Les fonds durables actifs ont généralement une longueur d’avance sur leurs homologues passifs, mais ces derniers sont actuellement en plein essor. La part de marché des trackers durables a doublé en dix ans et l’année 2020 a été marquée par un nombre record de lancements de produits.
Selon Ronald van Genderen, Senior Manager Research Analyst chez Morningstar, les investisseurs manifestent depuis plusieurs années déjà un intérêt de plus en plus vif pour les placements durables.
Pas moins de 10 000 milliards d’euros étaient investis dans des fonds d’investissement durables fin décembre 2020 en Europe, dont près de 80 % dans des fonds actifs, ce qui reflète clairement la préférence des investisseurs pour ce type d’approche. Cependant, les produits passifs opèrent un rattrapage spectaculaire depuis cinq ans.
Encours multiplié par cinq
Fin 2010, les fonds passifs durables (fonds indiciels et ETF) affichaient un encours total de 464 milliards d’euros, soit une part de marché légèrement supérieure à 10 %. Dix ans plus tard, l’actif sous gestion avait été multiplié par cinq, pour atteindre 2100 milliards d’euros ; les produits passifs ont ainsi doublé leur part de marché.
83 fonds passifs durables investissant dans des actions mondiales sont disponibles en Europe, pour un total de 242 fonds passifs dans la catégorie des grandes capitalisations internationales axées sur la valeur, la croissance ou mixtes.
Nombre de ces fonds durables sont encore très jeunes : 55 d’entre eux ont été créés au cours des cinq dernières années. 2020 a marqué un record, avec 19 lancements de fonds.
Un essor notable
Pour Ronald van Genderen, l’essor des fonds durables passifs est d’autant plus remarquable qu’en matière d’investissements durables, l’approche active présente généralement un certain nombre d’atouts. « La forme que prend l’investissement durable dépend dans une large mesure de normes et de valeurs plus difficiles à capturer via un indice de référence répondant à des règles strictes et rigides. »
En outre, l’un des inconvénients des produits passifs réside selon lui dans l’application moins efficace de la politique de stewardship. Car si les actions détenues par un produit passif donnent un droit de vote et qu’il est possible de s’impliquer dans les entreprises, le moyen de pression ultime manque : un fonds passif ne peut vendre une position lorsqu’une entreprise refuse de mener certains changements – tant que l’action reste incluse dans l’indice, il doit la conserver.
Le top 5
Le top cinq de la semaine présente les cinq fonds passifs d’actions internationales qui affichent le Morningstar Sustainability Score le plus élevé, soit les fonds les plus durables.
Les quatre premiers fonds du classement répliquent tous une variante du même indice : le MSCI World SRI. Selon Ronald van Genderen, « cet indice cible les entreprises du MSCI World les plus durables de leur secteur.
Des exclusions s’appliquent : aucun investissement n’est réalisé dans des entreprises liées au secteur de l’alcool, des paris, du tabac, des armes militaires et à feu, de l’énergie nucléaire, de la pornographie, du pétrole et du gaz ainsi que du charbon. Du fait de ces critères de sélection, l’indice compte bien moins de noms que le MSCI World (441 actions au 14 juin 2021, contre 1562, près de quatre fois plus, pour l’indice large).
La troisième et quatrième place sont occupées par des ETF suivis par les analystes de Morningstar : l’iShares MSCI World SRI et l’UBS (Lux) FS MSCI World SRI, assortis d’une notation Morningstar Analyst Rating Silver.
« Les analystes estiment que l’indice suivi constitue une référence bien construite, diversifiée, et assez représentative des actions de grandes et de moyennes capitalisations de la sphère développée. Les deux produits offrent une exposition relativement bon marché à l’indice et se caractérisent par une erreur de suivi faible, ce qui témoigne d’une reproduction efficace de l’indice », conclut Ronald van Genderen.