L’économie belge ne va plus progresser d’1,9 pour cent, mais d’1,6 pour cent : voilà le nouveau pronostic de la banque CBC, selon laquelle ce ralentissement de la croissance est à attribuer au climat défavorable du commerce international, aux risques politiques ainsi qu’à l’augmentation du prix du pétrole. Les causes du ralentissement sont essentiellement d’ordre international, tandis que le faible potentiel de croissance est dû à des facteurs internes.
Diverses institutions nationales et internationales ont récemment publié leurs prévisions de croissance pour l’économie belge. Ces chiffres – en moyenne, 1,8 pour cent de croissance économique réelle pour 2018 – supposent la poursuite de la relance économique, mais CBC considère ces prévisions comme trop optimistes. La banque prévoit une croissance plus proche de la croissance potentielle belge qui, selon la Commission européenne, s’élève à 1,4 pour cent. Ce ralentissement, minime à première vue, fait partie, selon la banque, d’un retard de croissance persistant par rapport aux pays voisins. Avec une croissance potentielle de seulement 1,4 pour cent, il reste donc, toujours d’après CBC, beaucoup de travail à accomplir.
La Belgique, un bateau ivre
Avec 0,4 pour cent de croissance économique réelle au premier trimestre 2018, l’économie belge, pour CBC, a clairement déçu. Certes, notre pays suit bien la tendance européenne générale, mais ce recul constaté au premier trimestre a été une surprise. Aussi, les experts de CBC estiment que ce déclin ne sera pas temporaire, mais se poursuivra longtemps après 2018. Pour la banque, ses causes sont internationales, mais un ralentissement attendu des investissements privés et des investissements publics insuffisants constituent d’autres entraves au potentiel de croissance future. Les économistes des banques estiment que des réformes drastiques sont indispensables si l’on veut éviter que la Belgique devienne « un bateau ivre sur les turbulentes eaux internationales ».
L’exportation belge sous pression
CBC voit dans la diminution des commandes à l’exportation un premier signal alarmant. La demande étrangère pour les produits et services belges serait sous pression, ce qui s’explique en partie par le protectionnisme croissant et la possible escalade des différents conflits commerciaux que les États‑Unis semblent vouloir provoquer. À première vue, la Belgique, en raison de l’attention particulière accordée au marché européen, semble moins touchée, mais elle finira par l’être plus fortement car notre pays, en tant que fournisseur de ses pays voisins, a un contrôle moindre sur l’ensemble de la chaîne d’exportation. De plus, l’euro, relativement fort, joue des tours à l’ensemble de l’exportation européenne, et les coûts salariaux belges remontent. Notre compétitivité internationale se retrouve ainsi de nouveau compromise.
Un pétrole plus cher
Un second facteur qui pèse sur les prévisions pour l’économie belge est l’augmentation du prix du pétrole. Par rapport à d’autres économies européennes, l’économie belge a toujours été assez fortement influencée par les mouvements du prix du pétrole, notamment en raison de l’importance de son secteur chimique et son intensité énergétique relativement élevée. Cette augmentation du prix du pétrole n’est pas motivée par une augmentation de la demande, mais par les tensions internationales, et il est classique, selon la banque, qu’un choc pétrolier exogène de ce genre ait une incidence négative sur la conjoncture belge. En outre, toujours d’après CBC, une augmentation du prix du pétrole a généralement des répercussions négatives sur la balance commerciale belge.
Les indicateurs de confiance montrent une baisse du moral
Enfin, les indicateurs de confiance montrent une baisse du moral dans les entreprises belges. D’après CBC, le phénomène est relativement uniforme quel que soit le secteur, à l’exception du secteur de la construction. Les indicateurs du secteur manufacturier sont essentiellement en berne en raison du contexte international conflictuel.
Un aspect positif toutefois : la croissance économique effective reste supérieure à la croissance potentielle, ce qui, selon la banque, est principalement dû à la croissance relativement forte pour ce qui concerne la consommation et les investissements, croissance pour la plus grande part de laquelle ce sont les investissements privés qui ont joué un rôle de moteur. Mais cette croissance aura une fin, due, d’après CBC, à la pénurie de travailleurs disponibles sur le marché du travail belge. De surcroît, beaucoup d’investissements sont ciblés à court terme. Si l’on ajoute à cela des investissements publics particulièrement faibles, la banque estime que la Belgique ne parviendra pas à augmenter substantiellement son potentiel de croissance future.