Le marché actions a tellement chuté ces dernières semaines que nous nous trouvons maintenant dans un marché baissier. Cette correction ne présente donc pas le même caractère que la correction de marché haussier typique. Une correction de marché haussier est d’environ 10 %.
Le marché a pris un peu trop d’avance sur les fondamentaux. Nous devons lever le pied pendant un certain temps, estime Han Dieperink – ex-CIO de Rabobank - dans son commentaire quotidien pour Fondsnieuws sur l’impact de la crise du coronavirus sur les marchés et l’économie.
« Fondamentalement, rien n’a changé, c’est pourquoi il est peu judicieux d’essayer de jouer sur une telle correction. Celui qui le fait doit être deux fois dans le bon, à l’entrée et à la sortie, avec le risque de rater la phase ascendante consécutive.
Le marché baissier est un véritable point de basculement
Une correction de marché baissier est une correction de plus de 20 %. Cela signifie que quelque chose a fondamentalement changé. Un marché baissier ne signifie pas seulement la fin du marché haussier, c’est un véritable point de basculement. Les investissements qui ont donné de bons résultats pendant le marché haussier ne sont généralement pas les mêmes que ceux qui tirent la charrue après le marché baissier. Autrement dit, il est logique d’ajuster le portefeuille.
Le marché haussier a été caractérisé par le leadership des actions américaines, avec le secteur technologique en tête. En outre, un portefeuille neutre ou équilibré a obtenu d’excellents résultats en raison de la baisse des taux d’intérêt. Ces taux d’intérêt ont tellement baissé que les obligations d’État ne peuvent plus apporter de contribution positive à un portefeuille. Le rendement après paiement des frais et taxes est négatif sur toute la courbe, ce qui rend le rôle de tampon de plus en plus difficile. Le portefeuille neutre traditionnel ne suffit plus. Il faut donc vendre les obligations d’État.
La Chine remplace les États-Unis
Plus de la moitié du marché actions est constituée d’actions américaines, qui connaissent une chute spectaculaire. Le marché actions chinois se porte beaucoup mieux et il existe suffisamment d’arguments indiquant que la Chine reprendra la position de leader des États-Unis lors du prochain marché haussier, tant en termes d’obligations que d’actions. L’Europe semble beaucoup plus risquée. Non seulement en raison de l’impact beaucoup plus important du coronavirus, mais aussi de la probabilité accrue que l’euro et l’Union européenne ne survivent pas à la profonde récession actuelle. Ce n’est pas le moment de donner une forte impulsion aux actions européennes.
En outre, les investisseurs s’intéresseront principalement aux actions sévèrement sanctionnées. À cet égard, il est utile de faire une distinction. Les entreprises qui ont beaucoup de dettes ou d’obligations envers le gouvernement semblent vulnérables. Ce sont les entreprises non libres qui ont également souffert lors de la dernière crise. Le secteur financier pourrait devoir être sauvé pour la troisième fois en dix ans. Tout ce qui concerne les vols, les voyages et les vacances restera également plus longtemps affecté par la crise actuelle.
Entreprises libres : important flux de trésorerie
Les entreprises libres sont des entreprises qui disposent d’un solide flux de trésorerie et ne dépendent pas des banques et/ou gouvernements. Traditionnellement, ce sont des entreprises dédiées aux produits de première nécessité. Les entreprises énergétiques constituent une bonne alternative aux obligations. Il est illusoire de penser que nous passerons plus rapidement aux énergies alternatives.
En effet, seuls les flux de trésorerie, les ingénieurs et le management des compagnies pétrolières permettent une transition énergétique rapide. Le rendement semble particulièrement attrayant par rapport aux obligations d’État. Comparé à l’or, jamais le baril de pétrole n’avait été aussi bon marché au cours des cent dernières années, ce qui s’applique également à d’autres matières premières.
Il est possible que l’on assiste à un virage vers les actions de valeur, ce qui contribuerait à la hausse de l’inflation et des taux d’intérêt ainsi qu’à la reprise de l’économie. De nombreuses valeurs cycliques semblent aujourd’hui intégrer à tort une récession permanente. Les actions technologiques resteront dans le portefeuille, mais l’accent sera mis sur la Chine, les activités en ligne et la robotique. Grâce au virus, nous travaillons, apprenons et achetons davantage en ligne. Le virus renforce également la démondialisation, ce qui signifie que nous allons produire plus localement en utilisant des robots. »
Han Dieperink est investisseur et consultant indépendant. Plus tôt dans sa carrière, il a été chief investment officer chez Rabobank et Schretlen & Co. Il fera quotidiennement part de son analyse et de ses commentaires sur la crise du coronavirus à Investment Officer durant la période à venir.