Ces dernières années, les actions belges ont été quelque peu à la traîne par rapport à la superbe performance des marchés actions internationaux, et en particulier des États-Unis. Néanmoins, Danny Van Quaethem, senior portfolio manager chez Econopolis, voit encore un solide potentiel dans nos entreprises. Il gère un fonds d’actions belges avec Bernard Thant.
Van Quaethem souligne que l’année 2020 a particulièrement bien commencé pour le BEL20. « Depuis la fin de l’année dernière, le cours a augmenté d’environ 4,8 %. Si nous extrapolons, nous devrions connaître une augmentation d’environ 45 % cette année, un rythme qui n’est évidemment pas soutenable. Il est frappant de constater que l’analyse des composantes de l’indice révèle d’importants contrastes. Parmi les gagnants figurent des actions comme Galapagos, qui a grimpé de 33 % après une superbe année 2019 (cours +131,5 %), UCB, qui a augmenté de près de 30 % après des révisions à la hausse de ses bénéfices et des rapports positifs sur de nouveaux médicaments potentiels, et WDP, qui a monté de 24 %. Dans le secteur de l’immobilier, Cofinimmo a également augmenté de 21%.
Perdants
Avec une perte de plus de 7 %, le groupe de matériaux et de chimie Solvay compte parmi les plus faibles de la classe. AB Inbev (-6%) et Ageas (-6%) obtiennent également de faibles résultats. Van Quaethem voit une explication commune à ces baisses : « Ces actions sont relativement bon marché, mais elles ne sont plus appréciées des investisseurs, ce qui est dû aux perspectives de bénéfices incertaines à court terme. Ainsi, bien que le nouveau plan de croissance de Solvay offre des perspectives financières attrayantes à l’horizon 2024 et que le rendement en dividende s’élève à plus de 4 %, les investisseurs attachent une plus grande importance aux nombreuses incertitudes macroéconomiques qui peuvent actuellement exercer une pression sur les bénéfices.
L’année boursière a donc relativement bien commencé, mais pas pour tout le monde. Bien sûr, les actions de croissance sont beaucoup plus prisées que les actions de valeur. Au niveau mondial, le contraste est aussi important que pendant la période 1999-2000. La technologie reste ‘hot’. Chez nous également, nous voyons ce type d’entreprises monter en bourse, indirectement via les actions de biotechnologie. Les entreprises ayant les pondérations les plus élevées dans l’indice sont achetées avec empressement et ce sont donc elles qui contribuent le plus à la hausse de l’indice BEL20 pondéré par la capitalisation flottante. Le momentum joue un rôle majeur. L’impact est encore amplifié par la forte augmentation des investissements passifs. Il faut également garder à l’esprit que le S&P 500, le principal indice boursier américain, a augmenté de plus de 500 % depuis son creux du 9 mars 2009, le moment des plus fortes craintes des investisseurs. Ces craintes se sont peu manifestées ces derniers temps.
Facteur de taux d’intérêt
Van Quaethem fait également référence au facteur de taux d’intérêt. « Premièrement, la croissance économique est très limitée. Les investisseurs sont donc prêts à payer plus pour des entreprises à croissance plus rapide. En actualisant les flux monétaires dans un modèle DCF à un faible taux d’actualisation, ces actions ont davantage de valeur. Certaines actions de croissance se comportent davantage comme des options que comme des actions traditionnelles. Deuxièmement, il existe une catégorie d’actions très sensibles aux taux d’intérêt, comme les groupes immobiliers. Ces actions se comportent comme des obligations à très long terme. Si vous valorisez ces types d’actions uniquement sur la base d’un taux d’intérêt très bas et si, par exemple, vous ne tenez guère compte du rapport cours/valeur intrinsèque élevé, alors la valeur se trouve considérablement augmentée. »
« Je vois sur le marché une combinaison de TINA (there is no alternative) et de FOMO (fear off missing out), ce qui conduit à ‘BEYOND REASON’. Lorsque les investisseurs recherchent désespérément le dernier rendement et qu’ils craignent également de passer à côté des grands gagnants, la raison disparaît. »
Les bons choix
Si vous faites les bons choix à Bruxelles, vous pouvez de nouveau réaliser une belle année, affirme le gestionnaire. « Les différences entre les entreprises sont énormes. Il n’est pas nécessaire d’adopter une attitude pessimiste concernant le marché belge, mais je voudrais tout de même tempérer un peu les attentes. Le rythme auquel les cours ont augmenté durant les deux premiers mois de l’année n’est pas tenable. Je pense que nous devrions être plus chauvins en tant que Belges. La bourse belge est un microcosme, qui reflète de ce qui se passe dans le reste du monde.
Les Belges excellent dans deux secteurs : l’immobilier et la biotechnologie, où nous avons de vrais champions. Mais oubliez des entreprises telles qu’Umicore, Solvay, UCB, Barco ou Melexis. Et pensez aussi à Ageas, qui est certes un peu décevante actuellement, mais a connu un excellent parcours ces dernières années et compte un projet de croissance en Asie. Un investisseur qui fait ses devoirs ‘à Bruxelles’ y trouvera certainement quelque chose à son goût. »
Sang neuf
Van Quaethem souhaite voir du sang neuf à la bourse de Bruxelles. « De nouvelles entreprises devraient pouvoir entrer en bourse, de préférence des entreprises technologiques ou des valeurs de croissance. Cela pourrait stimuler davantage l’intérêt des investisseurs pour notre marché. »