Auffret (DNCA Finance) reste très largement positionné sur le secteur des soins de santé, en raison de ses attraits défensifs dans la perspective d’une éventuelle deuxième vague sur le front du coronavirus. Cette exposition sectorielle a permis à son fonds de bien traverser la crise et d’être déjà pratiquement à l’équilibre depuis le début de l’année.
Les fonds investis en actions européennes ont encaissé des lourdes baisses durant le mois de mars, en particulier les produits visant une exposition « value ». DNCA Invest Europe Growth figure parmi les meilleurs fonds de sa catégorie (Fonds Actions Europe Flex Cap), avec un recul qui est actuellement limité à moins de 5%, une performance qui valide une notation 5 étoiles chez Morningstar, basée sur une performance annualisée tournant autour de 5% durant les cinq dernières années et une volatilité inférieure à celle de ses principaux concurrents.
Santé
La bonne performance du fonds s’explique par la forte exposition sectorielle sur le secteur des soins de santé, qui a confirmé ses attributs défensifs lors de cette crise. « Ce segment a été peu impacté, et certains groupes ont même profité d’un effet de stockage avant les mesures de confinement », indique Carl Auffret (gestionnaire du fonds). Il souligne également qu’une des plus grandes surprises de cette crise peut être trouvée dans le secteur des semi-conducteurs.
« Par rapport aux cycles précédents, les investissements dans ce segment n’ont pas vraiment ralenti avec la crise sanitaire, et la baisse des commandes en provenance du secteur automobile a été largement compensée par la hausse des ventes en direction des produits électroniques et des centres données, ces derniers étant particulièrement gourmands en composants ».
Entreprises porteuses
Le portefeuille est également exposé sur d’autres thématiques qui sont restées porteuses durant les derniers mois. « Dans le domaine de l’alimentation animale et humaine, DSM a ainsi annoncé s’attendre à une progression de son chiffre d’affaires durant le deuxième trimestre. De même, les ventes de Biomérieux sont restées résilientes durant les trois premiers mois de 2020, avant même que le chiffre d’affaires soit impacté favorablement par le test COVID-19 lancé dans le courant du mois d’avril ».
Et de citer également le cas de Lonza, un groupe chimique qui est un des principaux fournisseurs de matières premières pour la production de produits désinfectants ; ainsi que Sartorius Stedim et Merck qui fournissent des consommables pour l’industrie biotech et pour les producteurs de vaccins. « Ces groupes ont vu leur carnet de commandes augmenter fortement durant les trois premiers mois de l’année ». Parmi les grands groupes pharmaceutiques, il apprécie AstraZeneca (la plus grosse position du portefeuille), qui devrait bénéficier d’une croissance rapide de son chiffre d’affaires grâce à un flux régulier de nouveaux produits.
Peu de mouvements
Carl Auffret n’a pas apporté beaucoup de modifications au portefeuille de DNCA Invest Europe Growth durant la période de forte volatilité. « Le rebond a été beaucoup trop rapide, et les belles valeurs n’ont d’ailleurs pas vraiment beaucoup baissé». La seule nouvelle ligne du portefeuille fut Reckitt Benckiser, un producteur de produits d’entretien dont les ventes resteront soutenues durant les prochains mois.
La gestion du portefeuille n’a toutefois pas fait mouche sur l’ensemble de ces lignes. « Certaines sociétés (comme LVMH, Thalès ou Interparfums) ont pesé sur la performance, et nous avons été forcé d’élargir le critère qui nous impose de détenir des valeurs qui vont dégager une croissance organique supérieure à 5% par an ». De même, il est sorti de certains noms qui vont être structurellement impactés durant les prochains mois, comme Amadeus.
Prudence
« Il faudra attendre les chiffres du deuxième trimestre, qui vont probablement constituer un point bas au niveau des résultats, avant d’avoir une reprise progressive à partir de la mi-mai et un second semestre qui devrait être meilleur à condition d’éviter une rechute », souligne Carl Auffret. Quant à la perspective de revenir aujourd’hui sur des noms plus cycliques, Carl Auffret estime qu’il faut rester prudent car la visibilité sur ces valeurs reste modeste, et il est en outre peu probable d’avoir un rebond rapide de l’activité.
« Dans le cas de LVMH, le redressement des ventes en Chine est plus que compensée par l’effondrement des ventes liées au tourisme, pour un impact net qui reste globalement négatif. Nous conservons donc une exposition assez importante sur le secteur des soins de santé, qui bénéficie d’une bonne visibilité sur la croissance à venir. C’est une exposition rassurante pour nos investisseurs, et dégagera encore une performance appréciable si une deuxième vague d’infection venait à faire son apparition durant les prochains mois ».