Les marchés mondiaux s’attendent à une augmentation des bénéfices au cours des 12 prochains mois. Que ce soit aux États-Unis ou sur les marchés émergents, les bénéfices par action attendus sont partout supérieurs aux bénéfices actuels. Mais il n’est pas certain que cela se produise.
Avec l’ISM manufacturier à 47 et celui de la zone euro à 45,5, les taux d’intérêt des banques centrales à leur plus haut niveau depuis des années et une inflation toujours élevée, un ralentissement de la croissance, voire une récession, semble se profiler. Si l’on examine l’indice MSCI World, on constate que les bénéfices par action ont chuté de manière significative lors de chaque ralentissement majeur de la croissance et de chaque récession. Il faut donc être un fervent partisan de la théorie de l’atterrissage forcé pour constater une croissance des bénéfices au cours des 12 prochains mois.
Mais si l’on examine certains de mes principaux «indicateurs de revenus mondiaux», l’optimisme n’est guère de mise. Prenons par exemple les exportations coréennes, un indicateur de l’activité économique mondiale qu’il ne faut pas sous-estimer. Elles sont en baisse depuis des mois. Et comme le montre le graphique ci-dessous, la chute des exportations coréennes laisse présager une baisse d’environ 20 % des bénéfices par action au niveau mondial. D’ailleurs, l’argument selon lequel «il faut comparer le Covid avec le niveau d’il y a deux ans» ne tient pas non plus. Dans ce cas, les exportations ont également fortement chuté.
Les indicateurs de profit sont les «exportations d’électronique» de Singapour. Il s’agit également d’un indicateur de croissance mondiale typique. Le tableau ci-dessous est donc identique. Sur la base de ces chiffres d’exportation, il faut également s’attendre à une forte baisse des bénéfices.
Un autre alors. Ci-dessous, les ventes mondiales de semi-conducteurs par rapport au bénéfice mondial par action. C’est la même chose, même si c’est un peu moins extrême. Les histoires selon lesquelles le marché des semi-conducteurs a atteint son niveau le plus bas sont donc agréables, mais elles ne signifient pas que les bénéfices sont garantis pour autant.
Il faudrait donc que les trois indicateurs susmentionnés soient faux pour que les bénéfices augmentent de toute façon. Je n’exclus rien, mais je ne m’y attends pas.
Jeroen Blokland est le fondateur de True Insights, une plateforme qui fournit des recherches indépendantes pour construire des portefeuilles multi-actifs diversifiés. M. Blokland était jusqu’à présent responsable de la gestion multi-actifs chez Robeco. Son graphique de la semaine paraît tous les jeudis sur Investment Officer.