De grands économistes américains tablent sur une forte probabilité de nouvelle crise mondiale en 2020. La raison en est la combinaison de conflits commerciaux, la hausse des taux d’intérêt, la surévaluation des actions et la vulnérabilité des marchés émergents.
Tel est l’avertissement qui a été lancé la semaine dernière par Nouriel Roubini, l’économiste qui avait prédit la crise du crédit de 2008. Mais Willem Buiter, Chief Economist chez Citi, est également préoccupé par le conflit commercial entre les États-Unis et la Chine, qui pourrait selon lui entraîner un sérieux ralentissement de la croissance mondiale.
Roubini écrivait la semaine dernière dans le Financial Times que l’expansion mondiale se poursuivra encore cette année et l’année prochaine, grâce à la politique de relance (fiscale) aux États-Unis et à la reprise en Europe. Mais en 2020, l’impact de la politique de relance du Président Trump sera terminé et la croissance tombera en dessous des 2 %.
Roubini déclare que la politique monétaire de la banque centrale sera également normalisée d’ici là, ce qui signifie notamment que la Réserve fédérale américaine aura alors relevé les taux d’intérêt à 3,5 %. Cette hausse des taux d’intérêt est due en partie à la politique de relance américaine, qui contribue notamment à la hausse de l’inflation.
En même temps, selon Roubini, Trump poursuit une politique de relance contre-productive en limitant l’immigration malgré le vieillissement de la population et prend des mesures qui ne soutiennent pas le développement durable, alors qu’il n’y a toujours pas de politique infrastructurelle.
De l’autre côté du globe, en Chine, les conséquences de la guerre commerciale déclenchée par Trump deviennent également perceptibles : la croissance (des exportations) est sous pression, tandis que la crainte grandit que les entreprises occidentales liquident leurs installations de production pour les ramener dans le monde industrialisé. Les marchés émergents souffrent quant à eux de la vigueur du dollar et de la faiblesse des marchés des matières premières.
Enfin, Roubini s’attend à ce que le président Trump soit tenté de renforcer sa politique étrangère d’ici 2020, lorsqu’auront lieu les prochaines élections présidentielles. Roubini table sur le fait que Trump engage une confrontation armée avec l’Iran afin d’obtenir le soutien de son propre peuple.
Buiter estime en particulier que le conflit commercial entre les États-Unis et la Chine va durer encore longtemps, car ce dernier pays n’est pas prêt à capituler.
Buiter et Roubini soulignent que si cette récession survient, les gouvernements auront peu de ressources pour faire face à cette crise : les déficits publics ont fortement augmenté dans le monde entier depuis 2008, tandis que les banques centrales ont des bilans trop importants pour déployer de nouvelles munitions. Roubini déclare dans le Financial Times qu’il s’attend à ce que les grands investisseurs institutionnels réduisent les placements risqués d’ici la mi-2019.