Jeroen Blokland
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J’ai une certaine aversion pour l’expression « cette fois, c’est différent ». Tout simplement parce que la plupart du temps, ce n’est pas le cas. Mais à en juger par la croissance robuste et continue de l’économie américaine, et plus particulièrement du marché du travail, on a peine à ne pas admettre que cette fois-ci, c’est tout de même un peu différent.

Allocations chômage

Le graphique ci-dessous, qui présente l’évolution de la moyenne des allocations de chômage aux États-Unis sur quatre semaines, illustre parfaitement cette idée. Depuis le dernier trimestre 2022, nous avons observé quatre mouvements qui semblaient indiquer un retournement du marché du travail. Cependant, étant donné que le nombre moyen d’allocations de chômage est maintenant tombé à son plus bas niveau depuis le début de l’année dernière, il est clair qu’il s’agissait à chaque fois d’une fausse alerte.

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Les allocations de chômage ne sont pas le seul indicateur (macroéconomique) suggérant que les choses se passent un peu différemment cette fois-ci. Le principal coupable est la pandémie, et l’arrêt soudain de l’économie ainsi que les perturbations qui en ont découlé. Le revenu disponible sans subventions gouvernementales, l’investissement résidentiel (mon baromètre des « gains ») et le prix du cuivre sont autant d’exemples qui indiquent que la « récession » (pour peu que l’on puisse utiliser ce terme) a en réalité déjà eu lieu. 

Des réjouissances prématurées

C’est précisément le scénario que les marchés boursiers ont massivement adopté : une reprise après une période de croissance ralentie - le PIB américain s’est contracté au premier et au deuxième trimestre 2022, ce que le NBER (National Bureau of Economic Research) n’a pas qualifié de récession - avec la perspective de taux d’intérêt plus bas. 

Je souhaite toutefois rester prudent. Il paraît évident que les mesures de relance extrêmes des banques centrales comme des gouvernements agissent comme un puissant analgésique face au relèvement massif des taux d’intérêt auquel nous avons assisté. Reste à savoir si cet effet perdurera suffisamment longtemps pour nous épargner d’autres douleurs. Historiquement, il a fallu en moyenne deux ans environ pour que les hausses des taux d’intérêt impactent le marché du travail. Techniquement, nous n’en sommes pas encore là, puisque la Fed a relevé ses taux pour la première fois en mars 2021.

Cependant, l’avantage est que la Fed et d’autres banques centrales sont déjà sur le point de procéder à leurs premières baisses de taux. Ainsi, lorsque l’économie ralentit, les banques centrales peuvent intervenir rapidement. Le fait que, ce faisant, elles s’attaquent également au problème de la viabilité de la dette constitue bien entendu avantage appréciable. Cela signifie qu’un scénario de flambée soudaine des prix des actifs ne doit certainement pas être sous-estimé. Cependant, je ne sais pas si cela justifie pleinement le sentiment actuel sur les marchés boursiers. 

Jeroen Blokland est le fondateur de True Insightsune plateforme qui fournit des recherches indépendantes permettant de composer des portefeuilles multi-actifs diversifiés. Il était précédemment Head of multi-assets chez Robeco. Son graphique de la semaine est publié chaque lundi sur Investment Officer.

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