Christophe Hamal
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Pourquoi aime-t-il poser des questions « idiotes » ? Pense-t-il toujours que l’avenir sera rose pour les courtiers en assurances ? Et comment en est-il arrivé à naviguer entre Bruxelles et Bâle à bord de son propre petit avion ? Christophe Hamal, CEO de Baloise Belgique, répond à toutes ces questions dans notre podcast Le Miroir.

 

Christophe Hamal a grandi dans le sud d’Anvers, étudié à Louvain et travaillé trois ans en Afrique. Il a ensuite repris des études à Paris, avant de travailler à Singapour et à Londres. Aujourd’hui, il vit à Overijse, tout en naviguant entre Bruxelles et Bâle, en Suisse, où se trouve le siège de Baloise.

« J’ai besoin de cette dimension internationale. J’apprécie la diversité des perspectives et le contact avec différentes régions du monde. La Belgique est un petit pays et, bien qu’elle soit ouverte, une focalisation excessive sur notre pays ne me semble pas saine. »

Christophe Hamal est CEO de Baloise Belgique et joue également un rôle actif au niveau du groupe. « Il est important pour moi d’être proche du groupe et de participer activement à son orientation stratégique. C’est important non seulement parce que la Belgique représente un marché important pour Baloise, mais aussi pour la Belgique elle-même. En exerçant davantage d’influence sur les discussions et la stratégie au sein du groupe, la position de la Belgique en ressort plus forte et plus stable. »

Questions idiotes

Avant de rejoindre Baloise, Christophe Hamal a été pendant cinq ans CEO de la fintech Buy Way, spécialisée dans les prêts personnels et les solutions de financement. Auparavant, il avait travaillé de nombreuses années au Boston Consulting Group, où il conseillait des entreprises sur les acquisitions, les restructurations et les transformations numériques dans le secteur financier en Belgique et dans les pays voisins.

« Dans le cadre de mes précédentes fonctions, j’étais plus proche du secteur bancaire que du monde de l’assurance. C’est intéressant, car cela m’amène aujourd’hui à aborder de nombreuses questions sous un angle différent, ce qui donne souvent lieu à des débats passionnants. J’ai longtemps essayé de rester l’outsider, afin de pouvoir poser des questions « idiotes ». Paradoxalement, ces questions suscitent souvent des discussions intéressantes. Cependant, après deux ans, il m’est difficile de continuer à jouer ce rôle de manière crédible. »

L’expérience de Christophe Hamal en matière de technologie et de numérisation acquise dans le secteur bancaire vient à point nommé. « Dans ce domaine, le secteur bancaire a toujours eu une longueur d’avance sur celui de l’assurance. À mon avis, nous n’en sommes qu’au début d’une période qui sera dominée par la numérisation et où les assurances seront pilotées par la technologie. Dans les banques, cette accélération a commencé il y a une dizaine d’années, mais dans le monde de l’assurance, cette évolution ne fait que commencer. C’est précisément ce sur quoi nous travaillons actuellement. »

Courtiers

En Belgique, les courtiers demeurent le principal canal de vente pour le secteur de l’assurance. Contrairement à ce qui se passe dans le secteur bancaire, Christophe Hamal ne s’attend pas à ce que cette situation change de sitôt.

« Cela fait 20 ans qu’on annonce régulièrement la disparition des courtiers, et j’ai moi-même adhéré à cette idée. Pourtant, qu’avons-nous constaté ? La position des courtiers s’est au contraire renforcée. Ce n’est pas un hasard : ils constituent un canal de très haute qualité. Les courtiers sont passionnés par leur métier et disposent d’une solide expertise technique. Ils jouent un rôle de conseil essentiel dans la relation entre le client et son assurance. C’est une richesse à préserver. »

Christophe Hamal compare cette situation à celle des banques : « Ces dernières années, les banques se sont concentrées sur le contact numérique avec leurs clients et les interactions physiques se limitent aux situations nécessitant un conseil urgent. Mais elles ont poussé cette logique trop loin. La relation de confiance, pourtant cruciale dans les questions financières, a souvent disparu. Pour beaucoup de clients, le lien avec leur banquier est devenu distant et purement transactionnel. C’est une erreur qu’en tant qu’assureurs, nous devons absolument éviter. »

Londres

Christophe Hamal a grandi dans une famille flamande de classe moyenne. Sa mère était assistante de direction, tandis que son père travaillait dans l’informatique. Grâce à sa mère, il possède également la nationalité britannique. Lui-même a passé plusieurs années dans le secteur des fonds spéculatifs à Londres.

