Jan Vergote
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En tant qu’analyste financier, je me jette dans la gueule du loup, à savoir celle de l’intelligence artificielle (IA) et de ChatGPT. Ces technologies vont-elles rendre mon travail superflu dans un avenir proche ? L’intelligence artificielle va-t-elle prendre en charge l’analyse et l’évaluation des marchés financiers, éliminant ainsi l’intervention humaine dans la décision d’investissement ?

 J’ai demandé à ChatGPT si les actions américaines étaient actuellement surévaluées. Voici la réponse du populaire chatbot : « Déterminer si le S&P500 est surévalué dépend de différents facteurs, dont la valorisation, les conditions économiques, les bénéfices des entreprises et les attentes du marché. Il est conseillé de consulter des sources d’informations financières. »

Heureusement, ChatGPT ne fournit pas de réponse directe. Pour le moment, je suis rassuré, car je peux en dire nettement plus que lui sur les facteurs énumérés.

Comment ChatGPT définit-il la différence entre l’IA et ChatGPT ? 

L’intelligence artificielle désigne les systèmes informatiques capables d’accomplir des tâches nécessitant une intelligence humaine. Cela inclut notamment l’apprentissage automatique (machine learning), l’apprentissage profond (deep learning) et le traitement du langage naturel. L’apprentissage automatique utilise des données pour identifier des modèles et des tendances ; il est notamment utilisé par l’investissement momentum.

L’apprentissage profond se réfère à l’utilisation de multiples couches dans le réseau neuronal (imitant le fonctionnement du cerveau humain) permettant l’exécution de tâches complexes (comme la reconnaissance d’image et de langage, le traitement du langage ou jouer à des jeux complexes). Le traitement du langage naturel par l’IA (également connu sous le nom de NLP ou Natural Language Processing) permet aux ordinateurs de comprendre, de traiter et de générer une langue. Les chatbots utilisés par de nombreuses entreprises pour répondre en ligne aux questions de leurs clients en forment un exemple simple. 

Un exemple intéressant de reconnaissance du langage et de la parole par l’IA est l’analyse des rapports annuels et des rapports financiers des entreprises. Dans ces documents, l’intelligence artificielle analyse par exemple l’usage des mots, afin de déterminer s’ils expriment un certain sentiment concernant les résultats et les attentes. Cela a incité les entreprises à utiliser plus fréquemment certains mots ou, à l’inverse, à les éliminer de leur vocabulaire.

Ce qui est nouveau, c’est que les commentaires oraux du CEO ou du CFO sont également analysés sur le plan de l’intonation, par exemple. Il ne s’agit donc pas seulement de savoir ce qui est dit, mais aussi de la manière dont cela est dit, et de la crédibilité de l’expression. Le gestionnaire d’actifs Robeco fait appel à cette technologie.

ChatGPT est un chatbot formé à l’aide du GPT (Generative Pre-Training Transformer), un modèle spécifique de traitement du langage développé par OpenAI. Le modèle traite d’énormes quantités de texte provenant de diverses sources en ligne (sites Web, livres, articles de presse, revues scientifiques) afin de simuler une interaction humaine. Il peut être utilisé pour générer du texte, traduire, résumer et discuter. Il s’agit d’une application concrète de l’IA qui connaît une popularité croissante dans de nombreuses entreprises.

ChatGPT est ce que l’on appelle une IA générative. Cela signifie qu’il génère de nouveaux contenus ou textes sur la base de modèles et de caractéristiques du langage humain qui ont été appris au cours des processus d’entraînement. L’IA générative a la capacité de générer de nouvelles données similaires à celles qu’elle a rencontrées lors de son entraînement. Cela me fait penser à la génération de nouvelles paroles de chansons. Sur la base de milliers de paroles de chansons, l’IA générative « écrit » une nouvelle chanson romantique, qui est ensuite retravaillée par l’artiste dans la phase finale. 

Je pose une nouvelle question à ChatGPT : « Quelle est la meilleure méthode pour investir dans les actions européennes ? » La réponse est la suivante : « Recherche et connaissances, diversification, fonds d’investissement et ETF, entreprises solides, gestion du risque, risque de change, évaluation régulière et consultation d’un conseiller en investissement. »

 Dans la réponse obtenue, je retrouve un amalgame de textes sur l’investissement que le système a examinés à l’échelle mondiale, et avec lesquels il élabore une réponse plausible. Mais ChatGPT ne précise pas ce que je dois rechercher, si je dois investir dans un fonds d’investissement géré activement ou dans un ETF passif, ni comment gérer le risque de change. Le chatbot est cependant suffisamment intelligent pour me conseiller de consulter un conseiller en investissement. 

La réponse à ma question est un mélange de réponses plausibles, révélant d’emblée la faiblesse de l’intelligence artificielle en matière d’investissement. Dans la deuxième partie de ma chronique, qui paraîtra mardi prochain sur Investment Officer, je discuterai des avantages, des inconvénients et des risques liés à l’IA et l’investissement.

Jan Vergote est analyste et conseiller financier indépendant.

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