older and ouahba.jpg

Après une année 2018 très difficile chez le spécialiste français de la gestion d’actifs, les encours de Carmignac Patrimoine ont fondu de 22 vers 14 milliards d’euros. L’heure est aujourd’hui au passage de flambeau d’Edouard Carmignac vers un tandem composé de David Older (actions) et de Rose Ouaba (obligations). 

Une ère s’est terminée. Après 30 années à la tête de Carmignac Patrimoine, Edouard Carmignac a quitté la gestion journalière de son fonds vedette, et a été remplacé par le tandem composé de Rose Ouahba (Head of Fixed Income) et David Older (Head of Equities). Il conservera toutefois un siège dans le comité d’investissement stratégique qui définira les grandes orientations dans l’allocation du fonds mixte flexible.

« Cette nouvelle organisation est celle dont nous avons besoin pour redresser la barre durant les cinq prochaines années », soulignait récemment Edouard Carmignac à l’occasion du rendez-vous annuel organisé à Paris avec les clients du gestionnaire.

Flux sortants

Un changement était devenu nécessaire. La performance du fonds a  été décevante depuis 2017, avec une performance annualisée négative sur les trois dernières années. Le fonds a progressivement perdu ses étoiles Morningstar, avec des inquiétudes de plus en plus marquées chez les clients. Celles-ci ont culminé en 2018, avec des sorties massives du fonds. Les actifs sous gestion ont fondu de 22 vers 14 milliards d’euros, soit une proportion significativement plus importante que la décollecte enregistrée par les autres grands fonds flexibles.

« L’année 2018 fut difficile, et nous nous devions de réagir, tout en conservant le flair et l’intuition d’Edouard Carmignac dans l’analyse des tendances d’investissement à long terme », souligne Didier Saint-Georges (Head of Portfolio Advisors). « Ces dernières années, notre analyse macroéconomique a souvent été correcte, mais nous avons rarement su la traduire dans des conclusions d’investissement qui auraient pu apporter de la performance dans les portefeuilles ».

Et en 2018, les erreurs se sont en effet accumulées dans la gestion du fonds, que ce soit la décision de surpondérer l’euro au début de l’année en passant l’impact de la guerre commerciale qui a surpris l’équipe de gestion. La hausse du dollar a également pénalisé l’exposition du fonds sur les marchés émergents, que ce soit au niveau des actions que des obligations. 

Croissance molle

Pour 2019, Frédéric Leroux (Head of Cross Asset) souligne que les perspectives sur les marchés financiers appellent encore à beaucoup de prudence, avec notamment un ralentissement économique chinois qui devient de plus en plus en plus marqué. « Et lorsqu’on prend en considération le niveau d’endettement de ce pays et un compte courant qui ne dégage plus d’excédent, l’optimisme n’est clairement pas de mise ». 

Et dans les pays développés, les banques centrales n’auront pas beaucoup de marge de manœuvre pour relever leurs taux et normaliser leur politique. « La hausse des taux américains a commencé à peser sur le marché immobilier, et l’endettement des entreprises non financières est également un facteur à prendre en considération. En Europe, la marge de manœuvre de la BCE reste particulièrement étroite ». 

Frédéric Leroux s’attend à un ralentissement de l’économie américaine, notamment en raison du double déficit. « Le dollar devrait s’affaiblir face à la plupart des devises internationales, un contexte qui devrait s’avérer favorable au yen, à l’image des mouvements que nous avions observés en 2015. Les actions des pays émergents devraient également bien se comporter dans un tel environnement ». Dans ce contexte, il souligne que le rebond des valeurs technologiques se justifie dans un environnement où les taux resteront sous pression et où la croissance économique devrait être décevante. 

Prudence

David Older (Head of Equities) souligne avoir une exposition qui va privilégier les valeurs de qualité avec un bon niveau de croissance, que ce soit dans la consommation discrétionnaire, les soins de santé ou la technologie. « La volatilité sur les marchés a créé des opportunités ces derniers mois, et nous nous sommes ainsi positionnés sur des groupes tels que Facebook ou JD.Com ». Il souligne à ce titre que les marchés émergents sont devenus une proposition d’investissement plus attrayante, avec toutefois encore beaucoup de risques potentiels. 

Pour sa part, Rose Ouahba (Head of Fixed Income) souligne que ce n’est pas encore le bon moment pour prendre trop de risques sur les marchés financiers. « Nous nous sommes positionnés sur une repentification de la courbe des taux aux Etats-Unis. Nous avons également profité de l’écartement des taux sur la dette européenne périphérique, ainsi que des opportunités qui sont apparues dans le domaine du crédit, plus particulièrement dans la dette bancaire subordonnée ». 

 

Author(s)
Access
Limited
Article type
Article
FD Article
No