Avec le recrutement du célèbre et expérimenté Frank Vranken (ex-Puilaetco), Edmond de Rothschild entend jouer résolument la carte du marché flamand des clients (très) fortunés. L’offre est sophistiquée et, outre l’allocation d’actifs traditionnelle, se concentre également sur les projets de capital-investissement dans lesquels les actionnaires familiaux co-investissent avec le client, ainsi que sur certaines mégatendances à très long terme.
C’est ce que révèle un entretien croisé exclusif avec Stéphane Wathier et Frank Vranken, respectivement CEO d’Edmond de Rothschild Belgique et Chief Investment Officer Luxembourg. Vranken sera d’ailleurs nommé CIO de Rothschild Belgique à compter du 1er février 2022 : « Je dois d’abord faire ma tournée au Luxembourg afin de faire connaissance avec tous mes collègues, car en Belgique, il n’y a qu’un front office, avec peu de back office et de middle office. Nous sommes en effet une succursale du Luxembourg », explique Vranken.
Edmond de Rothschild est actif en Belgique depuis son bureau bruxellois de l’avenue Louise, mais il est encore peu connu des familles et entrepreneurs flamands fortunés. Ce qui, selon le CEO Wathier, est dû à l’image majoritairement francophone de la banque privée. « Nous voulons absolument mieux desservir la Flandre à l’avenir et à cette fin, nous recrutons actuellement les bons commerciaux. Au début de l’année prochaine, nous voulons ouvrir un bureau à Gand qui pourra desservir principalement les clients de Flandre orientale et occidentale, puis également à Anvers.
Les personnes que nous recrutons doivent vraiment promouvoir notre ADN et être bien introduites dans les familles d’entrepreneurs. À Bruxelles, nous avons une clientèle essentiellement composée de familles fortunées établies, tandis qu’en Flandre, nous nous concentrerons davantage sur les entrepreneurs à succès et leur famille. »
Et Vranken d’ajouter : « Nous desservirons les clients du Brabant flamand depuis Bruxelles, mais la majorité de nos clients flamands seront desservis depuis Gand. Anvers permettra ensuite d’atteindre le reste de la Flandre. Nous sommes actuellement contactés par des banquiers privés qui voient ce que nous pouvons réaliser. »
Dimension internationale
Pour Wathier, la dimension internationale d’Edmond de Rothschild constitue un atout important. « L’offre que nous proposons est unique et très compétitive. Nous sommes basés dans plusieurs pays européens et pouvons tirer parti de cette connaissance internationale de manière optimale. »
Offre
Vranken est convaincu que l’offre d’Edmond de Rothschild fera la différence. « Nous avons un très large éventail d’actifs privés. La différence avec de très nombreux autres acteurs est que nos actionnaires familiaux co-investissent dans la dette privée, les infrastructures et le capital-investissement. À cet égard, l’avantage est que la direction générale de notre gestionnaire d’actifs (EDRAM) assure également la gestion de la banque privée, ce qui permet de créer beaucoup de valeur ajoutée et d’interaction. »
Vranken mentionne qu’Edmond de Rothschild n’achète pas beaucoup d’analyses (de durabilité) externes, mais dispose d’équipes internes depuis de nombreuses années déjà. « Nous avons par exemple 125 experts qui se consacrent au capital-investissement. Cela nous permet de développer des stratégies et partenariats performants avec nos clients. Nous ne prenons jamais de risques trop élevés, car les actionnaires familiaux veulent éviter une perte de capital pour chacun. »
Les clients ne sont pas non plus obligés d’investir dans les fonds propres d’Edmond de Rothschild, car une plateforme interne (Vision) a été mise en place pour accueillir des fonds de tiers. « C’est un véritable modèle d’architecture ouverte basé sur des convictions fortes, dans lequel les investissements peuvent également être réalisés dans des lignes individuelles. Nous pouvons également proposer des produits structurés et des certificats pour investir dans certains thèmes et niches. »
La clientèle de la banque privée se divise en trois segments : ultra high (50 millions d’euros d’actifs investissables, dont 10 millions détenus par la banque), core (entre 2 et 10 millions) et mass affluent (entre 0,5 et 1 million d’euros).
Allocation d’actifs
Selon Vranken, la valeur ajoutée de l’offre Edmond de Rothschild réside dans son allocation d’actifs unique, qui ne peut en aucun cas être considérée comme une gestion standardisée. « Au cœur, vous trouvez des investissements qui tiennent compte du profil de risque du client. La partie intermédiaire comporte tout ce que nous appelons les mégatendances, comme la durabilité et la relocalisation. De nombreuses entreprises ramènent une partie de leur capacité de production en Europe, ce dont nous pouvons tirer parti via un certificat qui investit dans ces entreprises. La dernière partie de l’allocation, la moins importante, est composée d’investissements tactiques détenus à court terme et qui réagissent à certains événements du marché, comme l’élection de Biden, mais qui sont vendus lorsque l’événement a fait son chemin. »
Différenciation
Vranken indique aussi que l’offre d’Edmond de Rothschild est également en phase avec les besoins actuels du marché, sur lequel l’inflation est durablement plus élevée que prévu. « Vous avez alors besoin d’actifs réels et tangibles, que vous trouvez dans notre offre. Par exemple, les prêts privés, qui sont moins affectés par le mark-to-market et donc, par les baisses de prix potentielles que subissent les obligations d’État classiques lorsque les taux d’intérêt augmentent. Chez nous, vous avez des ‘pockets’ beaucoup plus segmentées, qui correspondent à notre offre sophistiquée. La partie actifs privés fait l’objet d’un suivi après le lancement initial et peut éventuellement même être étendue dans une nouvelle version, c’est pourquoi nous n’optons pas pour une approche hit-and-run. Nous investissons à long terme dans des actifs réels. »
Et Wathier de conclure : « Beaucoup d’autres acteurs pratiquent une allocation d’actifs classique dans des produits liquides. Nous n’allons pas proposer des produits classiques comme des obligations d’État ordinaires ou des fonds d’actions européennes. Nous voulons faire la différence avec la diversification et le travail sur mesure pour le client. Je respecte tout à fait les banques privées qui proposent une offre industrialisée et un produit ‘modèle unique’ qui leur permet d’atteindre un ratio coût-revenu plus faible, mais ce n’est pas notre façon de travailler.
Si ces banques privées veulent continuer à se développer, leur offre devra également se développer. Le capital-investissement est un marché qui ne cesse de se développer et nous pouvons proposer des solutions uniques sur le marché. Je suis convaincu que les clients flamands seront également prêts à nous entendre. »
À propos d’Edmond de Rothschild
- AUM : + 4 milliards d’euros
- Nombre d’employés : +40 ETP