Didier Saint-Georges, Carmignac
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Les tensions géopolitiques sont une mauvaise nouvelle pour les perspectives de croissance des marchés boursiers, et l’Europe pourrait être la victime des tensions entre la Chine et les Etats-Unis. Dans le portefeuille d’actions, il faut privilégier les valeurs de croissance peu exposées sur le cycle. 

Depuis le début du mois de mai, le durcissement de la position de l’administration Trump dans les négociations commerciales avec la Chine est venue perturber l’équilibre fragile qui existait sur les marchés financiers. Pour Didier Saint-Georges (Membre du Comité d’investissements de Carmignac Risk Managers), « la question qui se pose aujourd’hui est de savoir si une nouvelle accélération de la croissance globale peut l’emporter sur le ralentissement économique aux Etats-Unis. Et dans ce domaine, notre jugement reste qu’un éventuel sursaut sera empêché par des contraintes structurelles (surendettement, contraintes des politiques monétaires, etc) et conjoncturelles (guerre commerciale)». Sur le plus long terme, Didier Saint-Georges estime que les facteurs géopolitiques vont impact le commerce mondial et le cours des actifs financiers pour la première fois depuis trente ans. 

Guerre commerciale

« Les marchés ont mis du temps à admettre que les tensions entre les Etats-Unis et la Chine reflètent une rivalité stratégique davantage qu’un conflit commercial ». Dans ce contexte, Didier Saint-Georges estime que les Etats-Unis de Donald Trump risquent d’étendre progressivement leurs mesures de rétorsion à l’encontre de l’ensemble des pays avec lesquels le pays entretient un solde commercial déficitaire, en premier lieu le Japon et l’Allemagne. 

Et la remise en cause du modèle de globalisation des décennies précédentes va entraîner une perturbation durable des chaînes logistiques qui aura un impact global pour les marges des entreprises et pour les coûts qui seront supportés par les consommateurs. « Dans ce contexte, il est donc difficile de tabler sur une hausse des valorisations pour les marchés boursiers à partir des niveaux actuels ». 

Banques centrales

Les actions des banques centrales vont rester prépondérantes pour atténuer l’impact des chocs macroéconomiques. « La politique de la Réserve Fédérale devra prendre un tour autrement plus accommodant pour endiguer les effets déflationnistes des tensions commerciales », indique encore Didier Saint-Georges. « Le risque est donc que la pression sur les bourses doive s’élever bien davantage avant qu’un virage monétaire marqué change la donne ». 

Et dans ce contexte, la position de l’Europe va rester difficile, avec un agenda de réformes qui est aujourd’hui à l’arrêt tandis que plusieurs pays n’ont reconstruit aucune marge de manœuvre afin de compenser le prochain ralentissement économique, notamment la France et l’Italie.  « L’Europe ne dispose pas d’atouts suffisants pour défendre efficacement ses intérêts dans un monde de rivalités mercantilistes croissantes, que ce soit au niveau de la cohésion économique et politique ou de la puissance de ses groupes privés ». Le continent européen subira donc le ralentissement économique lié au ralentissement du commerce mondial, mais pourrait également souffrir d’un accord entre la Chine et les Etats-Unis qui se ferait à son détriment. 

Prudence

Dans ce contexte difficile, Didier Saint-Georges souligne que la stratégie d’investissement est restée prudente durant les derniers mois, avec une exposition sur les marchés boursiers modérée qui privilégie les valeurs de croissance peu exposées sur le cycle économique. « Et pour le portefeuille obligataire souverain, nous avons adopté des durations relativement longue (afin de profiter de la baisse des taux) ainsi que des positions très sélectives dans la dette privée ». 

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