
Dieter Haerens est l’ancien CEO de BinckBank et de Saxo Belgium. Que représentait pour lui la Mercedes de son grand-père ? En tant que CEO d’une banque, combien de temps a-t-il consacré à la réglementation ? Et pourquoi a-t-il vécu la phase la plus difficile de sa carrière dans une start-up ?
Dieter Haerens a commencé sa carrière dans les médias chez Roularta et Mediafin, où il a suivi le secteur financier de près en tant que rédacteur, rédacteur en chef et plus tard éditeur pendant de nombreuses années. Il s’est ensuite consacré entièrement au secteur financier. Il a cofondé la start-up fintech Harmoney, dirigé BinckBank et Saxo Belgique, puis est revenu aux médias en tant que membre du conseil d’administration de Mediafin. Entre-temps, il a de nouveau embrassé le « côté obscur », en tant que conseiller auprès de la fintech Warren et dans le cadre de diverses missions de conseil.
« L’argent, l’investissement et la finance sont le fil conducteur de tout ce que je fais. J’ai travaillé dans les médias parce que ceux dans lesquels j’évoluais étaient entièrement axés sur le secteur financier et les finances personnelles. Le fait que je sois finalement passé des médias au « côté obscur » - comme certains journalistes financiers décrivent parfois le secteur – n’était rien d’autre qu’un changement de cap pour moi. Je veux m’impliquer dans la finance, je veux construire quelque chose et je veux que les gens travaillent ensemble. Cela peut se faire à différents endroits. »
Mercedes
Sa passion pour la finance est née avec son grand-père. « J’avais 15 ans et j’étais avec mon grand-père. C’était un boucher à la retraite. Je le vois encore devant moi : ouvrir le journal sur les pages boursières, transcrire les chiffres sur une grande feuille blanche avec une vieille calculatrice à portée de main. Je lui ai demandé ce qu’il faisait. Il a dit : « Mon petit, ça, ce sont des actions. » Lorsque j’ai demandé si l’on pouvait vraiment gagner quelque chose avec, il m’a montré la Mercedes flambant neuve qui se trouvait dans l’allée. Il l’avait acheté avec le bénéfice de quelques-unes de ses actions. J’étais complètement abasourdi. Ce moment a déclenché ma passion pour l’économie et l’investissement. »
Règles
Dieter Haerens connaît à la fois le secteur des médias et le monde financier. La différence ? « C’est certainement le cadre dans lequel vous jouez le jeu. Les médias sont un luxe à cet égard. Bien sûr, il y a des règles, et heureusement qu’il y en a. Nous vivons dans une démocratie où la liberté de la presse est primordiale. Mais dans le secteur financier, les règles sont si nombreuses que votre marge de manœuvre est fortement réduite. On doit constamment se préoccuper des règles. »
Il se souvient d’un moment précis, lorsqu’il était CEO de Saxo Bank Belgium. « J’avais fait une capture d’écran de mon calendrier, avant et après l’été 2022. Je voulais montrer combien de temps je consacrais à ce que l’on appelle la licence to operate : la réglementation et la conformité.Alors qu’en tant que CEO en Belgique, j’étais principalement responsable des aspects commerciaux, dans la pratique, je passais jusqu’à 60 % de mon temps sur ces règles. Seuls 40 % de mon temps été consacré à mon équipe et à mes clients. Cela montre à quel point l’impact des règles est important. »
Balle de ping-pong
Son principal domaine d’amélioration en tant que manager ? L’écoute. Ou plutôt : montrer qu’il est à l’écoute. « Parfois, j’ai l’impression que ma tête est comme une balle de ping-pong. Ça part dans toutes les directions. J’ai de nombreux centres d’intérêt, je suis donc souvent distrait. Il est alors difficile de faire preuve d’une attention totale dans l’instant présent. »
« Je me dis que je peux faire plusieurs choses à la fois, mais je n’en donne pas l’impression. C’est sa collègue Loubna qui lui a fait comprendre un jour. Elle lui a dit : « Parfois, vous devez faire plus d’effort pour montrer que vous êtes à l’écoute. Vous êtes devant moi, mais votre regard est ailleurs. Par la suite, je constate dans ce que vous dites que vous m’avez entendue. Mais sur le moment, je ne suis pas sûre que mon message soit passé. Regardez-moi et montrez-moi que vous m’écoutez et je n’aurai pas de doutes. » Ce feedback a été très précieux pour moi. »
Start-up
La période la plus difficile de sa carrière est venue après son premier départ de Mediafin, lorsqu’il a cofondé la start-up Harmoney. « Ça a été une expérience très enrichissante. J’ai appris à mieux me connaître et à connaître mes limites. Mais en même temps, cette période m’a complètement consumé. J’avais du mal à lâcher prise et je ne déléguais pas suffisamment, car il n’y avait personne à qui déléguer. La pression que je m’imposais me sapait mon énergie. Je pense que de nombreux entrepreneurs passent par là. C’était un miroir : qu’est-ce qui me donne de l’énergie et où est-ce que j’en perds ? Si je parviens à bien organiser cela sur le plan professionnel, je m’épanouis. Mais durant cette période, surtout vers la fin, ce n’était absolument pas le cas. Je ne m’épanouissais plus dans mon poste. »
Cette expérience lui est aujourd’hui très utile au sein de la fintech Warren, où il joue un rôle de conseiller. « Ma fonction y est complètement différente, car je ne suis pas le fondateur et ce n’est pas non plus mon entreprise. Mais je m’implique comme si c’était la mienne. Je ne fonctionne que comme ça. »
Écoutez l’intégralité du podcast Le Miroir (en néerlandais) avec Dieter Haerens et découvrez :
- Quel rôle joue le professeur Roland Van der Elst dans sa carrière et sa vie.
- Quelles sont les différences entre le secteur financier et le secteur des médias.
- Où le secteur a manqué le coche.
- Comment il parvient désormais à faire des nids d’oiseaux à la sauce tomate avec des croquettes après une journée difficile.
- Le conseil qu’il donnerait à son jeune moi.