Évitez les extrêmes du marché : les actions ‘deep value’ et les actions de croissance très chères. C’est dans ce dernier segment que réside le plus grand danger, étant donné la forte domination des investisseurs de détail. Avec ses ETF ARK, Cathie Wood en est l’exemple parfait. Une bonne gestion des risques est importante dans tous les domaines de la gestion de fonds. Et, bien sûr, les critères de durabilité sont déterminants.
C’est ce que déclare Christian Schmitt, gestionnaire du fonds Ethna-Dynamisch de la société d’investissement luxembourgeoise Ethenea, lors d’un entretien avec Investment Officer.
Stratégique versus tactique
Schmitt aborde la gestion sous deux angles. « D’un point de vue stratégique, les actions sont en grande forme, ce qui est en fait le cas depuis des années grâce aux faibles taux d’intérêt.
Les banques centrales injectent massivement des liquidités et l’économie se porte très bien grâce à ces mesures de relance. Pour le volet tactique, nous nous demandons quelles sont les attentes actuelles des investisseurs et comment ils se sont positionnés à cet égard. » En ce qui concerne ce dernier point, il voit aujourd’hui une grande différence entre les investisseurs de détail et les investisseurs institutionnels.
« Les investisseurs de détail se trouvent clairement dans une phase d’euphorie, surtout aux États-Unis, et se concentrent principalement sur les segments hautement spéculatifs du marché, comme les SPAC, les crypto-monnaies, l’hydrogène, les biotechnologies, etc.
Les institutionnels, par contre, ne sont pas aussi euphoriques, bien qu’ils soient positifs sur les actions grâce aux facteurs environnementaux favorables. Ils considèrent l’excès d’optimisme des investisseurs de détail comme un grand risque. » Selon Schmitt, la plupart des investisseurs institutionnels sont loin d’être entièrement investis dans les actions. « Il y a donc un potentiel haussier évident si ce groupe d’investisseurs entre lui aussi dans une phase d’euphorie. »
Aujourd’hui, nous sommes au milieu de la saison des résultats, et ceux-ci sont généralement excellents car la base de comparaison est la période du confinement de 2020. « Cependant, la majorité de ces bonnes nouvelles sont déjà intégrées dans les cours. Nous nous trouvons maintenant dans la deuxième phase du marché haussier, qui va généralement de pair avec une plus grande volatilité.
En fait, les marchés ne vont nulle part et nous pensons que d’ici la fin de l’été, les indices boursiers seront au même niveau qu’aujourd’hui. » Pour Schmitt, le risque baissier est limité car les liquidités sont partout. « Nous pensons que le marché va augmenter de 20 % plutôt que baisser de 20 % », ajoute-t-il encore.
Euphorie des investisseurs de détail
Aujourd’hui, le fonds Ethna-Dynamisch est clairement axé sur les actions. « Actuellement, environ 70 % du fonds sont constitués d’actions. Nous avons réduit cette position en pensant à l’été, car la position en actions était précédemment de 80 %. En termes de secteurs, nous sommes extrêmement diversifiés et essayons également d’éviter les extrêmes, comme les actions ‘deep value’ et les actions de croissance coûteuses, car c’est là que se trouvent les plus grands risques.
L’or représente 5 % du portefeuille. Le retour possible de l’inflation guette toujours et les matières premières offrent une diversification supplémentaire. Nous avons également 5 % d’obligations libellées en couronnes norvégiennes, car les finances de l’État norvégien sont solides et cela nous donne également une certaine exposition au marché pétrolier. Sinon, nous n’avons pas d’obligations en portefeuille, ce qui est le cas depuis des années déjà. »
En ce qui concerne le débat valeur/croissance, le gestionnaire d’Ethenea distingue différents points. « En ce moment, on parle de reprise de l’économie, mais les marchés ont commencé à en tenir compte il y a environ un an déjà.
Les actions cycliques se sont mises à surperformer largement les valeurs défensives en avril 2020. En d’autres termes, cela ne date pas d’hier. De plus, nous estimons que la plupart des entreprises de valeur sont confrontées à des problèmes structurels qu’elles avaient avant la pandémie, et dont beaucoup sont toujours présents. »
Dans le même temps, Schmitt estime que l’euphorie qui règne dans le secteur retail concerne principalement la partie croissance du marché. « Le succès de Cathie Woods et de ses fonds ARK explique déjà beaucoup de choses. Au cours des derniers mois, sur un total de quelque 25 milliards de dollars, 10 milliards ont été versés par des investisseurs de détail. Il faut noter que la plupart de cet argent frais est actuellement en perte.
