Ce n’est pas le moment de spéculer sur l’éventuel développement d’un vaccin contre le coronavirus. Cependant, les entreprises du secteur de la santé ou des biotechnologies, qui étaient auparavant trop chères, sont maintenant devenues très intéressantes. De plus, les biotechnologies (et les soins de santé au sens large) obtiennent de bien meilleurs résultats que l’indice MSCI World.
C’est ce qu’affirme Rudi Van den Eynde qui, avec deux analystes, est à la barre de Candriam Equities L Biotechnology depuis sa création. Investment Officer s’est entretenu avec lui.
Le fonds (1,3 milliard d’euros d’actifs sous gestion) a enregistré une performance de -19,4 % pour la catégorie des actions institutionnelles depuis le début de l’année (au 18/3). C’est beaucoup mieux que le large indice MSCI World, et pas désagréable en temps de crise où toutes les classes d’actifs sont fortement corrélées.
Van den Eynde : « Bien que nous ne fassions pas d’allocation d’actifs, nous avions accumulé des liquidités il y a quelque temps. Nous achetons ici et là, mais sommes cependant prudents à l’égard des producteurs d’un éventuel vaccin contre le coronavirus. Nous n’allons pas spéculer sur ces entreprises, mais suivrons bien évidemment l’évolution de la situation de près. Dans le passé, nous avons d’ailleurs vu que ce sont toujours les mêmes noms qui se manifestent et font des allégations - il suffit de penser à Ebola et au SRAS. Nous allons par contre nous concentrer sur les entreprises qui ont une capacité financière suffisante et ont subi une chute brutale et injustifiée. Il suffit de penser aux producteurs d’implants orthopédiques, comme les hanches. Nous achetons des entreprises qui avaient récemment de bonnes données cliniques et sont maintenant injustement concernées par la correction. Cela crée des opportunités. »
Disruption
L’ensemble du secteur de la santé est aujourd’hui confronté à une disruption. « Les modèles commerciaux ou les produits ne sont pas remis en question, mais les prochains trimestres seront bien entendu un peu plus maigres. Les entreprises pharmaceutiques souffrent également du virus, car leurs vendeurs ne pourront plus se rendre chez les médecins ou dans les hôpitaux pour vendre leurs produits dans les mois à venir. Toutefois, la situation va se normaliser, et les entreprises les plus fortes pourront alors se redresser. » Même les études cliniques sont retardées, parce que les gens ne se déplacent plus librement.
Corrélation
Dans un marché sur lequel tout est corrélé, la biotechnologie n’est pas épargnée non plus. Van den Eynde le confirme, mais renvoie à la surperformance considérable par rapport au MSCI World. « Cela est dû aux flux de trésorerie récurrents de ces entreprises, qui ont leur propre dynamique. Leur modèle économique dépend principalement de l’évolution des phases cliniques. C’est pourquoi j’ose affirmer que dans une allocation d’actifs diversifiée, les actions biotechnologiques ont un effet de diversification. Cependant, le choix de la qualité est primordial. C’est un travail de spécialiste. »