Investment Officer a rencontré Knut Huys, spécialiste fonds chez Deutsche Bank, qui pense que les banques doivent aussi pouvoir conseiller des fonds indiciels à leurs clients sur des marchés très efficients. « En matière de sélection des ETF également, le rôle du conseil n’a jamais été plus pertinent qu’aujourd’hui. »
L’un des rares acteurs à architecture ouverte du marché belge, Deutsche Bank se positionne comme le challenger du débat sur le conseil suscité par l’entrée en vigueur de la directive Mifid II. En effet, à l’inverse d’autres grandes banques, Deutsche Bank a renoncé il y a plusieurs années déjà à facturer des frais d’entrée, nous explique Knut Huys, « sauf pour un petit nombre de fonds où nous ne pouvons pas faire autrement, ou alors pour ceux dont la distribution sur le marché belge a nécessité des efforts considérables. »
Dans sa quête de fonds « best-in-class », Deutsche Bank a déjà su convaincre plusieurs gestionnaires de pénétrer sur le marché belge. C’est notamment le cas de quelques maisons plus petites et alors moins connues telles que Flossbach von Storch et Ethenea, mais aussi d’acteurs plus importants, à l’instar de M&G.
Les fonds mixtes sous les feux de la rampe
Deutsche Bank met l’accent sur les fonds multi-actifs depuis 2007 déjà. « Ces fonds répondant souvent à un besoin d’investissement concret, la collecte a augmenté de 367 % depuis cette date, nous explique M. Huys. Ces dernières années, la tendance est également perceptible sur le marché belge. Sur ce segment, nous sommes toujours en quête d’acteurs qui offrent une réelle valeur ajoutée, pour distribuer directement leurs fonds, mais également en vue de la gestion de nos fonds de fonds et dans le cadre de notre gestion discrétionnaire. »
M. Huys voit dans le succès des fonds patrimoniaux et l’accent mis sur la réduction du risque baissier des conséquences de l’éclatement de la bulle technologique et du crash de 2008, qui ont désillusionné de nombreux investisseurs. « Les Bourses connaissent depuis quelques années déjà une ascension quasi ininterrompue, et nous constatons un grand intérêt pour les fonds mixtes qui appliquent une stratégie plus offensive et dynamique, ou qui mettent l’accent sur la génération d’un flux de revenus. »
Avec les belles performances affichées par les Bourses en 2017, les investisseurs sont plus sensibles aux tendances, constate-t-il. La demande de fonds thématiques qui tirent profit de tendances à long terme telles que le vieillissement, le développement durable ou la robotique explose. « Le rôle du conseiller est toujours non seulement de mettre en avant ce beau potentiel, mais également d’expliquer les risques qui y sont liés. Un avis expert reste donc essentiel », affirme M. Huys.
Gestion active et passive continueront à coexister
Pour Knut Huys, la demande de fonds indiciels continuera d’augmenter avec la directive Mifid II : « Les ETF sont les grands absents des formules de conseil des banques, qui ne gagnent quasiment rien sur les fonds indiciels. Et pourtant, le conseil reste indispensable aussi pour la gestion passive : faire choisir un ETF simplement sur la base de son faible coût n’aura pas le résultat escompté pour le portefeuille. Une bonne stratégie d’investissement est cruciale. »
Dans les marchés les plus efficients, où il est difficile de surperformer l’indice de référence de manière régulière, Deutsche Bank conseille de manière proactive des instruments à faible coût. « Dans les situations où le recours aux ETF a du sens, nous les recommandons, même si cela nous dessert au vu de notre modèle de rémunération. Les ETF passifs se classent régulièrement en tête de leur catégorie sur le marché d’actions américain. Dès lors, pourquoi un client devrait-il se satisfaire d’un fonds maison onéreux, à la performance souvent médiocre ? »
Sur les marchés moins efficients, les fonds à gestion active sont toujours à privilégier. C’est pourquoi Deutsche Bank propose simultanément des produits à gestion active et passive. « Sur les marchés plus fragmentés, tels que le marché d’actions européen, la gestion active présente une forte valeur ajoutée. Nous sommes donc convaincus que les fonds à gestion active et passive se complètent et continueront à coexister. »