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Les marchés des actions semblent résolument orientés à la hausse. Rien ne semble les faire durablement dévier de leur trajectoire depuis le début de l’année, selon Nadège Dufossé de Candriam.

Les tensions entre l’Iran et les États-Unis au début du mois de janvier ont provoqué une petite hausse de la volatilité, vite retombée vers les plus bas niveaux de décembre. Plus récemment la communication par l’OMS de la découverte d’un nouveau coronavirus en Chine a produit une vague d’inquiétude un peu plus sérieuse sur les marchés à la fin du mois de janvier, déjà presque oubliée. Le marché américain (S&P 500) est en hausse de plus de 4 % depuis le début de l’année et atteint un nouveau sommet historique ce jour (11 février 2020). Le contraste entre la force du momentum positif sur les grands indices actions et le flux de nouvelles anxiogènes qui nous est livré chaque jour a rarement été aussi important. Alors, optimisme ou complaisance ?

Les investisseurs en actions semblent avoir résolument choisi un camp plutôt optimiste. Nous savons que le premier trimestre sera fortement impacté par les mesures exceptionnelles prises par les autorités chinoises : des zones géographiques représentant presque 50 % du PIB de la Chine sont concernées par des mesures de quarantaine ou des limitations de déplacements, la fermeture d’entreprises et d’usines a été prolongée au-delà de la période habituelle de congés liée au nouvel an chinois. Certains secteurs sont sévèrement touchés : la Chine représente presque 30 % de la production manufacturière, plus de 20 % de la consommation d’énergie dans le monde, et un peu plus de 10 % de la consommation mondiale.

Consommation et production vont être « temporairement » très affectées en Chine et dans les pays qui lui sont fortement liés. Dès lors, sur quoi repose l’optimisme dont semblent faire preuve les investisseurs en actions ? En simplifiant, on peut dire que les marchés des actions prennent en compte l’idée que cet impact négatif, même fort, n’est que temporaire et sera largement rattrapé sur la seconde partie de l’année. Ceci est possible si le pic de l’épidémie est en vue dans les prochaines semaines, le taux de mortalité ne progresse pas et la contagion en dehors de la Chine reste très limitée. Dans ces conditions, l’activité va reprendre progressivement et compenser au cours des deuxième et troisième trimestres les pertes subies en début d’année. Les investisseurs considèrent qu’un mauvais premier trimestre est un élément connu, et se concentrent sur le reste de l’année…

Est-ce raisonnable ? À partir de quand bascule-t-on dans la complaisance ? Tous les marchés financiers n’envoient pas les mêmes signaux. Le prix du pétrole a chuté de 25 % depuis début janvier, les prix des métaux industriels sont également en baisse de 10 % et les taux américains sont revenus vers des niveaux proches de l’été dernier quand les investisseurs craignaient une récession en 2020. Les investisseurs sont sélectifs également dans leurs choix d’actions : les styles « croissance » et « qualité » surperforment les valeurs cycliques et « value ». On ne saura qu’à posteriori si les marchés des actions étaient optimistes ou complaisants.

Les marchés des actions reflètent clairement plus d’optimisme que les matières premières ou les taux. Nous avons fait le choix depuis fin janvier d’être un peu plus prudents, en attendant d’avoir une meilleure visibilité sur l’évolution et l’impact de cette épidémie.
 

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