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La disruption raye des entreprises et des secteurs entiers de la carte. Les gagnants sont difficiles à prévoir. Grâce aux mégatendances, il est plus facile d’identifier anticipativement les perdants, explique Henk Grootveld, responsable des investissements de tendance chez Lombard Odier IM.

Avec deux autres gestionnaires, Grootveld a quitté au début de l’année dernière Robeco, où il était également responsable des investissements de tendance, pour rejoindre Lombard Odier IM. Pour le gestionnaire d’actifs suisse, il a créé un fonds fintech et gère le fonds Golden Age. Jusqu’à présent, les performances ont été bonnes. « Depuis le début, nous avons battu le MSCI World. C’est conforme à notre objectif, qui consiste à ce que tous les fonds de tendance surpassent l’indice mondial de 4 points de pourcentage par an sur une période de trois à cinq ans. »

Selon Grootveld, c’est éviter les perdants qui contribue principalement à la surperformance attendue. Il souligne que seul un petit nombre d’actions est responsable de la hausse du marché actions. « 95 % des actions américaines n’ont pas été en mesure de surpasser le rendement des obligations d’État américaines au cours des 90 dernières années. »

Cela explique également l’incapacité de la plupart des fonds d’investissement à battre le marché sur le long terme, estime-t-il. « Les stock pickers essaient de prédire les gagnants, mais en pratique, c’est très difficile. Les investisseurs de tendance, en revanche, essaient d’identifier anticipativement les perdants », explique Grootveld. 
« Les investisseurs de tendance réfléchissent aux changements qui ont eu lieu dans l’économie et la société et qui nous attendent dans les décennies à venir. Ensuite, vous identifiez les entreprises qui en pâtiront. Je le fais depuis maintenant quinze ans et mon expérience montre que les deux tiers de la surperformance sont attribuables au fait d’éviter les perdants. En évitant les perdants, vous gagnez. » 

Deux mégatendances 

Selon Grootveld, les classifications sectorielles traditionnelles n’offrent pas un bon point de départ pour les investissements de tendance. Par exemple, les entreprises qui fabriquent des logiciels pour le secteur financier sont classées par le MSCI dans le secteur de la technologie. Mais les entreprises technologiques actives dans les domaines de l’IT et de la santé relèvent du secteur des soins de santé, explique Grootveld. « En conséquence, environ 50 % de notre fonds fintech se trouve dans le secteur financier et 50 % dans les entreprises technologiques. Dans notre fonds healthtech, qui sera lancé prochainement sur le marché, le secteur de la santé a par contre une pondération de 95 %. L’allocation sectorielle classique n’est donc pas pertinente pour nous. »

Il distingue deux mégatendances que les entreprises doivent embrasser pour survivre. La première est la vague de numérisation, qui a un impact majeur sur les secteurs de la consommation, de la finance et de l’industrie. « Nous sommes à la fin de cette vague dans la plupart des secteurs. Les soins de santé, qui en sont encore aux premiers stades de la numérisation, constituent l’exception. »

Les développements démographiques tels que le vieillissement et la diminution de la population sont la deuxième grande tendance que cible Grootveld. « Après la Seconde Guerre mondiale, le monde a connu une croissance démographique énorme, avec une grande prospérité à la clé. Cette situation est maintenant à son apogée. Dans les grands pays, la population active diminue. Prenez la France, l’Italie, l’Allemagne et le Japon, mais aussi la Corée du Sud et la Chine. Cela aura des répercussions sur la société et l’économie. » 

Inégalités croissantes 

Grootveld cible également deux méga-défis : le changement climatique et l’augmentation des inégalités dans le monde. « Nous pensons que la pandémie a contribué à ce que les inégalités atteignent un point culminant. L’appel à des salaires plus élevés augmente partout. »

Dans les fonds de tendance, il recherche des entreprises qui offrent une solution à ces grands défis et qui gèrent bien ces deux mégatendances. Selon Grootveld, l’une des plus fortes opportunités de croissance de cette décennie se situera dans le secteur des soins de santé. « Nous pensons que la numérisation des soins de santé entraînera d’énormes changements. »

L’objectif du nouveau fonds healthtech est d’améliorer les soins à moindre coût. Par exemple, il s’agit d’entreprises technologiques qui développent des outils numériques permettant aux patients de suivre leurs propres données. Cela améliore l’efficacité, mais aussi les diagnostics, explique Grootveld. « C’est un beau bonus, car la santé de chacun est l’un des objectifs de développement durable des Nations unies. »

Un autre exemple est que la numérisation croissante du secteur financier a considérablement réduit les coûts, de sorte que pratiquement tous les Indiens ont maintenant un compte bancaire. « Les entreprises de notre fonds fintech contribuent donc également à la réduction des inégalités dans le monde. » 

Les entreprises dans lesquelles Grootveld investit connaissent généralement une croissance nettement plus rapide que le produit intérieur brut et sont de grande qualité. « Elles obtiennent un rendement élevé sur le capital investi et, grâce à leur solide flux de trésorerie, ne dépendent pas de financements extérieurs pour leur croissance. De préférence, elles ont également des revenus récurrents, ce qui renforce la stabilité. »

Bien que ces actions ne soient généralement pas les moins chères, Grootveld estime qu’elles ont suffisamment de valeur sur le marché. « Si vous vous tenez à l’écart des FANG et des hypes comme Tesla, vous pouvez toujours trouver de nombreuses actions de croissance à valeur attractive qui ont un ratio PEG d’environ 1. »

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