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Si la durabilité est au cœur des considérations des candidats acheteurs, les propriétaires n’ont pas encore pleinement pris conscience des enjeux en termes de durabilité.

CBC Banque vient de publier son cinquième Observatoire de l’immobilier, une enquête réalisée annuellement auprès d’un échantillon représentatif de la population belge, soit un millier de personnes âgées de 18 à 70 ans qui ont été interrogées entre le 10 et le 14 février 2023. L’échantillon comprenait 64% de propriétaires, 24% de personnes ayant l’intention de devenir propriétaire, et 12% de personnes n’ayant pas l’intention de le devenir.

Impact énergétique

Par rapport à l’année précédente, Cédric Matte (Directeur général du marché retail chez CBC Banque) souligne que le nombre de répondants estimant important d’être ou de devenir propriétaire a reculé de 80 vers 75%, une réduction qui s’explique notamment par la hausse des prix de l’énergie pour 29% des répondants, un chiffre qui est beaucoup plus élevé pour les jeunes de 18 à 24 ans qui sont 46% à pointer ce facteur. 
Cette enquête a mis en évidence une dichotomie croissante entre les jeunes (qui aspirent à devenir propriétaire) et la population plus âgée (déjà propriétaire de son bien). Les premiers sont visiblement beaucoup plus affectés par la hausse de l’inflation et des taux hypothécaires dans leurs aspirations à acheter leur bien immobilier, mais sont également beaucoup plus conscient des enjeux en termes de durabilité. 

« Les jeunes estiment (à 44% pour les 35-44 ans et à 39% pour les 25-34 ans) que les obstacles pour se lancer dans un projet immobilier ont augmenté, contre 34% pour l’ensemble de la population ». L’enquête a également montré un intérêt plus important pour les maisons à deux ou trois façades (de 24 vers 28% par rapport à 2022) au détriment des villas à quatre façades (de 31 vers 27%). « Ici aussi, la hausse des prix de l’énergie explique cette tendance vers des habitations dont la consommation énergétique est moindre ». 

Certificat PEB

Pour la population des propriétaires, ils sont 54% à estimer que leurs critères de choix seraient aujourd’hui différents par rapport au moment où ils ont fait l’acquisition de leur bien, et qu’ils mettraient en avant des critères comme la performance énergétique (35%), une taille plus petite pour maîtriser les frais de chauffage (28%) ou encore le niveau du certificat PEB (20%).

De manière assez paradoxale, les propriétaires ne sont aujourd’hui que 33% à connaître la performance énergétique de leur habitation, et ils sont 59% à ignorer l’obligation de réaliser des travaux de rénovation de leur habitation entre 2025 et 2050 afin d’obtenir un PEB de minimum C. « Par contre, les propriétaires sont 35% à prévoir des travaux de rénovation durant les prochains 12 mois, qui intégreront à 85% des considérations d’amélioration de la performance énergétique du bien », souligne encore Cedric Matte. 

« Et là aussi, ce sont les plus jeunes (à 52% pour les 18-24 ans et à 46% pour les 25-34 ans) qui sont les plus sensibles à ce mouvement ». Parmi les travaux qui vont être privilégiés par les propriétaires, ce sont la pose de double ou de triple vitrage (48%), l’isolation du bien (47%), les panneaux photovoltaïques (37%) ou les pompes à chaleurs (14%) qui seront privilégiés. 

Obligation européenne

En marge de la présentation des résultats de l’Observatoire, CBC Banque avait également invité le professeur Jean-Marie Hauglustaine (Chargé  de cours honoraire à l’Université de Liège – Département des Sciences et de Gestion de l’environnement) pour qu’il vienne les mettre en contexte. « Un grande partie des objectifs de réduction des émissions de CO2 au niveau de l’Union Européenne doit provenir d’une meilleure performance énergétique des bâtiments et des habitations ». 

Au niveau d’une habitation, cela signifie des investissements à faire dans l’augmentation de l’apport solaire direct, dans la réduction des pertes d’énergie ou dans la baisse de la demande, afin de réduire la consommation primaire des biens. « Depuis 2021, tous les nouveaux bâtiments construits en Europe doivent répondre à des exigences élevées en termes de durabilité. Et le problème, c’est qu’une grande partie des biens existants sont très vieux, soit 23% qui ont été construits avant 1919 au niveau belge. La situation est encore plus problématique en Wallonie, avec une toiture sur trois qui ne contient pas d’isolant, et une sur quatre qui a encore seulement du simple vitrage aux fenêtres ». 

Rénover intelligemment

Dans l’ensemble, ce sont 47% des biens résidentiels wallons qui affichent aujourd’hui un certificat PEB de niveau F ou G, et qui sont donc des candidats à une rénovation énergétique profonde durant les prochaines années. « Il faudra nettement accélérer le rythme des rénovations si la Wallonie souhaite atteindre ses objectifs à l’horizon 2050 ». 

La bonne nouvelle dans ce panorama, selon  le professeur Jean-Marie Hauglustaine, c’est que l’étude de divers projets de construction l’amène aujourd’hui à penser que le coût d’une rénovation est compétitif par rapport à la construction d’un bâtiment neuf, pour atteindre une performance énergétique qui sera globalement similaire. 

« C’est techniquement plus compliqué à mettre en œuvre, et les architectes préféreront toujours partir d’une feuille blanche, mais la rénovation peut être une solution intéressante à condition de conserver un maximum du bien existant. Cette solution permet aussi de limiter sensiblement l’utilisation de matières premières par rapport à une nouvelle construction ». 
 

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