achetons des ETF dans le segment des titres à revenu fixe, que nous gérons activement. Pour mesurer notre performance par rapport à nos concurrents, nous utilisons le benchmark Morningstar Flexible Funds. »
Or
Enfin, Verstraete donne quelques conseils concernant l’or : « Il n’y a qu’une lettre de différence entre ‘gold’ et ‘god’. Que vous y croyiez ou non, c’est une sorte de religion. On attribue souvent les mauvaises caractéristiques à l’or : protection contre l’inflation et les crises. Seule la corrélation faible ou négative avec les marchés financiers peut être positive. Nous avons effectué un test dans les portefeuilles en y ajoutant de l’or. Il en a résulté un rendement moindre et une plus grande volatilité. La raison résidait dans le secteur mondial des matériaux, que nous pouvons maintenir dans les portefeuilles. En Suisse, de nombreux investisseurs sont friands d’or physique. »
Chiffres clés des fonds
Tous les fonds (UCITS-Sicav) sont disponibles en EUR, USD et CHF et la plupart en capitalisation et en distribution. Les fonds suivants sont ouverts à la distribution publique en Belgique.
- LAKEFIELD UCITS-SICAV - DYNAMIC GLOBAL CORE Classe A (EUR) LU0618355985 Accumulating
- LAKEFIELD UCITS-SICAV - DYNAMIC WORLD EQUITY Classe A (EUR) LU1225541637 Accumulating
- LAKEFIELD UCITS-SICAV – SWISS EQUITY long/short EUR LU1543686635 Accumulating
Le fonds Dynamic World Equity est coté 5 étoiles par Morningstar.
La société propose également un Swiss equity Large Cap et un Swiss equity mid and small cap. Ceux-ci peuvent offrir aux investisseurs européens une alternative défensive aux actions en CHF sans la surconcentration typique dans Nestlé, Novartis et Roche.