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Avec la proposition de nommer Christine Lagarde à la présidence de la Banque centrale européenne, la banque s’engage sur une voie politique. La Française poursuivra une politique ‘super accommodante’ et mettra davantage l’accent sur la fiscalité, estiment les analystes en réaction à la nomination du successeur de Mario Draghi.

Tel est ce qu’attestent les réactions d’analystes et de stratèges via les médias sociaux et les rapports de marché envoyés à l’occasion de la nomination de la directrice du FMI, âgée de 63 ans.

Cette nomination est ‘quelque peu surprenante’, déclare David Lafferty de Natixis, exprimant ainsi la vision de beaucoup. « Seuls quelques-uns avaient prédit qu’elle prendrait la barre, ce qui indique à quel point les négociations pour les fonctions de direction ont dû être complexes. »
La surprise se reflète également dans l’évolution des marchés financiers. Les rendements sur les différentes obligations d’État européennes à dix ans ont atteint des niveaux historiquement bas mercredi. D’après les données de Bloomberg, le taux d’intérêt sur le Bund allemand est encore plus négatif, et celui sur les obligations d’État italiennes descend en dessous de 1,7 %.
Lafferty qualifie Lagarde d’‘animal politique’, d’autres parlent de ‘fiscaliste’ ou de ‘décideur politique’. Lagarde n’est certainement pas une économiste traditionnelle.

Fin de l’indépendance de la BCE

Sous l’effet de la surprise, l’économiste en chef Edin Mujagic d’OHV Vermogensbeheer (Asset Management) en redoute les conséquences. 

« Lagarde en tant que successeur de Draghi signifie la fin de toute indépendance de la BCE », écrivait-il mardi, juste après la parution de la nouvelle, dans un post sur LinkedIn.

« Surtout avec un second qui est passé d’un ministère à la BCE. Une banque centrale plus politique est difficilement concevable. Une très, très mauvaise nomination », déclare Mujagic.

Incidence fiscale

Maya Bhandari de Columbia Threadneedle Investments souligne également la nature politique de la nomination dans un commentaire de marché. 

Selon la gestionnaire de portefeuille, cela suggère que durant sa présidence, l’accent sera davantage mis sur l’harmonisation fiscale et la création d’une union bancaire. D’autres membres de la politique monétaire, comme l’économiste en chef Philip Lane, devraient alors assurer la continuité du cadre de la politique monétaire, estime Bhandari.

Selon Andrew Bosomworth de Pimco, une perspective fiscale signifie une possible poursuite des achats d’actifs sur le marché secondaire. Lagarde a personnellement préconisé une attitude accommodante de la BCE, argumente-t-il. « Le FMI, pour sa part, a demandé que la cible d’inflation soit plus simple et plus symétrique. Il est possible qu’elle se concentre en partie là-dessus. »

Poursuite de la politique d’élargissement

David Lafferty de Natixis compte sur des ‘changements dans la marge’, mais surtout sur la poursuite de la politique ‘super accommodante’ de la BCE.

Avec l’arrivée de Lagarde, d’autres gestionnaires d’actifs comptent également sur une poursuite de la politique d’élargissement pratiquée sous Draghi. « Lagarde est dans le même camp : elle est perçue comme une ‘colombe’ plutôt que comme un ‘faucon’ », explique Andrew Milligan d’Aberdeen Standard Investments. « Les marchés auraient certainement réagi différemment si un nom allemand avait été proposé pour succéder à Draghi. »

Achever le rôle de Draghi

Lafferty de Natixis ajoute qu’avec la faible inflation, la croissance lente et le manque de réformes structurelles, Lagarde n’a pas besoin de rédiger un nouveau scénario sur la politique monétaire. « Elle peut finir le jeu de Draghi. »
Le stratège s’attend à ce que Lagarde accorde plus d’attention à la vente de la politique de la BCE aux pays de la zone euro et aux investisseurs mondiaux. « Dans ce cas, la capacité à naviguer dans la politique européenne vaut probablement plus qu’un doctorat en économie. »
 

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