La DSP 2 n’a pas encore apporté l’innovation attendue sur le marché des paiements. Pour les plateformes d’investissement ouvertes, cela semble encore beaucoup trop tôt, bien que ce soit peut-être justement là que réside la plus grande valeur ajoutée.
La directive européenne DSP 2 a été transposée dans le droit belge il y a deux ans. La directive européenne proprement dite date de 2015 et signifie Directive sur les Services de Paiement 2. L’un des changements les plus profonds est l’obligation pour les banques d’ouvrir les comptes de paiement de leurs clients aux tiers agréés. Ainsi, d’autres banques ou entreprises peuvent également organiser des paiements, vérifier le solde ou obtenir des informations sur le compte (à condition que les clients donnent leur autorisation). Cela a ouvert la voie aux opérations bancaires ouvertes, ce qui devrait permettre toute une série de nouvelles possibilités. « Je pense que nous attendions tous beaucoup plus des opérations bancaires ouvertes. Le paysage bancaire change certes un peu, mais très lentement », explique Jeroen Dossche, Managing Partner au cabinet de conseil financier Capco Belgium. « Les banques sont encore très en retard sur le terrain. Pour commencer, elles ont été confrontées à la grande complexité liée à l’accès aux informations des clients par des tiers, surtout dans les domaines de la sécurité et de la lutte contre la fraude. Dans le même temps, il est également contre-intuitif pour les banques de partager toutes leurs données. »
Finance ouverte
Selon Capco, bien que la DSP 2 n’ait pas encore atteint sa vitesse de croisière, elle ne constitue pas le point final et évoluera en ce que certains appellent la ‘DSP 3’. « Mais peut-être devrions-nous parler de ‘finance ouverte’, car cela va au-delà des comptes de paiement avec lesquels cela a commencé au départ. » Ainsi, les fintechs et les banques pourront offrir à leurs clients des services supplémentaires tels que prêts, crédits et conseils en investissement. Dossche : « Pour l’instant, l’accent est mis sur les comptes de paiement, alors que les mêmes objectifs sont parfaitement applicables dans le monde de l’investissement. De plus, c’est peut-être là que réside justement la plus grande valeur ajoutée. L’analyse de la structure des dépenses est très intéressante, mais cela serait encore beaucoup plus précieux si les investisseurs pouvaient agréger leurs portefeuilles d’investissement, qui sont aujourd’hui souvent dispersés entre différentes institutions financières et sont plus complexes que de simples soldes de comptes. Cela pourrait également briser l’asymétrie de l’information, ce qui offrirait un bien meilleur aperçu aux investisseurs. »
Pourtant, cela semble bien trop tôt pour cela. Dossche : « Quand on voit combien il est difficile d’échanger des données de paiement relativement simples, cela semble encore bien trop tôt pour parler de finance ouverte dans le monde de l’investissement. En effet, c’est encore beaucoup plus complexe que de simplement rassembler des données de paiement. »
Lent
La lenteur de l’évolution vers les services bancaires ouverts et la finance ouverte est en partie due aux banques. « Elles ressentent encore beaucoup de résistance, tout simplement parce qu’elles n’en voient pas l’intérêt. Elles pensent encore souvent en fonction de leur propre gamme de produits et veulent surtout fidéliser leurs clients avec leurs produits. Cependant, les banques pourraient également attirer de nombreux nouveaux clients si elles s’ouvraient complètement, si elles embrassaient toutes les possibilités et s’avéraient être la principale plateforme offrant aux clients une solution intégrée à leurs besoins. » D’ailleurs, il n’y a pas que les banques elles-mêmes qui freinent le mouvement. Les consommateurs belges se montrent eux aussi peu intéressés pour l’instant par les possibilités de services bancaires ouverts. Dossche : « Le véritable déclencheur sera le moment où les consommateurs sentiront qu’il y a une réelle valeur ajoutée pour eux également. Dès que l’intérêt augmentera de ce côté-là, les choses pourront aller très vite. »
Les banques ont tout intérêt à s’y préparer. Dossche : « Il suffit d’attendre qu’un acteur bouleverse le secteur avec un nouveau modèle, comme cela s’est déjà produit dans d’autres secteurs. » Selon Dossche, les acteurs du monde de l’investissement doivent examiner les possibilités sous deux angles : peuvent-ils devenir une platform of choice qui peut elle-même offrir une très large gamme de produits ou de services ? Ou bien peuvent-ils distribuer leurs propres produits via une plateforme externe et ainsi atteindre un marché plus large ? « La plate-forme gagnante sera celle qui réussira le mieux à offrir des solutions répondant aux besoins concrets du client d’une manière sûre et simple », conclut Dossche.