Pour Jean-Charles Mériaux, un environnement plus inflationniste nécessite aujourd’hui un rééquilibrage des portefeuilles en faveur des secteurs plus value, comme les financières, les télécoms ou les médias.
La baisse continue des rendements durant les dernières années a impacté lourdement les performances des actions value et cycliques. Depuis quelques mois, la performance de ces actions s’est toutefois redressée avec l’espoir d’une reprise économique soutenue durant les prochains trimestres. Reste aujourd’hui à savoir s’il s’agit d’un feu de paille ou d’une tendance appelée à s’installer dans la durée.
Décote
« Les marchés financiers sont désormais correctement valorisés, et incorporent une bonne partie des nouvelles favorables attendues. Par exemple, la progression attendue des résultats pour les sociétés du CAC40 se situe déjà à plus de 80% pour les exercices 2021 et 2022. Au niveau européen, le rapport cours/bénéfice atteint désormais 19 sur base des résultats attendus pour les douze prochains mois.
Ceci laisse peu de marge de manœuvre à la hausse à court terme », indique Jean-Charles Mériaux (direction de la gestion chez DNCA Finance).
Il souligne toutefois qu’il existe encore des écarts qui restent importants entre les différents secteurs, avec des parties fortement décotées tandis que d’autres affichent des valorisations excessives. « Il y a eu une correction marginale de la décote, mais les segments value restent encore très largement sous-évalués par rapport au reste du marché.
Dans ce contexte, il faut continuer d’identifier ce qui est cher, pour privilégier des actions qui présentent encore du potentiel, car oubliées ou délaissées depuis plusieurs années ».
Rééquilibrage
Le mouvement de rééquilibrage vers les actions value s’explique également par le déséquilibre constaté dans les portefeuilles de nombreux investisseurs après la forte surperformance des actions de croissance. Les attentes bénéficiaires des actions value (comme l’automobile, les matières premières, le pétrole ou le secteur financier) ont également progressé beaucoup plus vite que celles des valeurs de croissance.
« La mode des fonds globaux et thématiques de ces dernières années à poussé certains investisseurs à avoir des portefeuilles plus risqués et monomaniaques car extrêmement concentrés sur quelques thématiques à forte croissance. Dans un contexte où l’évolution future des taux d’intérêt reste incertaine, il est aujourd’hui avisé de diversifier son portefeuille pour avoir une exposition plus équilibrée sur les marchés boursiers ».
Jean-Charles Mériaux estime également que le redressement des actions value pourrait être plus qu’un feu de paille, contrairement aux autres mouvements de reprise observés ponctuellement depuis 2008.
« Nous sommes aujourd’hui à un point d’inflexion. La grande crise financière avait entraîné la mise en place de programmes de rachats d’actifs colossaux qui ont poussé les taux obligataires à la baisse, ce qui a permis le renchérissement des actions de croissance dans un environnement où l’activité économique était anémique.
Le contexte est aujourd’hui radicalement différent, avec un contexte de croissance plus rapide accompagné de pressions inflationnistes. Il faut aujourd’hui en tenir compte dans l’allocation des portefeuilles ».
Perspectives sectorielles
Dans ce contexte, il apprécie en particulier les valeurs bancaires. « C’est un des secteurs les plus décotés à l’heure actuelle, et bon nombre d’investisseurs gèrent aujourd’hui leur portefeuille en ignorant totalement ce secteur.
Ceci pouvait se comprendre à la sortie de la crise au vu des contraintes règlementaires qui ont été imposées au secteur. Ce n’est toutefois plus vraiment justifié à l’heure actuelle, avec des résultats qui ont été corrects en 2020 et des dividendes qui pourraient être rétablis durant les prochains mois ». Le secteur bénéficiera également d’une croissance plus rapide accompagnée d’une hausse des taux d’intérêts. « C’est une thématique que nous apprécions beaucoup dans nos portefeuille value ».
Il est également exposé sur le secteur des télécoms et des médias, en raison notamment des rendements élevés et réguliers qui sont proposés sur cette partie du portefeuille.
Jean-Charles Mériaux reste par contre prudent sur les secteurs qui vont bénéficier d’une reprise éventuelle, comme les compagnies aériennes ou les chaînes d’hôtel. « Dans un grand nombre de cas, la baisse d’activité nous semble aujourd’hui structurelle, comme dans les voyages d’affaires, dans les réservations de chambre d’hôtels ou dans l’immobilier de bureaux. Nous préférons rester à l’écart de ces thématiques, dont les cours se sont déjà fortement appréciés ces derniers mois ».