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Les valorisations des actions ont fortement augmenté. Par conséquent, les rendements attendus pour les dix prochaines années sont inférieurs à ceux de la décennie précédente. Le choix et la sélection des bons facteurs apporteront toujours une valeur ajoutée et peuvent constituer une alternative aux fonds d’investissement et ETF classiques gérés activement. La valeur et la taille, en particulier, peuvent fournir des rendements intéressants lorsque les marchés larges sont en difficulté. Et n’oubliez pas le momentum, un facteur particulièrement intéressant ! 

C’est ce qui ressort d’un podcast avec Steven Nuyts (photo), Chief Investment Officer chez FinFactor et responsable de l’allocation tactique d’actifs avec un fort accent sur l’investissement factoriel. 

Selon Nuyts, l’investissement factoriel ne fera que gagner en importance dans un avenir proche. 

Chez FinFactor, ils visent une approche très structurée et méthodique du processus. Si quelque chose a fonctionné dans le passé, ils le répètent volontiers. Pour l’allocation tactique d’actifs, ils regardent l’état du cycle économique.

À chaque phase du cycle, ce sont des investissements différents qui se portent bien. 

Il est donc important de savoir dans quelle phase nous nous trouvons. Par exemple, les matières premières sont souvent plus performantes à la fin d’une période d’expansion économique, alors qu’il est préférable d’acheter des actions en période de récession. 

Nuyts : « Nous utilisons trois types de sources pour notre allocation tactique : tout d’abord les indicateurs du marché, ensuite les indicateurs de tiers qui peuvent nous challenger et enfin, les indicateurs techniques.

Facteurs

Depuis 2010, de nombreux facteurs traditionnels ne fonctionnent plus correctement. Depuis lors, la valeur reste à la traîne du marché. 

Nuyts nuance : « La valeur est néanmoins l’un des meilleurs facteurs car au cours des 50 à 60 dernières années, elle a obtenu un rendement supplémentaire moyen de 5 % par an. Le facteur taille est en fait similaire. » 

Historiquement, cela a également rapporté 3 à 4 % de plus que l’indice de référence, mais ici également, ce facteur ne fonctionne plus très bien depuis un certain temps. 

Les raisons sont bien connues : les actions FANG, qui sont très performantes. Nous avons encore connu de telles périodes dans le passé, et les périodes au cours desquelles la taille et la valeur se sont moins bien comportées sont souvent des phases de très bonnes performances sur les marchés actions. 

Lorsque les marchés ne se portent pas bien, comme dans les années 1970 et 2000, ces facteurs ont justement tendance à bien se porter.

Nuyts trouve également que le momentum est un facteur intéressant, même si de nombreux universitaires n’y voient pas d’intérêt car il est plus difficile à expliquer du point de vue des marchés efficients. 

Historiquement, les marchés efficients se sont très bien comportés, ces dix dernières années également. 

Nuyts : « Le seul inconvénient est qu’on assiste parfois à une forte correction lorsque le facteur momentum est suracheté. Chez FinFactor, nous n’utilisons jamais le facteur momentum seul, mais toujours en combinaison avec d’autres facteurs, comme la valeur et la qualité. Nous travaillons donc toujours avec des modèles multifactoriels. 

Nuyts n’est pas non plus un grand fan des ETF smart beta dans lesquels les particuliers peuvent investir. Ces ETF suivent généralement une stratégie très unilatérale, avec le risque de sous-performer sur une longue période. Il est très important de suivre une approche multifactorielle et d’ainsi répartir le risque.

Actions

Pour examiner l’attrait des actions, Nuyts fait le lien avec le cycle économique. À la fin d’un cycle économique, on observe souvent une certaine inflation, ce qui pousse les banques centrales à intervenir en augmentant les taux d’intérêt. 

Pour finir, on se retrouve dans une phase d’exagération avec une forte croissance économique, mais aussi une inflation croissante. 

Dans le cycle précédent, nous ne sommes cependant pas entrés dans cette phase, car la pandémie a brusquement interrompu le cycle. 

Les gouvernements et les banques centrales sont intervenus énergiquement par des interventions monétaires et fiscales et nous ont ramenés au début d’un nouveau cycle, qui est généralement très favorable aux actions. La valeur et les petites capitalisations ont également tendance à bien se comporter au début d’un cycle économique, et c’est exactement ce qui se produit maintenant.

La particularité du cycle actuel est cependant que nous commençons avec des valorisations élevées. 

Nuyts : « Certains indicateurs, comme le ratio CAPE de Shiller pour le S&P 500, sont au plus haut niveau jamais atteint, hormis la bulle IT. Les actions américaines sont particulièrement chères. 

Mais aux Pays-Bas également, le marché actions est fortement valorisé. Il s’agit justement d’un marché avec beaucoup d’actions de croissance, ce n’est qui n’est pas un hasard. » 

Les indicateurs qui comparent la capitalisation boursière au PIB sont également très élevés. Les actions sont donc généralement chères, mais ces deux indicateurs ne tiennent pas compte de la faiblesse des taux d’intérêt. 

Ces valorisations élevées signifient que les rendements futurs attendus sont plus faibles que par le passé. Les dix prochaines années ne seront donc pas faciles pour les investisseurs.

Valeur versus croissance 

Le raisonnement est connu : les bénéfices des entreprises de croissance sont plus éloignés dans le temps que ceux des actions de valeur. Ils sont donc plus sensibles à la hausse des taux d’intérêt. Le raisonnement de Nuyts est le suivant : 

« Il faut nuancer quelque peu. Si les taux d’intérêt augmentent parce que l’économie commence à se redresser et que la croissance augmente, les actions de croissance peuvent en profiter tout autant que les actions de valeur.

Les taux d’intérêt augmentent actuellement parce qu’on s’attend à une hausse de l’inflation ? Ce taux d’intérêt plus élevé fait augmenter le taux d’actualisation des flux de trésorerie futurs. Si cela se produit sans que la croissance suive ou que les entreprises soient en mesure de répercuter l’inflation, les actions de croissance auront effectivement un problème. » 

Toutefois, ce n’est pas une certitude. Nuyts met en garde contre l’opposition entre croissance et valeur. La croissance et la valeur sont perçues comme opposées, mais cela ne devrait pas être le cas. 

Selon lui, il existe également des actions de croissance qui sont correctement valorisées. 

La croissance n’est pas anti-valeur, mais concerne les entreprises dont les flux de trésorerie et les bénéfices augmentent. Si vous ne surpayez pas, la croissance reste intéressante.

50/50

Enfin, Nuyts se penche également sur le débat concernant le contenu des portefeuilles multi-actifs ou équilibrés classiques. 

Selon lui, nous entrons dans une période très difficile pour les investisseurs. Les investisseurs qui cherchent à préserver leur patrimoine subiront la pression d’une inflation plus élevée. 

« Dans un profil équilibré, nous sommes actuellement légèrement surpondérés en actions. Mais les obligations d’État ont également toujours une position dans ces portefeuilles. En cas de crise réelle, elles offrent encore une protection. 

Nous ne réduisons l’échéance que pour devenir moins sensibles aux taux d’intérêt. Les obligations indexées sur l’inflation se sont bien comportées, mais il n’y a plus de beurre dans les épinards.

Nous complétons cela avec des obligations à haut rendement et des obligations des marchés émergents, ainsi qu’avec des obligations d’entreprises de bonne qualité qui rapportent un peu plus. »

 

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