L’économie mondiale se redresse. Les investisseurs ont anticipé une nouvelle stabilisation macroéconomique en relevant fortement les cours boursiers. Tel est ce qu’a déclaré Stefan Kreuzkamp de chez DWS lors d’un entretien avec la plateforme sœur Fondsnieuws.
Ni la Chine ni les États-Unis n’ont actuellement intérêt à une nouvelle escalade de la guerre commerciale. Les marchés ont également placé leurs espoirs dans la nouvelle présidente de la BCE, Christine Lagarde, qui doit convaincre les économes pays du nord de la zone euro de prendre la relève de la relance de la BCE. Toutefois, il est extrêmement improbable qu’elle y parvienne.
L’accord de sortie du Royaume-Uni de l’UE que Boris Johnson est (enfin) parvenu à conclure avec les dirigeants européens a été un des facteurs sous-jacents à la récente reprise des actions européennes. Cependant, il est probable que le Brexit causera à nouveau des maux de tête aux investisseurs en 2020, lorsque devront commencer les négociations complexes sur un accord commercial post-Brexit.
« Ces dernières semaines, les marchés ont réagi positivement à une nette réduction des risques politiques, et cet optimisme est dans une large mesure justifié. Je pense en effet que nous pouvons nous attendre prochainement à un accord commercial entre la Chine et les États-Unis. Trump a besoin d’une séance photo avec Xi Jinping afin d’être en mesure d’afficher un succès dans la période précédant les élections présidentielles.
En outre, la guerre commerciale commence également à affecter l’économie américaine. Jamais les exportations américaines n’avaient été aussi faibles depuis 2008. De plus, le déficit commercial n’a pas diminué, mais s’est accru suite à la guerre commerciale. Il s’agira probablement d’un accord limité, avec lequel les tarifs douaniers actuels seront maintenus, mais convenant qu’aucun nouveau tarif ne viendra s’ajouter. Le conflit à long terme entre les États-Unis et la Chine porte sur la suprématie technologique et se poursuivra, mais je m’attends à ce que le marché accueille positivement cet accord limité.
Une trêve entre la Chine et les États-Unis n’incitera pas Trump à introduire des droits de douane sur les importations de voitures européennes, car Trump veut probablement éviter un nouveau conflit commercial à l’approche des élections afin de ne pas nuire à l’économie. Il ne doit en effet plus attendre d’aide de la Fed. Powell ne réduira plus les taux d’intérêt avant les élections, car il ne veut pas que l’on puisse soupçonner qu’il contribue à la campagne électorale de Trump.
Je prévois que les marchés boursiers européens auront de nouveau de beaux jours devant eux si ces tarifs douaniers sur les voitures ne sont effectivement pas appliqués. Pour la première fois depuis des années, les actions européennes offrent de meilleures perspectives de bénéfices que les actions américaines, et les développements du Brexit sont également favorables. La chance de ne pas avoir de Brexit du tout est passée à 50% en raison de l’annonce d’élections, parce que je ne m’attends pas à ce que les élections britanniques donnent une majorité claire pour le ‘Leave’. Je pense que l’écart de valorisation entre valeur et croissance a atteint son point culminant, mais j’estime qu’il est encore trop tôt pour une nette surpondération de l’Europe.
La raison principale en est la faible croissance. L’économie est comme un avion : il faut une certaine vitesse de base, sans quoi il s’écrase. Avec une croissance prévue inférieure à 1%, l’Europe s’en approche dangereusement. Nous ne nous attendons pas non plus à ce qu’une impulsion budgétaire donnée par l’Allemagne stimule la croissance. L’Allemagne mène déjà pour sa part une politique budgétaire raisonnablement stimulante, et je m’attends à ce que le ‘zéro noir’ (schwarze Null) reste finalement sacro-saint. À cet égard, les investisseurs ont peut-être des attentes trop élevées.
L’écart de valorisation entre valeur et croissance a atteint son point culminant, mais pour une véritable surperformance des actions de valeur, nous avons besoin d’une croissance plus forte et de meilleures perspectives macroéconomiques. Je ne vois pas encore cela se produire, sauf peut-être en Asie.
C’est également là que se trouve notre surpondération la plus importante en termes d’allocation d’actifs, tant pour les actions que pour les obligations. Nous surpondérons également les services financiers mondiaux. Par contre, nous sous-pondérons l’immobilier, les services publics et autres ‘bond proxies’. Je ne vois plus les taux d’intérêt baisser l’an prochain pour atteindre les niveaux de l’été dernier. »