Les actions à dividende sont souvent plébiscitées pour leurs propriétés défensives. En période de turbulences sur les marchés, les entreprises qui versent un dividende supérieur à la moyenne, mais surtout régulier, semblent offrir un refuge aux investisseurs.
Les entreprises qui versent des dividendes solides appartiennent souvent à des secteurs défensifs : consommation de base, services aux collectivités, santé… Elles sont généralement bien positionnées sur le marché, génèrent des flux de trésorerie stables, affichent un bilan robuste et adoptent une approche disciplinée du capital - autant de caractéristiques qui en font des candidats idéaux pour donner une orientation défensive à un portefeuille d’investissement, explique à Investment Officer Jeffrey Schumacher, analyste chez Morningstar.
Dès lors, il semble logique que ce type de valeurs, au cours des trimestres écoulés, n’ait pas pu suivre les performances des actions de croissance et de momentum, qui ont propulsé les marchés à des niveaux record. Mais, revers de la médaille, les titres qui brillent en Bourse ne versent généralement aucun dividende.
En 2018 comme au cours des années précédentes, les actions à dividende semblaient destinées à rester dans l’ombre du marché dans son ensemble – mais c’était sans compter la correction du quatrième trimestre. Le MSCI World High Dividend a certes cédé du terrain au dernier trimestre 2018 (-7,2 %), mais largement moins que le MSCI World (-12 %). Les titres à dividende témoignent ainsi une nouvelle fois de leur caractère défensif : le MSCI World High Dividend Yield a terminé l’année sur une perte de 2,9 % seulement,une surperformance de 120 points de base par rapport au MSCI World.
Un univers d’investissement polarisé
De nombreux fonds à dividende visent à créer de la valeur pendant les phases de marché baissières, en investissant dans des actions à dividende défensives. Cette mission est de plus en plus ardue pour certains gérants, car les valorisations de ces titres ont fortement augmenté ces dernières années.
Les fonds à dividende qui se concentrent sur les faibles valorisations ont donc du mal à trouver des valeurs attrayantes dans les secteurs versant traditionnellement des dividendes importants, surtout en Amérique. D’autres fonds à dividende mettent davantage l’accent sur la qualité des titres et leur caractère défensif, et sont donc prêts à payer un prix plus élevé. Cela crée donc une dichotomie au sein de l’univers de placement.
Les fonds à dividende investissant dans des actions mondiales affichaient, fin 2018, une allocation moyenne de 31,5 % aux secteurs défensifs (biens de consommation défensifs, santé et services aux collectivités). Avec 24 % seulement, le M&G Global Dividend se situe nettement en deçà. Son gérant, Stuart Rhodes, a depuis des années déjà du mal à trouver des actions aux valorisations raisonnables, surtout au sein du segment alimentation et boissons.
DWS Top Dividende
À l’inverse, certains fonds à dividende misent fortement sur les secteurs défensifs. C’est notamment le cas du Fidelity Global Dividend, qui alloue 40,5 % à ces actions, ou encore du DWS Top Dividende (42,2 %). Le BlackRock Global Equity Income n’a certes aucune position dans les services aux collectivités, mais alloue 20,5 % de ses actifs à la santé et 25,8 % aux biens de consommation défensifs.
La différence de positionnement explique aussi les performances disparates au quatrième trimestre 2018. Si la totalité de ces fonds a terminé dans le rouge, ils ont en revanche tous, à l’exception du M&G Global Dividend, fait mieux que le MSCI World.
Les fonds les plus défensifs ont bien profité de leur positionnement. Ainsi, le Fidelity Global Dividend a su limiter ses pertes à 4,7 %, le DWS Top Dividende a cédé 6,1 % et le BlackRock Global Equity Income 7,4 %.
La correction du quatrième trimestre a aussi eu un impact sur le Top 5 au sein de la catégorie Morningstar « Actions à dividende – Monde », sur la base de leur rendement sur l’année 2018.
Fidelity Global Dividend
Dans le contexte de marché difficile de 2018, le Fidelity Global Dividend, créé en 2012 et dirigé depuis par Dan Roberts (photo), a su se distinguer.
Son portefeuille est relativement concentré (50 à 60 titres), mais les pondérations équilibrées (de 1 à 4 %) assurent une diversification judicieuse. Il est intéressant de noter que le fonds est surexposé aux actions d’entreprises japonaises, qui, selon le gérant, affichent des bilans solides et commencent à recueillir les fruits des réformes menées par le premier ministre Shinzo Abe.
En 2018, le fonds a tiré profit de la sélection porteuse d’actions au sein du secteur financier, et notamment des positions dans Deutsche Boerse et Zurich Insurance, ainsi que de l’exposition à Procter & Gamble et à Cisco Systems.