Un taux hypothécaire exorbitant et les prix astronomiques de l’immobilier ont rendu l’achat d’une maison presque impossible pour l’Américain moyen. L’activité immobilière est donc en déclin, ce qui, à son tour, freine la croissance.
Le taux hypothécaire à 30 ans américain a beau avoir quelque peu baissé, il reste proche de son niveau le plus élevé en plus de 23 ans. Malgré cela, les prix de l’immobilier ont atteint, après un bref fléchissement, des niveaux records. C’est peut-être une bonne nouvelle pour qui possède une maison mais, du point de vue économique, c’est une combinaison des plus défavorables.
Le graphique ci-dessous montre l’évolution de l’indice américain de l’abordabilité des prix, qui a atteint son plus bas niveau jamais enregistré. Compte tenu de la combinaison susnommée (taux hypothécaire et prix), cela n’a bien évidemment rien de surprenant. C’est la pénurie constante de logements disponibles qui empêche les prix de diminuer, et la hausse du taux rend l’achat d’une maison extrêmement cher.
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C’est en partie à cause de cette pénurie que l’activité baisse sur le marché immobilier et, ce secteur comptant parmi les plus importants, cette baisse va avoir de néfastes répercussions sur le plan économique. À titre d’exemple, les ventes de logements existants sont retombées, au mois d’octobre, à 3,79 millions par an, soit le chiffre le plus bas depuis 2010.
Il me paraît prématuré de conclure qu’à présent que les taux d’intérêt ont un peu baissé, le marché immobilier américain est tiré d’affaire, surtout en ce qui concerne l’impact sur la croissance du PIB.
Du reste, le marché des bureaux ne se porte guère mieux. S’il ne connaît pas de pénurie, la demande a tout simplement subi une baisse structurelle après la pandémie de Covid. Le taux d’inoccupation dans les grandes villes américaines se rapproche des 20 %, et la quantité d’entrepreneurs se retrouvant avec des surfaces entièrement vides qu’ils ont su négocier avec 40 % de remise est en nette augmentation.
Dans un environnement au sein duquel, là encore, pour la première fois depuis bien longtemps, les retards de paiement sur les emprunts sur carte de crédit, les emprunts automobiles et hypothécaires augmentent - un phénomène dicté par le fait que l’on semble finalement voir le bout de cette montagne apparemment infinie d’épargne excédentaire –, le nombre de moteurs potentiels de croissance se réduit à vue d’œil.
Aussi, bien que les chances d’un atterrissage en douceur ne soient pas nulles, il me semble que nous ne devrions toujours pas sous-estimer la possibilité d’une récession (tardive) aux États-Unis. Après le dernier rebond initié par les décisions de Jerome Powell sur les marchés boursiers, ce scénario ne semble cependant pas tout à fait intégré.
Jeroen Blokland est le fondateur de True Insights, une plateforme qui fournit des recherches indépendantes permettant de composer des portefeuilles multi-actifs diversifiés. Il était précédemment Head of multi-assets chez Robeco. Son graphique de la semaine est publié chaque lundi sur Investment Officer.