Depuis l’investiture de Trump, les profits boursiers ont totalement disparu. La forte augmentation des dettes aux États-Unis constituera un problème épineux pour le prochain président américain.
C’est ce qu’écrit Geert Noels, fondateur et CEO d’Econopolis, dans un journal qu’il tient pendant la crise du coronavirus.
« C’est une drôle de période pour nous tous. On a parfois l’impression d’être dans un film dont nous trouverions le scénario absurde. La réaction en chaîne provoquée par un petit ennemi invisible sur tout notre système si sophistiqué. Toutes les faiblesses de ce système remontent à présent à la surface. Aujourd’hui, j’ai contacté Nassim Taleb, qui m’a raconté que, suite à son livre de 2007 où il prédisait un important risque de pandémie, seul Singapour l’a contacté, en 2013, pour mettre en place un plan d’urgence. »
Il nous encourage également : un confinement de quelques semaines aura un effet perceptible. Des mesures doivent être prises rapidement et fermement. L’ennui est que nous fassions peut‑être un peu trop les choses à moitié et ouvrions ainsi la porte à de nouveaux foyers.
Le débat entre l’approche adoptée par les Pays-Bas et la Grande-Bretagne (l’immunité collective) et celle des autres pays (le confinement) doit être laissé aux virologues. Du point de vue économique, les estimations sont encore plus compliquées. Le Premier ministre Rutte estime, à l’instar d’Angela Merkel, que 70 pour cent de la population sera contaminée en fin de compte, ce qui développera une immunité pour 99 pour cent des personnes. Cette hypothèse est cependant très risquée et peut vite devenir incontrôlable, c’est pourquoi ces pays commencent à faire marche arrière. D’autre part, le confinement n’est pas non plus parfait en Belgique ; il s’agit plutôt d’une forme hybride de confinement. Les jeunes sont plus résistants à la maladie et peuvent ainsi devenir un groupe d’individus immunisés.
Selon une étude publiée dans Nature, le coronavirus ne serait pas plus mortel que le SARS et certainement pas plus que le MERS, mais il est extrêmement contagieux. Il est en outre bien plus mortel que la grippe saisonnière. Et surtout, son impact sur le secteur des soins de santé est d’un facteur 80, et c’est là que réside le plus gros problème : nous ne sommes en mesure de fournir des soins intensifs qu’à un nombre limité de patients. Entre-temps, les études consacrées au Covid-19 sont de plus en plus nombreuses, et ceci doit nous donner l’espoir d’un remède. Selon les spécialistes cependant, cela prendra plus d’un an. Un « cocktail » destiné à réduire les effets de la maladie sur les poumons est toutefois une perspective plus vraisemblable.
L’Europe a désormais presque rattrapé la Chine en termes de nombre de malades, et le nombre de décès en Italie s’approche peu à peu du nombre chinois. L’épicentre du coronavirus s’est déplacé vers l’Europe, et les États-Unis se rapprochent malheureusement du cœur de l’épidémie.
L’économie chinoise est en train de se rétablir. Cela semble improbable, mais on peut le visualiser en temps réel via la circulation. Pékin est presque normale pendant la semaine, et en confinement seulement le week-end. Wuhan, quant à elle, n’est pas encore revenue à la normale du tout. Toutes les boutiques Apple ont néanmoins rouvert.
Le coronavirus a pulvérisé les profits de la présidence Trump
À présent que le Dow Jones est passé sous la barre des 20 000 points, tous les profits boursiers réalisés depuis l’arrivée au pouvoir de Trump se sont évaporés. Un phénomène qui va donner du fil à retordre au président, qui avait déjà bâti toute son image et sa campagne. Cette hausse du marché boursier a entre autres été alimentée par une forte diminution de l’impôt sur les sociétés, qui a abouti sur un déficit budgétaire s’élevant à environ 5 pour cent du PIB.
Si l’économie, comme on s’y attend, régresse de 2 à 5 pour cent, on peut s’attendre à ce que le déficit augmente jusqu’à 10 pour cent. Après une brève petite fête des marchés boursiers, Trump offrira alors au prochain président une gigantesque gueule de bois budgétaire. L’endettement des États‑Unis est déjà passé au-dessus de 100 pour cent du PIB et va poursuivre son ascension, ce qui créera, à terme, une toute nouvelle réalité macroéconomique.
Le dollar US s’est aujourd’hui renforcé par rapport à l’euro, mais cela n’est pas suffisant. Tant la zone euro que les États-Unis font face à de graves problèmes susceptibles d’affaiblir les devises. C’est comme si deux camps s’affrontaient en poussant la corde au lieu de la tirer : c’est à qui aura la monnaie la plus faible.