Les investisseurs professionnels excellent dans la recherche d’entreprises solides lorsqu’ils veulent acheter des actions. Mais une fois que les titres sont dans le portefeuille, ils les revendent sans analyse approfondie le moment venu. Une attitude négligente dont souffre le rendement.
En résumé, telle est la conclusion de quatre chercheurs d’universités américaines qui se sont penchés sur le comportement d’achat et de vente des gestionnaires de 783 portefeuilles d’actions.
Ces gestionnaires de fonds, qui géraient en moyenne 573 millions de dollars, se sont même avérés si mauvais pour choisir les titres à vendre qu’ils accusaient en termes de rendement annuel un retard de 50 à 100 points de base par rapport à une stratégie de sélection des titres entièrement aléatoire.
Mauvais vendeurs
« Nous constatons un modèle frappant », écrivent Klakow Akepanidtaworn, de l’Université de Chicago, et les autres chercheurs dans leur article ‹Selling Fast and Buying Slow’, dont la première version a paru au début de cette année. « Bien que les investisseurs soient manifestement doués pour acheter des actions, leurs décisions de vente accusent un retard considérable. »
Ce qui est étonnant car en théorie, les décisions d’achat et de vente ne diffèrent pas énormément les unes des autres. Un investisseur analyse la situation financière d’une entreprise, son potentiel de croissance et les valorisations de ses actions. Cette analyse fondamentale montre si une action constitue une opportunité d’investissement intéressante, mais peut également être utilisée pour déterminer s’il est temps de vendre une action.
« Ce n’est pas que les gestionnaires de fonds n’ont pas les compétences de base requises pour prendre de bonnes décisions de vente, mais ils n’y consacrent tout simplement pas d’attention. »
Au lieu d’une analyse fondamentale, les investisseurs se laissent souvent tout simplement guider par les rendements historiques lorsqu’ils prennent des décisions de vente. Les chercheurs ont constaté que ce sont les actions qui se sont récemment très bien (ou extrêmement mal) comportées qui sont vendues.
Pression du temps
Pourquoi ? Il n’y a pas de preuve directe, mais d’après les discussions avec des gestionnaires de fonds, Akepanidtaworn et les autres chercheurs recherchent l’explication dans l’attention inégale qui est consacrée aux décisions d’achat et de vente.
Trouver de nouvelles opportunités d’investissement est considéré comme l’une des activités les plus importantes d’un investisseur, qui y consacre beaucoup de temps et d’attention. Une fois qu’un bon investissement a été trouvé, il y a souvent une certaine pression du temps pour acheter les actions à une valorisation attrayante. C’est là qu’intervient la décision de vendre : pour financer le nouvel investissement, il faut vendre un investissement existant.
Surtout lorsqu’il y a une certaine pression, les investisseurs ont tendance à remplacer une question complexe («pour quelles positions existantes les rendements futurs attendus ne sont-ils plus attrayants ?») par une question simple («quelles actions ont montré des rendements extrêmes dans un passé récent ?»), ont déjà constaté déjà Tversky et Kahneman.
De manière typique, les gestionnaires de fonds qui avaient connu un mauvais trimestre, et qui étaient donc soumis à une forte pression, prenaient d’encore plus mauvaises décisions de vente.