En septembre de l’année dernière, j’avais abordé le sujet du ‘K de Marshall’ sur le site web d’Investment Officer. Il s’agit d’un indicateur qui met en regard la liquidité monétaire (l’offre monétaire émanant des banques centrales, reflétée dans les bilans des banques centrales) et la croissance économique. Si l’offre monétaire augmente plus rapidement que la croissance économique, on obtient un excès de liquidité, ce qui est très bénéfique pour les marchés financiers.
Cela entraîne alors une inflation (autrement dit une augmentation de la valeur) des prix/cours des actions et des obligations. Bien entendu, l’inverse est également possible et offre des perspectives moins réjouissantes. C’était ma crainte à l’époque.
Par souci de simplicité, je me concentre principalement sur l’évolution du bilan des banques centrales. Ainsi, le total du bilan de la banque centrale américaine, la Fed, est passé d’un pic de près de 9000 milliards de dollars à la fin mars 2022 à un peu moins de 8800 milliards de dollars en septembre 2022, pour tomber encore à moins de 8400 milliards de dollars en février 2023. Une telle réduction du bilan ne peut se produire sans chocs externes. De fait, nous avons été confrontés à un choc externe en mars 2023, à savoir les problèmes de la Silicon Valley Bank américaine.
Et comment la Fed a-t-elle résolu ce problème ? Mais oui, en injectant une fois de plus des liquidités financières sur le marché ! Ainsi, le bilan de la Fed est passé de 8340 milliards de dollars à la mi-mars 2023 à 8730 milliards de dollars à la fin mars 2023. L’impact de cette nouvelle vague de création monétaire a été considérable : entre fin mars et fin juillet, le NASDAQ a progressé de plus de 20 % !
Mais depuis cette injection de liquidités en mars, la Fed est revenue en mode contraction et le total du bilan de la Fed est passé de 8730 milliards de dollars à 8140 milliards de dollars la semaine dernière. En théorie, et bien sûr en pratique également, nous devons nous attendre à de nouvelles ‘tempêtes financières’. Personne ne sait si ce sera demain, après-demain ou dans quelques mois.
Entre-temps, la BCE a également sauté dans le ‘train de la contraction’. Le pic du bilan de la BCE se situe à la fin du mois de juillet 2022 et s’élève à 8770 milliards d’euros, contre 7150 milliards d’euros la semaine dernière. Un examen du détail de cette contraction révèle que notamment les LTRO (long term refinancing operations, opérations de refinancement à long terme), c’est-à-dire les prêts accordés à des taux très bas aux banques commerciales de la zone euro, ont enregistré une forte baisse. Une autre composante, incluant les obligations d’État rachetées par la BCE cours de ces dernières années, est restée relativement stable. En d’autres termes, les banques commerciales remboursent une grande partie de leurs prêts à la BCE. Cependant, cet argent doit venir de quelque part, principalement des clients de ces banques qui, à leur tour, remboursent des crédits, en partie ou en totalité. Reste à savoir si cela pourra se faire sans accident.
Chacun est libre d’interpréter mes commentaires comme bon lui semble et d’en faire usage ou non. Pour conclure, j’aimerais également faire référence à un graphique du Franklin Templeton Institute, qui illustre la forte corrélation entre l’évolution du total du bilan de la FED et celle de l’indice S&P au cours de la période 2009-2023 !