Ceux qui sont passés à côté des rendements des marchés émergents au cours des trente dernières années ont une deuxième chance. Les ‹frontier markets›, ou marchés frontaliers (MF), sont the place to be pour les investisseurs à long terme, déclare Franklin Templeton Investments.
Bassel Khatoun, directeur de la gestion de portefeuille pour les marchés frontaliers et les pays de la région MENA, se trouvait à Amsterdam pour une courte présentation concernant ce domaine encore quasiment inexploré.
Les marchés frontaliers (d’après la ‹frontier› sauvage de l’histoire précoce États-Unis) constituent un groupe très diversifié de pays d’Afrique, du Moyen-Orient, du continent asiatique et d’Amérique latine. Le Maroc, le Tchad, la Colombie, l’Arabie Saoudite, le Cambodge et le Vietnam en sont quelques exemples. Ce groupe inclut également les pays non développés d’Europe, comme l’Ukraine et la Biélorussie.
‹Énorme potentiel›
« Leur seul point commun, c’est qu’ils ont un énorme potentiel inexploité », explique Khatoun. « Ce sont les marchés émergents d’il y a trente ans. Les valorisations sont actuellement faibles, le potentiel est élevé et la diversité énorme. »
Investir sur ces marchés est pionnier, comme ce fut le cas en Chine et en Russie il y a 30 ans, poursuit Khatoun. Mais les marchés frontaliers rattraperont leur retard beaucoup plus rapidement que ne l’ont fait les marchés émergents ces dernières décennies. La technologie est ici le maître mot. « Beaucoup de ces pays ont sauté une étape dans leur infrastructure technique et sont passés directement aux nouvelles technologies. Il suffit de penser à la pénétration du téléphone mobile ou au système de paiement Mpesa. Il s’agit d’un excellent exemple. La numérisation y est très rapide. »
L’extrême hétérogénéité
L’extrême hétérogénéité neutralise de nombreux risques. « Certains pays ont des dettes libellées en dollars, d’autres n’en ont presque pas. Certains sont exportateurs de pétrole, comme le Nigeria et l’Arabie saoudite, d’autres sont importateurs, comme le Maroc. Ce qui rend un ‘panier’ de MF plus stable à bien des égards. En outre, celui qui investit dans les marchés émergents est fortement surpondéré sur l’Asie, et en particulier sur la Chine. Or cela signifie une corrélation plus forte avec l’économie mondiale. »
Ensemble, les marchés frontaliers ont un PIB de 4 000 milliards de dollars, calcule Khatoun. « Cela représente 5 % du PIB mondial. Les MF ont un ratio cours/bénéfice moyen de 12,5. Compte tenu de nos attentes pour les décennies à venir, nous trouvons cette valorisation très attrayante. » Selon les chiffres de Franklin Templeton, le rendement moyen des capitaux propres est de 16,1 %, et le rendement des dividendes de 3,3 %.
Risque: la gouvernance
Bien sûr, il y a aussi des risques. Ceux-ci se situent notamment dans le plus grand défi auquel sont confrontés ces pays : la gouvernance. Corruption, sécurité juridique, ouverture et transparence des marchés constituent les principaux défis. Les tours comme avait joué l’Argentine (également un MF) en nationalisant la compagnie pétrolière YPF en 2012 font partie du jeu.
Et les marchés sont très illiquides. Khatoun voit de grands efforts de la part de nombreux gouvernements pour maîtriser ces problèmes. En raison de l’explosion démographique dans nombre de ces pays, c’est une nécessité. La croissance économique est une nécessité absolue.
Khatoun : « Investir dans les MF est un défi. Mais comme nos collaborateurs sont stationnés dans ces pays, ils ont un contact maximum avec les développements. C’est là que réside la croissance pour les décennies à venir. »