Aujourd’hui, il est pratiquement impossible de ne pas aborder le sujet de l’or ou du Bitcoin - pour moi, ces deux actifs présentent des similitudes dans ce qu’ils offrent aux investisseurs. Je m’y attèle donc également. Ce qui me frappe le plus, c’est l’extrême divergence qui est apparue dans une corrélation traditionnellement très forte.
Historiquement, une corrélation particulièrement forte a toujours été observée entre le taux d’intérêt réel et le prix de l’or. Plus le taux d’intérêt réel est élevé, plus le prix de l’or tend à être bas. Un taux d’intérêt réel élevé signifie que les coûts d’opportunité d’un actif ne générant pas de flux de trésorerie deviennent plus élevés. En outre, si l’on exclut les chocs inflationnistes, les taux d’intérêt réels sont souvent associés à une croissance économique plus élevée, ce qui profite généralement aux investissements à risque tels que les actions et les obligations à haut rendement.
Cependant, le graphique ci-dessous indique que cette année, la corrélation entre les deux s’est considérablement affaiblie. Les taux d’intérêt réels ont atteint leur niveau le plus élevé depuis des années, tandis que l’or a récemment affiché un nouveau record historique.
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Chaque fois que j’évoque la perturbation, temporaire ou non, de cette corrélation historique, j’entends de plus en plus souvent la même réponse. Étant donné que la quasi-totalité des investisseurs ne pensent qu’à la fin du cycle de resserrement de la Fed et aux baisses de taux d’intérêt attendues dès le mois de mars 2024, il est désormais plus pertinent d’examiner la corrélation entre le cours de l’or et le taux d’intérêt implicite de la Fed, dérivé des contrats à terme sur les fonds fédéraux.
Comme j’aime m’inspirer des réflexions des autres (s’accrocher trop longtemps à ses propres croyances est une terrible stratégie d’investissement), j’ai également élaboré un graphique du prix de l’or et du taux d’intérêt qui peut être dérivé des contrats à terme sur les fonds fédéraux pour décembre 2024.
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Il faut une certaine dose d’imagination pour prétendre que les contrats à terme sur les fonds fédéraux jouent actuellement un rôle plus pertinent dans l’évolution du prix de l’or que le taux d’intérêt réel.
Reste donc à comprendre l’origine de cette divergence. Permettez-moi de préciser tout d’abord que je ne considère pas que cette corrélation, qui fut robuste pendant des décennies, ait définitivement pris fin. Je table plutôt sur une divergence temporaire, après quoi elle se manifestera de nouveau de manière de plus en plus frappante.
Mais en observant l’intérêt croissant des investisseurs pour l’or ces dernières années, l’incertitude grandissante concernant notre système financier et en particulier la montagne de dettes qui s’y est accumulée et, enfin, l’obstination des banques centrales à continuer d’acheter de l’or, il semble qu’un rééquilibrage soit en cours à un niveau élevé du portefeuille, réduisant l’asymétrie entre actifs nominaux et actifs réels.
Jeroen Blokland est le fondateur de True Insights, une plateforme qui fournit des recherches indépendantes permettant de composer des portefeuilles multi-actifs diversifiés. Il était précédemment Head of multi-assets chez Robeco. Son graphique de la semaine est publié chaque lundi sur Investment Officer.