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Alexandre Narboni, gestionnaire de portefeuille des fonds d’actions Comgest Growth World et Comgest Monde, n’est pas rassuré car les marchés reposent actuellement sur un seul pilier : la liquidité. Cependant, il est un peu soulagé car il investit principalement dans des actions de croissance de haute qualité, qui étaient à la traîne l’année dernière et seront plus performantes si les attentes de bénéfices élevés ne sont pas atteintes.

Les marchés ne tiennent pas suffisamment compte des risques

Bien qu’avec ses fonds, Alexandre Narboni recherche au niveau mondial des entreprises dotées de modèles d’affaires uniques, générant une croissance à deux chiffres de leurs bénéfices et pas trop chères, il ne peut ignorer la situation générale sur les marchés. Selon le gestionnaire, les marchés reposent sur quatre piliers : la liquidité, la croissance économique et des bénéfices, le sentiment des investisseurs et la valorisation. « Aujourd’hui, il n’y a qu’un élément qui soutient le marché et c’est la liquidité, grâce à la présence massive des banques centrales. En ce qui concerne la rentabilité et l’économie, l’incertitude est un atout. Une reprise est attendue, mais c’est loin d’être certain. D’autre part, le sentiment est plutôt mitigé alors que la valorisation moyenne devient progressivement élevée. »

Étant donné la masse des obligations sur lesquelles il n’y a pratiquement pas de rendement, beaucoup estiment aujourd’hui qu’il n’y a pas d’alternative aux actions (TINA : There IS No Alternative) - un argument avancé afin d’indiquer que les marchés boursiers vont continuer à monter. Cependant, Narboni trouve cet argument dangereux car à cause de celui-ci, les marchés ont tendance à perdre les risques de vue. « Aujourd’hui, on suppose que les taux d’intérêt resteront toujours bas car il n’y a pratiquement pas d’inflation. Il y a 30 ans, on pensait que les taux d’intérêt resteraient éternellement élevés. Autrement dit, cela peut changer ! » Narboni ajoute que la valeur moyenne du marché est assez élevée, mais que cela peut se justifier dans une certaine mesure par les faibles taux d’intérêt. « Si les taux d’intérêt devaient augmenter, cette valorisation élevée devrait bien baisser », souligne-t-il. Outre un retour de l’inflation, il discerne encore différents risques, à savoir la résurgence de la guerre commerciale, un résultat surprenant des élections américaines à la fin de l’année, ainsi qu’une crise pétrolière.

Un portefeuille qualitativement solide

En 2019, les marchés boursiers ont enregistré d’excellentes performances : l’indice MSCI AC World a augmenté de 27 %. Les bénéfices des entreprises, en revanche, n’ont pas répondu aux attentes élevées du début de l’année et, en fin de compte, il n’a même pas été question de croissance des bénéfices. En d’autres termes, tous les bénéfices de cours ont été absorbés par l’augmentation de la valorisation. Aujourd’hui, Comgest souligne que le marché s’attend de nouveau à une croissance des bénéfices de 10 %. Et la question est bien sûr de savoir si les analystes taperont encore une fois à côté. 

Selon Narboni, si la croissance des bénéfices devait encore s’avérer décevante cette année, il serait préférable d’avoir un portefeuille composé d’entreprises qui pourront afficher une croissance stable et sûre (à deux chiffres) de leurs bénéfices. « Ces entreprises feront alors beaucoup mieux que le marché. Il s’agit notamment d’entreprises ayant une part de marché solide et constante comme, par exemple, les groupes de technologie médicale Hoya et Medtronic, le prestataire de services Amadeus, le groupe de paiement Visa et le fabricant d’équipements industriels Nidec. »

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