« Je suis convaincu que Londres est l’un des plus grands pôles financiers au monde, si pas le plus grand. La qualité des professionnels et l’intensité de l’activité y sont incroyables. Par exemple, lorsqu’on part en roadshow pour l’émission d’obligations, on se rend dans des villes comme Amsterdam, La Haye, Francfort et Paris. Là-bas, on fait une présentation, on répond à quelques questions, puis des discussions intéressantes s’ensuivent. Mais à Londres, le niveau monte de plusieurs crans. Pas besoin de faire de présentations, ils les ont déjà lues. Ils vous bombardent immédiatement de questions. C’est vraiment impressionnant. Si vous aimez la finance, il faut avoir travaillé au moins quelques mois à Londres. C’est une expérience unique. »

Ambitieux

Christophe Hamal a débuté sa carrière comme consultant chez Roland Berger. « À l’époque, j’étais totalement immature. Je me suis retrouvé là par hasard, parce qu’en tant qu’étudiant, j’avais l’opportunité de passer un week-end gratuit à Stockholm pour participer à une session de tests en vue d’un stage. C’est ainsi que tout a commencé pour moi. C’était un départ idéal, car j’y ai énormément appris. Ce type de poste vous met constamment sous pression. Il vous apprend à penser de manière structurée et vous pousse parfois à vous dépasser. On découvre que le travail acharné est parfois nécessaire pour repousser ses propres limites. »

En tant que consultant, il a principalement travaillé sur des projets de restructuration dans l’industrie lourde. « Dans ce rôle, on est confronté à tellement de situations différentes qu’on apprend rapidement à cerner le cœur d’un problème. C’est une compétence qui m’a accompagné tout au long de ma carrière. »

Aventure africaine

Après Roland Berger, Christophe Hamal a rejoint une holding belge qui avait remporté un appel d’offres au Gabon pour intégrer, privatiser et rentabiliser trois entreprises agroalimentaires publiques.

« J’avais à peine 25 ans et ce fut une aventure monumentale, avec son lot de sang, de sueur et de larmes. À l’époque, mon français se limitait à ce que j’avais appris à l’université, pas beaucoup plus. »

Au Gabon, il a souvent dû négocier avec des banquiers français. « Comme j’étais jeune, j’avais souvent droit à des remarques du genre : « Et papa, il arrive bientôt ? C’est vraiment avec toi qu’on va traiter ? » Mais c’est formateur. Heureusement, j’avais déjà l’habitude d’être le plus jeune, car c’était souvent le cas lorsque j’étais consultant. »

Christophe Hamal se souvient de cette période avec plaisir. « L’avantage d’une expérience d’expatrié, c’est qu’on se voit souvent confier un poste beaucoup plus élevé que ce qu’on pourrait espérer à cet âge. Cela permet d’apprendre énormément et de faire des erreurs sans être constamment sous les projecteurs. J’en ai fait beaucoup, mais elles m’ont rendu plus fort. Et le fait d’être loin, en Afrique, a aussi aidé. »

Pilote

De son aventure africaine, Christophe Hamal a également gardé une passion pour l’aviation. « Le Gabon est un vaste pays, et je devais souvent me déplacer entre plusieurs sites. L’entreprise disposait d’un petit avion et un jour, j’ai demandé au pilote de m’apprendre à voler. J’ai pu m’entraîner régulièrement, puis je suis parti aux États-Unis pour obtenir mon premier brevet de pilote. »

Christophe Hamal est toujours un pilote passionné. Avec quelques amis, il possède son propre avion. Pour se rendre aux réunions à Zurich, il préfère piloter lui-même, et lors des vacances en famille dans le sud de la France, il aime être aux commandes.

« L’aviation est quelque chose de vraiment unique. Elle procure un immense sentiment de liberté, comme si on était un oiseau dans le ciel. Cependant, elle exige aussi une formation poussée et un perfectionnement constant. Chaque année, il faut passer des tests, des examens et des épreuves pratiques. C’est une activité qui allie l’émotion de la liberté et la rigueur de la formation, des règles et des techniques. C’est une véritable passion. »

Équilibre vie professionnelle - vie privée

Christophe Hamal s’efforce également de consacrer du temps à sa famille et à ses amis. « Dès que j’ai un moment de libre, j’en profite pour faire quelque chose avec mes amis ou ma famille. Mais je ne crois pas à la séparation stricte entre vie privée et vie professionnelle. Ce n’est pas réaliste lorsqu’à un moment donné dans sa carrière, on a un certain niveau de responsabilités. On ne peut pas simplement « déconnecter » le vendredi soir. Cela ne fonctionne pas comme ça. J’ai trouvé beaucoup de sérénité en acceptant que les deux aspects se mêlent. »

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