Han Dieperink
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En Europe, l’Italie, l’Espagne, la France et la Belgique prennent des mesures drastiques pour empêcher la propagation du virus. Cela signifie que l’impact économique dans ces pays est considérable. Aux États-Unis, les États de Californie, de l’Illinois et de New York sont confinés, ce qui concerne un Américain sur cinq. Là-bas, ces mesures ont un impact direct sur l’économie.

Les indicateurs de confiance vont fortement chuter et le chômage augmente directement, écrit Han Dieperink, ancien CIO de Rabobank - dans son commentaire quotidien pour Fondsnieuws concernant l’impact de la crise du coronavirus sur les marchés et l’économie.
« Chaque semaine, les demandes de nouvelles allocations de chômage sont publiées le jeudi aux États-Unis. Les États-Unis sont une fédération de 50 États auxquels s’ajoute le district fédéral de Washington. Chaque État enregistre chaque jour de nouveaux chômeurs et les rapports reçus ces derniers jours indiquent un chiffre dramatique pour jeudi prochain. 

Allocation de chômage

La semaine dernière, le nombre de nouvelles demandes d’allocations de chômage s’élevait à 281 000. Sur la base des données de 15 États (sur 50), 630 000 nouvelles demandes ont déjà été déposées. Avec des mesures qui mettent une partie encore plus importante de la vie publique à l’arrêt, il paraît probable que des millions d’Américains vont demander des allocations de chômage cette semaine. Le record à ce jour concerne une semaine d’octobre 1982, durant laquelle 695 000 allocations avaient été demandées. Le pic de la Grande Récession, en mars 2009, était de 665 000. 

La publication de ce chiffre entrera dans l’histoire cette semaine. La dernière semaine complète de mars 2020 est désormais celle où le coronavirus s’est emparé des États-Unis. D’autres mauvaises semaines suivront. Le taux de chômage passera, par sauts, à 10%. Le chômage a un impact direct sur la confiance des consommateurs et donc, sur la consommation. Les chômeurs ont moins à dépenser et de nombreux travailleurs craignent pour leur emploi. Ce n’est pas le moment d’acheter une nouvelle voiture. 

Indicateur de surprise

Pour les marchés financiers, les mauvaises nouvelles sont parfois synonymes de bonnes nouvelles, par exemple parce qu’elles encouragent les décideurs politiques à agir. Après la chute brutale des cours durant le mois dernier, un grand nombre de mauvaises nouvelles semblent avoir déjà été prises en compte, mais pas des communications aussi catastrophiques. Citigroup dispose d’un indicateur de surprise qui mesure l’impact des chiffres macro-économiques sur le marché.

Cet indice est encore remarquablement élevé, mais a donc suffisamment de marge pour baisser. De plus, le trimestre est presque terminé ; ce sont les semaines au cours desquelles les avertissements sur les bénéfices sont normalement publiés. Il y a déjà eu quelques annonces préalables, mais la situation s’est rapidement détériorée. La bourse n’est pas à l’abri des mauvaises nouvelles. 

Les politiciens n’ont pas d’autre choix que de réagir aux millions de nouveaux chômeurs. Trump sent déjà venir la tempête et a demandé aux États de ne pas publier les chiffres. Ce type de solution peut fonctionner en Chine, mais pas aux États-Unis. Ce malaise n’aidera pas Trump à se faire réélire.

Joe Biden favori

En ce moment, Joe Biden a le plus de chances de devenir le prochain président. Trump essaie de faire passer par le Congrès un gros paquet de 2000 milliards de dollars, attribuant à chaque famille américaine 3000 dollars de l’État. Cependant, les Démocrates ne voient pas d’un bon œil les 500 milliards de dollars correspondants destinés sauver les grandes entreprises, dont 50 milliards de dollars pour l’industrie aéronautique.  Cette impasse politique entraînera un creusement encore plus marqué au cours du deuxième trimestre.

Certains économistes voient l’économie américaine se contracter de plus de 20 % au cours du deuxième trimestre, une situation également unique en termes historiques. Il y a des décennies pendant lesquelles rien ne se passe, et des semaines pendant lesquelles des décennies se passent. » 

Han Dieperink est investisseur et consultant indépendant. Plus tôt dans sa carrière, il a été chief investment officer chez Rabobank et Schretlen & Co. Il fera quotidiennement part de son analyse et ses commentaires sur la crise du coronavirus à Investment Officer durant la période à venir.
 

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