Novembre 2020 a été l’un des meilleurs mois boursiers de tous les temps, ce qui était en grande partie dû au résultat des élections américaines. Non parce que Trump a perdu contre Biden, mais parce que la redoutable vague bleue ne s’est pas concrétisée. La grande surprise des élections américaines n’a pas été la victoire de Biden, mais le fort courant populiste sous-jacent.
La différence entre les républicains et les démocrates s’est avérée beaucoup plus faible que prévu. Les sondeurs ne sont manifestement toujours pas en mesure d’évaluer correctement les populistes.
En Géorgie, les élections pour les deux sièges au Sénat se sont soldées par un résultat indécis le 3 novembre, aucun des candidats n’ayant réussi à obtenir au moins 50 % des voix, ce qui est requis pour obtenir un siège au Sénat en Géorgie. Les démocrates ont actuellement 48 sièges au Sénat, contre 50 pour les républicains. Si les démocrates parviennent à remporter ces deux sièges en Géorgie au second tour le mardi 5 janvier 2021, la situation sera alors de 50-50.
Dans ce cas, le vote de la vice-présidente Kamala Harris, en tant que présidente du Sénat, sera décisif. C’est pourquoi le second tour en Géorgie sera probablement la plus chère des élections sénatoriales jamais organisées. Des centaines de millions de dollars seront dépensés pour seulement deux sièges au Sénat. Actuellement, la différence entre les candidats dans les sondages est inférieure à 0,5 %.
Si la vague bleue se produit tout de même
Si les démocrates obtiennent la majorité au Sénat, il sera encore question de la vague bleue tant redoutée par les investisseurs, qui se seront alors réjouis trop tôt en novembre. La vague bleue n’est pas mauvaise pour l’économie (le plan de relance du gouvernement sera justement beaucoup plus important), mais pour le marché boursier. Avec une majorité démocrate, il sera beaucoup plus facile d’augmenter les impôts. Si rien que les mesures fiscales de Trump sont annulées, cela signifie qu’environ 10 % des bénéfices nets supplémentaires des entreprises reviendront au fisc américain, ce qui n’a pas encore été pris en compte dans les cours de la bourse.
Une autre mesure de Trump était la vaste déréglementation. Avec une majorité républicaine au Sénat, beaucoup de nouvelles lois n’atteindront pas la ligne d’arrivée. À cet égard, Biden est toujours un président ‘canard boiteux’, du moins jusqu’aux élections de mi-mandat du 8 novembre 2022. Si les démocrates obtiennent la majorité le 5 janvier 2021, un raz-de-marée de nouvelles lois déferlera et les plans des démocrates concernant le Green Deal seront alors accélérés. C’est un coup de pouce pour les investisseurs durables, mais au bout du compte, les entreprises ne sont pas favorables à l’augmentation des réglementations, car celles-ci entravent la rentabilité.
Conséquences sur la dette publique
Une majorité démocrate au Congrès signifie également une dette publique américaine encore plus élevée. Sous Trump, républicains et démocrates semblent rivaliser pour l’augmentation la plus rapide de la dette publique américaine, mais les marchés financiers sont convaincus que la dette publique des démocrates gonflera beaucoup plus fortement. En conséquence, les taux d’intérêt pourraient augmenter et le dollar baisser en cas de victoire démocrate le 5 janvier. Cela pourrait entraîner un retard des actions américaines par rapport aux actions du reste du monde l’année prochaine. L’impulsion supplémentaire pour l’économie (mondiale), les taux d’intérêt plus élevés et le dollar plus faible pourraient déclencher une nouvelle rotation du marché actions. Il faut donc s’attendre à un début d’année 2021 volatil.
Il est possible que les sondages en Géorgie ne donnent pas non plus une image correcte et qu’une fois de plus, le courant populiste soit sous-estimé. Dans ce cas, les deux sièges reviendront aux républicains et une incertitude disparaîtra pour le marché boursier. Il faudra alors de nouveau tabler sur une réaction positive des marchés financiers. Cependant, cela signifie que les populistes sont forts et, encore une fois, difficiles à évaluer.
Autre course au coude à coude
La course au coude à coude suivante approche, à savoir celle entre Macron et Le Pen en 2022. La crise du coronavirus, les nombreux attentats terroristes et les Gilets jaunes, temporairement réprimés par le coronavirus, sont autant d’arguments en faveur de Le Pen. La sixième République sera alors une réalité. La question est de savoir si l’euro et l’Union européenne survivront à la présidence de Le Pen.
En attendant, les investisseurs étrangers se montreront prudents à l’égard des actifs européens. Macron pressent déjà l’orage et se déplace vers la droite. Même si les sondages prédisent la victoire de Macron, il y a un risque de courant populiste sous-jacent difficile à évaluer. Les investisseurs étrangers voudront alors attendre les élections. Mais j’anticipe peut-être trop. Focalisons-nous d’abord sur les élections en Géorgie.
Han Dieperink est investisseur et consultant indépendant. Plus tôt dans sa carrière, il a été chief investment officer chez Rabobank et Schretlen & Co. Il fait part de son analyse et de ses commentaires sur les conséquences de la crise du coronavirus pour l’économie et les marchés sur Fondsnieuws. Ses articles paraissent le mardi et le jeudi.