De plus, 25 milliards de dollars sont placés dans des fonds similaires (principalement des copies d’UCITS). Si ces actions ARK devaient se retrouver sous pression, parce que les fonds ARK sont dominants dans beaucoup de ces valeurs, il y a une possibilité de liquidation. Ici, notre flexibilité peut venir à point nommé pour trouver des couvertures via l’utilisation d’options. Aujourd’hui, nous nous sommes déjà couverts si les valeurs technologiques devaient retomber. »
Gestion des risques
« Notre mission est de permettre à nos clients d’accéder aux marchés financiers en prenant le moins de risques possible. Pour mon fonds, Ethna-Dynamisch, ce dernier point n’est pas un luxe superflu étant donné l’exposition plus élevée aux actions », souligne le gestionnaire Christian Schmitt. « Nous réussissons grâce à notre flexibilité et à notre capacité d’adaptation.
Nous ne nous limitons pas à un certain style de gestion, nous ne travaillons pas avec des restrictions et nous essayons de nous adapter à toutes les conditions du marché. Et grâce à notre structure flexible, nous pouvons le faire. » Il ajoute que presque toutes les décisions prises intègrent l’aspect ‘comment éviter le risque autant que possible’.
Schmitt ne croit pas aux méthodes qui vous obligent à un moment donné à sortir automatiquement du marché. « Ces systèmes vous auraient obligé à vendre en mars 2020, presque au niveau le plus bas du marché, comme certains gestionnaires robots.
Et pour nous, il est très important de pouvoir regarder au-delà. Nous avons donc développé la gestion du risque au niveau individuel, en recherchant des entreprises avec des bilans solides, une bonne gestion, etc., ainsi qu’en considérant les marchés avec une approche top/down afin que nous puissions intégrer une sécurité lorsque le rapport risque/rendement est négatif. Nous réduisons également le risque en utilisant des options put. »
ESG : sous la pression de la réglementation
Enfin, le gestionnaire a donné son point de vue concernant l’ESG et sa mise en œuvre. « Le débat sur la durabilité est en cours depuis des dizaines d’années, mais sa mise en œuvre a toujours été difficile, car le consommateur ne le fera pas de lui-même.
Le régulateur a donc décidé de la mettre en œuvre via l’industrie financière. Il s’agit de flux financiers, et si vous les poussez dans une certaine direction, cela se fait pour ainsi dire automatiquement. »
Il souligne également que dans l’intervalle, tous les critères ESG ont été introduits dans la gamme de produits existante. « Avant, tout était axé sur le rendement, la gestion des risques et la liquidité, mais maintenant, les facteurs ESG sont venus s’ajouter.
Nous les incluons désormais dans toutes les décisions et c’est à chaque gestionnaire individuel qu’il appartient d’intégrer l’ESG à chaque niveau de décision. Compte tenu de l’énorme univers dans lequel nous investissons, nous ne pouvons pas effectuer nous-mêmes tout le travail relatif à l’ESG. Pour la sélection ESG initiale, nous travaillons donc avec une agence externe, Sustainalytics.
C’est un important fournisseur de données et, pour prendre de bonnes décisions, vous avez besoin de données. » Mais selon le gestionnaire, tout n’est pas encore clair comme de l’eau de roche. « Pour l’analyse du rendement et du risque, vous disposez des données nécessaires, par exemple dans le bilan ou le compte de résultat. Mais en ce qui concerne l’ESG et la durabilité, les données ne sont toujours pas uniformes. »
Ethna-Dynamisch
- LU0455735596
- Rendement annuel sur les cinq dernières années : 4,94 %
- Coûts d’exploitation : 2 %
- Actifs sous gestion : 229,01 millions d’euros
Constitué d’un portefeuille très concentré de 30 à 40 actions représentant plus de 70 % du portefeuille. Selon le gestionnaire, toutes ces entreprises bénéficient structurellement d’un vent arrière et sont correctement valorisées.
Dans son choix d’actions, il se concentre principalement sur le thème de ‘l’ouverture de l’économie’. Il détient également des positions importantes en or, en obligations libellées en couronnes norvégiennes ainsi qu’en produits dérivés, principalement à des fins de couverture.